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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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comme les hommes. Être jalouse à en mourir de l’épouse de son père était l’autre poison qui la rongeait. Ne pouvant s’en prendre à moi, elle s’en prenait à Talha. Elle était convaincue que je l’avais injustement favorisé auprès de mon époux. Si seulement elle acceptait de m’écouter, j’aurais pu la convaincre de son erreur. Mais jamais elle ne se serait abaissée à m’accorder de l’importance.
    — On n’attrape pas un tigre par la queue quand il ne pense qu’à vous dévorer, dit Barrayara. Laisse agir ton époux. Il sait ce que valent les humeurs de sa fille.
     
    Après cette dispute, le secret était éventé. Désormais, les mauvaises langues de Madina savaient que Zayd allait affronter les Mekkois.
    Barrayara se mit à rire :
    — Ne t’inquiète pas. Abu Bakr a envoyé des madrés répandre des sornettes aux quatre coins de la ville. Ils racontent que les guerriers d’Allah partent faire un mauvais coup à Mekka. S’en prendre à la Ka’bâ. On pourrait croire qu’Allah, bénie soit Sa clairvoyance, nous a envoyé la colère de Fatima pour tromper les hypocrites et les malfaisants.

3.
    Cette nuit-là, ainsi qu’il me l’avait promis, Muhammad me réveilla. Il ne se soucia plus que de me plaire.
    L’attente commença dès l’aube. Ceux qui connaissaient la vérité sur la mission de Zayd ne s’en ouvrirent qu’à Dieu, dans leurs prières et par leurs voeux. Une vingtaine de jours s’écoulèrent. À peine une lune. Le mois de djoumâda n’était pas achevé quand les sentinelles de l’oasis accoururent, annonçant le retour de Zayd et de Talha.
    Et quel retour !
    La caravane entière de Mekka était là, soixante chameaux chargés de richesses. Pas un blessé, pas un mort.
    Allah avait conduit Zayd et sa troupe droit sur leur proie. Ils avaient pris la précaution de suivre la caravane convoitée pendant deux journées, pour étudier le comportement des Mekkois. De leur côté, Talha et ses hommes étaient partis en reconnaissance à l’avant du chemin afin de repérer un emplacement qui rendrait l’attaque imparable. Ils l’avaient trouvé dans un défilé que les Bédouins appelaient Qarada. C’était une sorte de nasse enserrée de pentes de basalte noir comme la nuit. Elle s’ouvrait sur le désert après le franchissement chaotique d’un oued sec et ne laissait aucune possibilité de retraite.
    — C’est à peine si nous avons eu à nous battre ! s’exclama Zayd, rayonnant de fierté. La terreur d’Allah est tombée sur les Mekkois dès que nous avons invoqué Son nom. Abu Sofyan a été le premier à fouetter sa chamelle pour fuir dans l’oued, où les bêtes bâtées ne pouvaient le suivre. Les lames du Tout-Puissant, il les connaît. Il en a tâté. L’idée d’en retrouver le goût ne lui donna que l’appétit de la lâcheté.
    Le guide choisi par les Mekkois pour traverser le désert s’appelait Forât ibn Hayyan. Depuis longtemps, il avait entendu parler des Croyants d’Allah. Devant la fuite d’Abu Sofyan et des puissants de Mekka, le rire l’avait secoué si fort qu’il en avait été immobilisé sur place. Aussitôt la caravane capturée, il s’était mis au service de Zayd avec joie.
    — C’est lui qui nous a menés jusqu’ici, par des routes rapides et sûres que nous ne connaissions pas, mais qui pourront nous être précieuses plus tard. Nous y avons gagné au moins trois journées.
    Dans les jours qui suivirent, Zayd raconta l’affaire dix fois tant il était heureux. Talha, lui, avait eu si peur de revenir à Madina sans avoir combattu qu’il avait poursuivi quelques Mekkois en fuite jusqu’à en contraindre deux au duel à l’épée.
    — Deux contre moi. C’était bien le moins que je pouvais affronter pour me divertir. Autrement, à quoi aurais-je été utile dans cette affaire ? plaisantait-il en levant le menton.
    Il avait su les vaincre sans trop les blesser afin d’en faire des prisonniers dignes de rançon. C’étaient des fils des bonnes familles de Mekka. Pour les retrouver, les pères et les oncles ne sauraient être avares.
    Plus tard, Muhammad confia que Tamîn avait obtenu plus de cent mille dirhams des marchandises de Mekka. Sans compter les précieux bijoux revenus aux guerriers de l’expédition. Parmi les plus beaux se trouvait une coiffe de pierres polies, lapis, calcédoines, rubis et agates tressés de fils d’or. Elle provenait du pays de Saba. Zayd et Talha la déposèrent dans les

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