Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
droite, un peu en avant, en ta qualité d'héritier du trône; l'époux, Alexandre d'…pire, sera à sa gauche. Vous vous di~igerez ensemble vers le thé‚tre, que voici.
~ Les invités et les délégations étrangères auront pris place d~s les premières lueurs de l'aube, et assisté à des spectacles et des scènes jouées par des acteurs célèbres venus tout exprès d'Athènes, de Sicyone, de Corinthe, dont Thessalos, que, me dit-on, tu admires entre tous. "
Alexandre lissa son manteau blanc sur ses épaules et échan gea un regard rapide avec son oncle. Tous deux précédaient de peu Philippe, accompagné
par sa garde et vêtu d'une tunique
rouge bordée d'or, à motifs d'ovules et de petites palmes, et d'un manteau blanc fort riche, son sceptre d'ivoire à la main droite et sa couronne de feuilles de chêne sur la tête. Sa silhouette rappelait la figurine qu'Eumène avait montrée au prince sur la maquette, dans la salle d'armes.
Les cordonniers royaux lui avaient confectionné une paire de cothurnes dignes d'un acteur tragique, que l'ourlet de sa robe dissimulait, et dont l'épaisseur--différente selon le pied--corrigeait son allure claudicante et augmentait consi dérablement sa taille.
Posté sur un pylône en bois qu'on avait dressé sur le côté le plus haut des gradins, Eumène coordonnait l'imposant cor tège en agitant des petits drapeaux de couleur.
Il regarda à sa droite le grand hémicycle incroyablement bondé, puis, au fond de la voie d'accès, la tête de la procession: les merveilleuses statues des dieux, exécutées par les plus grands artistes, portant de véritables robes et de véritables couronnes d'or, et flanquées de leurs animaux sacrés--l'aigle de Zeus, la chouette d'Athéna, le paon d'Héra--, reproduits avec un tel réalisme qu'ils semblaient prêts à
s'envoler.
Derrière venaient les prêtres, enroulés dans leurs bandelettes sacrées, leurs encensoirs à la main, puis un choeur de beaux jeunes gens nus, pareils à de petits amours, qui chantaient des hymnes nuptiaux en s'accompagnant à la fl˚te et aux timbales.
Au fond, le souverain, précédé de son fils et de son jeune gendre, et pour finir les sept gardes du corps royaux en tenue de parade.
Au signal d'Eumène, les sonneurs de trompe embouchèrent leurs instruments, et la procession s'ébranla.
C'était un spectacle superbe, que le soleil et la journée, extraordinairement limpide, rendaient encore plus grandiose. La tête de la procession pénétra dans l'hémicycle, et les sta tues des dieux parcoururent, l'une après l'autre, le demi-cercle de l'orchestre, avant d'être installées devant l'avant-scène.
Au moment o˘ elle s'engageait sous la vo˚te d'entrée, la pro cession disparaissait à la vue d'Eumène, avant de resurgir un peu plus tard à
l'intérieur du thé‚tre, en plein soleil.
Ainsi s'évanouirent à ses yeux les prêtres, qui défilaient dans un nuage d'encens, puis les jeunes gens, qui dansaient et chan taient leurs hymnes d'amour pour la mariée. Eumène les vit réapparaître de l'autre côté de l'arc, parmi les exclamations d'émerveillement du public.
Et voilà que passaient maintenant Alexandre de Macédoine et Alexandre d'…
pire, et que le roi s'approchait. Comme prévu, une fois devant l'arc, le souverain ordonna à son escorte de reculer, car il ne voulait pas se présenter aux Grecs entouré de ses gardes du corps, comme un tyran.
Eumène vit resurgir les deux jeunes hommes sous un tonnerre d'applaudissements, tandis qu'il perdait de vue le roi, désormais dans l'ombre. Du coin de l'oeil, il aperçut les gardes du corps qui se retiraient. Distraitement, il leur lança un regard qui se fit bientôt plus attentif: il en manquait un !
A cet instant précis, Philippe quittait l'ombre de l'arc pour la lumière du thé‚tre. Devinant ce qui allait arriver, Eumène se mit à hurler à
pleins~poumons, mais il ne parvint pas à cou vrir le vacarme des acclamations. Tout se déroula très rapide ment: le garde du corps manquant bondit soudain en bran dissant une courte dague, qu'il enfonça jusqu'à la garde dans le corps du souverain. Puis il prit aussitôt la fuite.
A la consternation qui se peignit sur les visages, Alexandre cor~rit qu'un terrible événement venait de se produire. Il se retourna et vit le teint de son père adopter brusquement la p‚leur des masques en ivoire des dieux. Il le vit chanceler et poser la main sur son manteau, qui s'imbibait de sang à la
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