Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
coucher, il donna un dernier coup d'oeil à l'extérieur, et vit que la lumière br˚lait à deux endroits: sous la tente d'Alexandre, et sous celle de Parménion, loin de là.
remplissait du pépiement des moineaux et du sifflemen des merles. Des volées de colombes sauvages s'élevaient de bois voisins au fur et à mesure que le bruit cadencé de 1 marche et le tintement des armes les arrachaient à leur tor peur noctume.
La Phrvgie s'étendait devant les yeux d'Alexandre, avec se paysages de collines aux manteaux de sapins et ses vallées étroites parcourues par des torrents limpides, le long desquels se dressaient des rangées de peupliers argentés et de saules aux feuilles luisantes. Les troupeaux quittaient leurs p‚tu rages, conduits par leurs bergers et surveillés par des chiens.
La vie semblait s'écouler tranquillement, comme si le son menaçant de l'armée en marche se confondait parfaitement avec le bêlement des agneaux et le mugissement des jeunes boeufs.
Des détachements d'éclaireurs camouflés, dépourvus d'in signes et d'ammure, marchaient à droite et à gauche de l'armée dans les vallées parallèles. Ils étaient chargés d'éloigner d'éventuels espions. Mais c'était une précaution inutile: les bergers ou les paysans pouvaient fort bien cacher des agents ennemis.
A l'extrémité de la colonne marchait Callisthène, escorté par une demi-douzaine de cavaliers thessaliens. Il était égale ment accompagné de Philotas, et d'une mule portant deux sacoches remplies de rouleaux de papyrus. Pendant les pauses, l'historien posait un tabouret sur le sol, s'emparait dune tablette de bois et d'un rouleau, et se mettait à écrire sous l'oeil curieux des soldats.
La rumeur selon laquelle ce jeune homme osseux à l'air pédant allait relater l'histoire de l'expédition s'était vite répan due, et chacun espérait au fond de son coeur qu'il serait tôt ou tard immortalisé sur ces pages. Personne, en revanche ne s'intéressait aux comptes rendus quotidiens que rédigeaient dans un style sec Eumène et les autres officiers, chargés de tenir le joumal de marche et de déterminer la succession des étapes.
Ils firent une halte pour déjeuner en milieu de joumée, puix s'arrêtèrent de nouveau à l'abri d'une colline basse, aux alen~ tours du Granique, pour attendre que le soir tombe.
Avant que le soleil se couche, le roi convoqua le conseil de guerre sous sa tente et exposa son plan de bataille à ses offi ciers. Il y avait là
Cratère, qui était à la tête d'un détachement de la cavalerie lourde, Pamménion, qui commandait la pha lange des pézétairoÔ, et Cleitos le Noir.
Tous les compagnons d'Alexandre qui composaient sa garde personnelle et servaient dans la cavalerie étaient également présents: Ptolémée, Lysimaque, Séleucos, Héphestion, Léonnatos, Perdiccas, ainsi qu'Eumène, qui continuait de se présenter aux réunions en tenue militaire--cuirasse, jambières et ceinturon. Il parais sait v avoir pris go˚t.
" Dès que l'obscurité se fera, commença le roi, un détache ment d'assaut de l'infanterie légère, accompagné~d'auxiliaires, franchira le fleuve et s'approchera le plus près possible du camp perse afin de le surveiller. Un soldat reviendra immé diatement nous informer de sa position. Si les barbares bou geaient pendant la nuit, d'autres éclaireurs devraient nous le rapporter sans tarder.
" Pour notre part, nous n'allumerons pas de feux. Demain matin, les commandants de bataillon et les chefs d'escouade donneront le signal du réveil sans faire sonner les trompettes, juste avant que ne finisse le quatrième tour de ronde. Si la voie est libre, la cavalerie franchira le fleuve la première, elle se rangera sur l'autre rive et se mettra en marche dès que l'in fanterie l'aura rejointe.
" Ce sera le moment crucial de la joumée, observa-t-il en balayant l'assistance du regard. Si mes calculs sont justes, les Perses seront encore sous leurs tentes à cette heure-là, ou presque. Après avoir évalué la distance nous séparant du front ennemi~ nous lancerons l'attaque par une charge de cavalerie qui sèmera la confusion dans les rangs barbares. Aussitôt après~ la phalange s'élancera pour l'assaut décisif. Les auxi liaires et les subdivisions d'attaque feront le reste.
--qui conduira la cavalerie? demanda Parménion qui avait écouté en silence le discours du roi.
- Moi, répondit Alexandre.
-- Je te le déconseille, sire. C'est trop dangereux.
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