Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
aussi.
--Surveillez-vous sa demeure de Zéléia ?
--Il n'y a plus que ses domestiques.
--Continuez vos recherches. C'est notre adversaire le plus redoutable et le plus dangereux.
-- Nous ferons tout ce que nous pourrons, répon
:Eur~ene avant de se remettre en marche avec le convoi des madbines.
Attends ! rappela Alexandre. Me voici. que se passe-t-il ?
--Tu as bien dit qu'Apelle était ici ?
-- Oui, mais...
--J'ai changé d'avis. O˘ se trouve-t-il ?
--Au campement naval. Je lui ai fait préparer une tente et un bain.
--Tu as eu raison. A plus tard.
--Mais que... "
Eumène n'eut pas le temps de terminer sa phrase Alexandre galopait déjà
en direction du campement naval.
Apelle était vexé: personne ne lui prêtait attention, per sonne, ou presque, parmi ces rustres, ne reconnaissait en lui le plus grand peintre de son époque. En revanche, tout le monde commentait les apparitions de Campaspé, qui se bai gnait toute nue dans la mer ou se promenait vêtue d'un chiton militaire qui lui couvrait tout juste le pubis.
Son visage s'éclaira quand il vit Alexandre sauter à terre et venir vers lui en écartant les bras: " Grand maître ! Bienvenue dans mon pauvre campement, mais tu n'aurais pas d˚... Je t'aurais rejoint le plus rapidement possible. J'étais impatient d'admirer le fruit de ton génie. "
Apelle inclina légèrement la tête. " Je ne voulais pas te déranger au milieu de cette entreprise poliorcétique, mais il ' ~ me tardait de te montrer mon travail.
--O˘ est-il? demanda Alexandre sincèrement impatient.
-- Ici, sous la tente. Viens. "
Apelle avait ordonné qu'on lui monte une tente blanche afin que la lumière y soit égale et qu'elle n'altère pas les couleurs du tableau.
L'artiste précéda le roi et attendit un instant. Le tableau était dissimulé derrière un petit rideau, dont un domestique tenait le cordon.
Campaspé les avait rejoints et s'était placée aux côtés d'Alexandre.
Sur un signe d'Apelle, le domestique écarta le rideau.
~'3~ Bouche bée, Alexandre contempla le tableau, frappé par 398 ~LEX~NDRELEGRAN~ 51\BLE5D'AMI:DN 399
sa formidable puissance évocatrice. Les détails qui lJavaient fasciné à
l'état d'ébauche, l'amenant à croire que le peintre aurait pu s'arrêter là, avaient à présent pris corps et ‚me. Ils étaient empreints de l'éclat de la vie, et leur surface semblait vibrer.
La représentation de Bucéphale, notamment, dégageait une telle puissance que l'animal paraissait surgir dans l'espace réel et le disputer au spectateur. Le cavalier était également extra ordinaire, il différait de l'image que Lysippe en donnait d'ha bitude à travers ses sculptures. Les innombrables nuances des couleurs avaient pemmis au peintre d'atteindre à
un réalisme déconcertant, plus efficace que le bronze, mais presque désa cralisant.
Le visage du roi reflétait l'impatience et la fougue du conquérant, la noblesse du grand souverain. Sés cheveux étaient collés sur ses tempes par la sueur en boucles désor données, ses yeux exorbités par la volonté de maîtriser la situation, son front plissé et presque douloureusement mar qué, les muscles de son cou en relief, ses veines enflées par la fureur du combat. Ce tableau montrait un homme--certes dans toute sa grandeur, mais au coeur de l'effort--et non un dieu, comme dans les portraits de Lysippe.
Apelle guettait avec inquiétude les réactions du roi, redou tant un de ses légendaires éclats de colère. Mais Alexandre le serra dans ses bras. "
C'est merveilleux ! Je peux me voir dans la fureur du combat ! Comment astu fait ? J'étais assis devant toi sur un cheval de bois, et Bucéphale sortait de son écurie. Comment as-tu pu...
--J'ai parlé à tes hommes, sire, aux compagnons qui com battent à tes côtés, à ceux qui te connaissent bien. Et j'ai parlé à.!.. (il baissa la tête de confusion)... Campaspé. "
Alexandre se touma vers la jeune femme, qui le regardait avec un petit sourire chargé de sous-entendus. " Voudrais-tu avoir la gentillesse de nous laisser seuls un instant ? ", lui demanda-t-il.
Campaspé sembla surprise et presque vexée par cette requête, mais elle obéit sans discuter. Dès qu'elle fut sortie, Alexandre commença: " Te souviens-tu du jour o˘ j'ai posé pour toi, à …phèse ?
I
--Oui, répondit Apelle sans comprendre o˘ le roi voulait en venir.
--Campaspé a fait allusion, ce jour-là, à un tableau dans lequel tu 1
avais représentée sous les
Weitere Kostenlose Bücher