Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
traits d'Aphrodite et que tu avais effectué
pour... Mais tu lui as intimé de se taire au moment o˘ elle s'apprêtait à
révéler le nom de ton client.
--. Rien ne t'échappe.
-- Les souverains sont comme les artistes: ils doivent dominer la scène et ne peuvent s'autoriser aucune distraction. Au moment o˘ leur attention faiblit, ce sont des hommes morts.
--C'est exact, admit Apelle avant de lui lancer un regard timide en se préparant à passer un mauvais moment.
qui t'a commandé ce tableau ?
--Vois-tu, sire, je ne pouvais imaginer que...
--Tu n'as pas à t'excuser. Les artistes se rendent là o˘ on les appelle.
Et il est juste qu'il en soit ainsi. Parle librement, tu n'as rien à craindre, je te le jure.
--Memnon. C'était Memnon.
--Pour une raison que j'ignore, je me l'étais imaginé. qui d'autre, dans cette région, aurait pu se permettre de comman der un tableau de ce genre au grand Apelle ?
--Mais je t'assure que je ne... "
Alexandre l'interrompit. " Je t'ai dit que tu n'as aucune explication à
me foumir. Je voudrais seulement te demander un service.
--Ce que tu souhaites, sire.
--As-tu vu son visage ?
--Bien s˚r.
--Alors, fais son portrait. Nous ignorons ce à quoi il res semble et nous avons besoin de le reconnaître pour le cas o˘ nous tomberions nez à nez avec lui, tu comprends ?
--Je comprends, sire.
--Alors, vas-y.
--Maintenant?
--Maintenant. "
~ pelle s'empara d'une tablette blanchie à la céruse et d'un sain Puis il se mit au travail.
Barsine sauta à terre et, en compagnie de ses enfants, se dirigea vers une maison faiblement éclairée par une lanterne qu'on av~ait allumée sous le portique. Elle pénétra dans l'en trée et y-trouva son époux, debout, soutenu par une canne
" Mon bien-aimé ! s'écria-t-elle en venant se blottir dans ses bras. Je n'ai pas vécu en ton absence.
--Père ! " s'exclamèrent ses fils.
Memnon les étreignit, vaincu par l'émotion.
" Venez, venez ! J'ai fait préparer le dîner. Nous devons fêter nos retrouvailles ! "
Le thé‚tre de cette scene se situait dans une propriété au~ environs de Milet et d'Halicarnasse, que le satrape de Carie avait mise à leur disposition.
Les tables avaient été dressées à la grecque. On avait installé des lits de repas et rempli un cratère de vin de Chypre. Mem non invita son épouse et ses enfants à prendre place près de lui, et il s'allongea à son tour sur une couche.
" Comment te portes-tu ? demanda Barsine.
--Très bien, je suis pratiquement guéri. Le médecin m'a conseillé
d'économiser ma jambe blessée, ce qui explique pourquoi je me sers d'une canne, mais je pourrais m'en passer.
--Ta blessure est-elle toujours aussi douloureuse ~
--Non, le remède du médecin égyptien a fait des mer veilles: elle s'est cicatrisée en quelques jours. Mais je vous en prie, mangez. "
Le cuisinier grec servait du pain frais, du fromage et des oeufs de canard bouillis, tandis que son aide versait dans les gamelles une soupe de fèves, de pois chiches et de petits pois.
" que va-t-il se passer, maintenant ? demanda Barsine.
--Je vous ai appelés ici parce que j'ai des nouvelles très importantes à
vous apprendre. Le Grand Roi m'a nommé commandant en chef de la région anatolienne en vertu d'un décret personnel. Cela m'autorise à donner des ordres a~lx trapes, à enrôler des hommes et à disposer de moyens consi rables. "
Les deux garçons le contemplaient avec fascination et leurs ~ux brillaient de fierté.
" Tu vas donc reprendre les opérations de guerre, com enta Barsine avec moins d'enthousiasme.
--Oui, au plus vite. A ce propos..., poursuivit-il, les yeux és sur sa coupe comme s'il observait la couleur du vin u'elle contenait.
--qu'y a-t-il, Memnon ?
--Il faut que vous quittiez cette région. Nous allons y livrer un combat sans merci, et personne n'y sera plus en sécurité. " Barsine secouait la tête d'un air incrédule. " Tu dois comprendre... C'est aussi la volonté du Grand Roi. Vous par tirez pour Suse et vous vivrez à la cour, o˘ vous serez respectés et entourés d'égards.
--Le Grand Roi a-t-il l'intention de faire de nous des otages ? --Non, je ne crois pas. Mais il demeure que je ne suis pas perse. Je suis un mercenaire, une épée vendue.
--Je ne t'abandonnerai pas.
--Nous non plus ", ajoutèrent les enfants.
Memnon soupira. " Nous n'avons pas le choix. Vous par tirez demain. Un char vous conduira à Célènes. Vous serez ensuite en sécurité. Vous vous
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