Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
~ FILS DU SONG~ 61
Une fois devant le trone, Arsamès s'inclina devant le couple royal, puis il s'effaça pour laisser avancer les dignitaires, qui remirent au couple des présents: une ceinture en mailles d'or piquée d'aigues-marines et d'oeils-de-tigre pour la reine, une cuirasse indienne sculptée dans une carapace de tortue pour le roi.
Philippe ordonna au maître de cérémonie de présenter les cadeaux qu'il avait choisis pour l'empereur et l'impératrice. Il s'agissait d'un casque scythe en feuilles d'or et d'un collier chypriote en polypes de corail ench
‚ssés dans de l'argent.
Au temme de cette cérémonie solennelle, les Perses furent invités à
passer dans la salle des audiences et à s'asseoir sur de confortables divans, afin de discuter du protocole d'entente qui était à l'ordre du jour. Alexandre aussi y fut admis, car Philippe voulait qu'il commence à
mesurer les responsabilités échéant à un homme de gouvemement, ainsi que la façon de gérer les relations avec une puissance étrangère.
La négociation portait sur le protectorat que Philippe vou lait établir sur les villes grecques d'Asie, tout en reconnaissant fommellement la souveraineté du Grand Roi dans cette région. Les Perses étaient, quant à
eux, préoccupés par l'avancée du souverain macédonien dans la zone des Détroits, région clef, charnière entre deux continents et entre trois grandes régions: l'Asie Mineure, l'Asie intérieure et l'Europe.
Philippe tenta d'exposer ses raisons en évitant d'alammer ses interlocuteurs: " Je n'ai aucun intérêt à troubler la paix dans la zone des Détroits. Mon seul but est de consolider l'hégémo nie macédonienne entre le golfe Adriatique et la rive occiden tale de la mer Noire, ce qui constituera, sans aucun doute, un facteur de stabilité dans cette région, voie de circulation et de commerce vitale pour tous. "
Il s'interrompit afin de laisser à l'interprète le temps de tra duire, et en profita pour scruter le visage de ses hôtes au fur et à mesure que ses mots étaient prononcés en perse.
Le visage d'Arsamès ne trahit aucune émotion. Il se touma vers Philippe et affirma, en plantant ses yeux dans les siens, comme si la traduction ne lui était pas nécessaire: " Le Grand Roi souhaite résoudre le problème de tes relations avec les Grecs d'Asie et certains dynastes grecs de la rive orientale de la mer …gée. Nous avons toujours favorisé leur autonomie et incité les Grecs, qui sont nos amis, à gouvemer leurs villes. C'est, à
notre avis, une solution sage, qui respecte leurs tradi tions et leur dignité, et sauvegarde les intérêts de tous. ~élas..., reprit-il quand l'interprète eut temminé, nous parlons d'une région frontalière qui a toujours fait l'objet de désac cords, sinon d'‚pres querelles ou de guerres ouvertes. "
Le Perse pénétrait peu à peu dans le vif du sujet en touchant des points douloureux. Désireux de détendre l'atmosphère, Philippe invita alors le maître de cérémonie à faire entrer de magnifiques jeunes gens, fort peu vêtus, qui servirent des g‚teaux et du vin épicé auquel on avait ajouté de la neige du mont Bemmion, conservée dans des jarres de la cave royale.
Les coupes d'argent étaient couvertes d'un givre léger qui donnait au métal une sorte de patine opaque et transmettait, au regard d'abord, puis à
la main, une agréable sensation de fraîcheur. Le roi attendit que les étrangers fussent servis avant de reprendre la parole.
" Je vois bien à quoi tu fais allusion, illustre invité. Je sais que des guerres sanguinaires ont opposé dans le passé les Grecs et les Perses sans qu'une solution définitive n'ait été trou vée. Mais je voudrais te rappeler que mon pays et ses souve rains, mes ancêtres, ont toujours joué un rôle de médiateur, et je te prie donc de rapporter au Grand Roi que notre amitié
avec
les villes grecques d'Asie n'est dictée que par la conscience de nos origines et de notre religion communes, ainsi que par les anciens liens d'hospitalité et de parenté qui nous unissent... "
Arsamès écoutait, sans se départir de son expression de sphinx, à
laquelle ses yeux bistrés apportaient une étrange fixité de statue. quant à
Alexandre, il observait tantôt l'invité étranger, tantôt son père, essayant de comprendre ce que les deux hommes dissimulaient derrière le paravent de leurs dis cours conventionnels.
" Je ne nie pas, poursuivit Philippe au bout d'un moment, que
Weitere Kostenlose Bücher