Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
il le refusa d'un geste.
L'eunuque secoua la tête et échangea un regard perplexe avec le responsable de la garde-robe.
" Je ne porte pas de pantalon, expliqua le roi. Donnez-moi mon chiton.
--Mais, mon seigneur... ", hasarda le responsable de la garde-robe, qui trouvait cette décision absurde puis qu'Alexandre avait déjà erifilé des sous-vêtements.
--Je ne porte pas de pantalon ", répéta le souverain sur un ton catégorique.
L'homme ne comprenait pas le grec, mais il saisit, à son ton et à son geste, la teneur des paroles d'Alexandre. Les servantes retinrent à grand-peine un petit rire. L'eunuque et le respon sable de la garde-robe royale se consultèrent du regard avant d'envoyer un domestique prendre le chiton grec, dont ils habillèrent le roi. Après quoi, ils ne surent comment pour suivre le cérémonial. Remarquant leur embarras, le bel eunuque ordonna à
une servante de lui apporter la kandYS, la tunique royale aux larges manches plissées, et la présenta au souverain. Celui-ci l'examina et finit par l'enfiler à contre~ur lors les domestiques drapèrent son front et son cou dans un
ile, dont les plis retombèrent avec élégance sur ses épaules. D'autres serviteurs l'aspergèrent de parfum. Puis le jeune unuque vint avec un miroir et lui dit dans un grec parfait: Tu es merveilleux, mon seigneur. "
Surpris par la façon dont il s'exprimait, Alexandre lui
~emanda: " Comment t'appelles-tu ?
-- Je me nomme Bagoas. Je servais la personne du roi ~arius et j'étais son favori. Personne ne savait lui procurer utant de plaisir que moi. Si tu le désires, je t'appartiendrai. " prononça ces paroles avec une telle langueur et une telle nsualité que le roi en fut impressionné. Il s'abstint de lui pondre et contempla plutôt son reflet sur cette feuille d'ar ~ent polie. Ce qu'il vit le combla. Tandis qu'il s'apprêtait à ~joindre Stateira, il entendit des pas résonner dans le couloir reconnut le bruit des chaussures cloutées que portaient les ~acédoniens. C'est alors que surgit le Noir, armé de pied en ap, et visiblement alarmé. Il s'exclama, avant même d'entrer: Sire, des nouvelles importantes en provenance de... " Mais il
'interrompit à la vue d'Alexandre ec éclata de rire. " Par Zeus ! l ais qui sont ces gens ? Toutes ces femmes et toutes ces I ouilles-sèches ! Et puis... comment es-tu accoutré ? "
Vexé, Alexandre lui répondit sèchement: " Tais-toi ! Tais-toi mmédiatement ! Je te rappelle que je suis le roi.
k --Le roi ? continua le Noir. quel roi ? Je ne te reconnais plus, tu as l'air...
--Un mot de plus, et je te fais arrêter. Nous verrons alors si tu as encore envie de rire. "
Le Noir baissa la tête.
I " que voulais-tu me dire ?
--Nous avons appris que Bessos se trouve en Bactriane, o˘
~I s'est proclamé Grand Roi sous le nom d'Artaxerxès IV.
--C'esttout?
~ --On a aperçu les renforts venant de Macédoine sur la route d'Ectabane. Il y a environ sept mille hommes, ainsi que es pages. Ils arriveront avant la tombée du soir.
J --Bien. Je les recevrai ce soir même, au coucher du soleil.
répare l'armée. "
Le Noir sortit en se mordant les lèvres. Un peu plus tard, le 822 ALEXANDRELEGRAN~ | ~ SCON~NSDU MONDE 823
bruit se répandit dans le camp qu'Alexandre s'habillait comme un Perse, qu'il s'entourait d'eunuques et de femmes.
" Tu plaisantes ? s'exclama Philotas en apprenant la nou velle. Mon père se voilerait les yeux s il le voyait. C est honteux
--OU1, c'est vraiment honteux, répliqua Cratère. Ne nous a-t-il pas reproché, à Persépolis, d'agir comme ceux que nous avions vaincu ?
--Je n'y trouve rien d'étrange, intervint Héphestion. En Egypte, Alexandre a revêtu les habits du pharaon, vous l'ave~ bien vu. Pourquoi ne devrait-il pas s'habiller comme le Grand Roi, en Perse ? Il a épousé sa fille et a hérité de son royaume.
--Tu l'approuves toujours, quoi qu'il fasse et quoi qu'il dise, rétorqua Philotas. Mais le roi Philippe aurait été horrifié de voir une chose pareille et...
--«a suffit! l'interrompit Héphestion. Il est le roi et il a le droit de faire ce qu'il veut. Vous devriez avoir honte, tous tant que vous êtes, et toi aussi le Noir, d'en faire une telle his toire. N'avez-vous pas accepté
les faveurs qu'il vous a accor dées ? N'avez-vous pas pris les tentes d'or perses qu'il vous a données ? Toi, Philotas, tu étais heureux d'être nommé
com mandant en chef de toute la cavalerie, non ? Et vous criez maintenant au scandale
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