Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
ont-ils prise ? demanda-t-il au courrier
--Celle-ci, répondit l'homme en indiquant une piste qui conduisait au désert.
--C'est par là que nous irons nous aussi, décida le com mandant macédonien. Après nous être reposés quelques heures. Il est inutile que nous passions par la capitale. "
Ils se remirent en route avant que le soleil se lève, traver sèrent à gué
un torrent, puis s'approchèrent d'un défilé bordé par des bouquets d'acacias et de tamaris: l'endroit idéal pour une embuscade. Soudain, Cratère vit venir vers lui CoÔnos, le commandant du second escadron des hétaÔroÔ. " Regarde ", dit celui-ci le doigt pointé vers le ciel.
" quoi ? l'interrogea Cratère en portant la main à son front.
--Des charognards ", répondit l'officier d'un air sombre.
Le spectacle qui s'offrait à leurs yeux était effrayant: des centaines de soldats macédoniens gisaient sur le sol, mortel lement frappés. Les cadavres étaient horriblement mutilés: la E~lupart d'entre eux avaient été
décapités ou scalpés. On en retrouva d'autres empalés, d'autres encore attachés à des arbres o˘ ils avaient été atrocement torturés. Les comman dants, deux officiers de la vieille garde, des amis de Cleitos le Noir, avaient été crucifiés.
" que faisons-nous ? demanda tristement CoÔnos.
-- Rassemble toute la cavalerie: nous allons les pour suivre.
L'infanterie nous emboîtera le pas. "
CoÔnos fit sonner le rassemblement et ordonna aux cava liers de traverser au pas les lieux du massacre, dans un silence de mort. Il voulut que les soldats voient ce que l'ennemi avait infligé à leurs camarades, il voulut qu'ils soient envahis par une furieuse soif de vengeance avant de se jeter à la poursuite des rebelles.
Bientôt, le défilé s'élargit en un plateau de steppes et de val lonnements. Alors, Cratère donna l'ordre aux soldats de for mer cinq rangs de six cents hommes. Puis il s'écria: " Je ne m'arrêterai pas tant que je ne les aurai pas capturés et taillés en pièces. Suivez-moi, hommes, et rappelez-vous ce qu'ils ont fait à vos camarades ! "
Les traces de l'ennemi étaient fraîches et bien visibles, aussi les escadrons n'eurent-ils pas à rompre les rangs. Ils s'élan cèrent dans un nuage de poussière, traversèrent une cuvette dont ils gravirent la pente, derrière laquelle se cachait une autre dépression. CoÔnos et Cratère en atteignirent le sommet
parmi les premiers, ils virent que la cavalerie ennemie avan çait au pas, une distance de trois stades, ignorante du danger.
" Ce sont eux ! s'écria Cratère. Trompettes, sonnez la charge ! Hommes, ne vous arrêtez pas ! Exterminez-les, mas sacrez-les jusqu'au dernier t Allez ! Allez ! "
Le signal d'attaque résonna plusieurs fois, et la cavalerie dévala la pente aussi vite qu'une avalanche. La terre trembla l'air fut déchiré par le cri de bronze des trompettes, par les hurlements furieux de l'assaut.
Surpris, Spitaménès ordonna à son armée de Bactriens et de Scythes massagètes de faire face à l'ennemi, mais cette manoeuvre fut bloquée par l'arrivée des Macédoniens qui fondaient sur eux, lances tendues. Des centaines de soldats tombèrent au premier assaut, trans percés, projetés au sol, piétinés par les chevaux. Le centre fut
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bouleversé-et enfoncé, les ailes opposèrent une certaine résis tance et effectuèrent plusieurs manoeuvres de diversion, mais Cratère ne tomba pas dans le piège. Il rappela ses hommes, en recomposa les rangs et les guida une nouvelle fois dans une attaque frontale et massive. En moins d'une heure, les troupes restantes de Spitaménès furent balayées et anéanties. Le satrape parvint à grand-peine à s'enfuir dans le désert avec une centaine de Scythes massagètes.
Cratère rebroussa chemin pour rendre les honneurs funèbres aux soldats qui étaient tombés, mais il appela d'abord CoÔnos. " Sais-tu qui nous avons affronté ? lui demanda-t-il.
--Des Scythes.
-- Des Massagètes. La tribu qui battit et tua Cyrus le Grand il y a trois cents ans. Sème la terreur parmi eux, fais en sorte qu'ils n'osent plus nous attaquer... jamais plus. Tu m'as compris ?
--Oui, répondit CoÔnos. Donne-moi toutes les balistes dont tu disposes, ainsi qu'un détachement d'Agrianes. "
Cratère acquiesça, puis il ramena ses hétatroÔ sur les lieux du massacre, o˘ l'infanterie venait d'arriver. Les soldats dépo saient leurs armes et ramassaient les
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