Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
observa un moment de silence, comme s'il écou tait les bruits de la nuit qui s'échappaient de la forêt voisine et Callisthène lui versa un peu de vin.
" que feras-tu lorsque tu auras terminé ton travail à Miéza ? interrogea-t-il après avoir trempé ses lèvres dans le breuvage.
--JE pense que je rejoindrai mon oncle à Stagire, mais j'ai merais-aussi suivre la guerre de près.
-- Tu pourrais venir avec moi au cas o˘ mon père me demanderait de l'accompagner.
--J'en serais heureux ", répliqua Callisthène; il était facile de comprendre qu'il s'attendait à une telle proposition, qui comblait aussi bien son ambition que celle d'Alexandre.
" Alors, viens à Pella dès que tu en auras terminé ici. "
Callisthène accepta avec enthousiasme cette invitation. Ils se quittèrent tard dans la nuit, après avoir longuement discuté de sujets philosophiques.
Le lendemain, le jeune homme remit à son invité les deux ouvrages d'Aristote qu'il lui avait promis, accompagnés l'un et l'autre d'une lettre autographe du philosophe.
Alexandre regagna le palais trois jours plus tard, dans la soirée, à
temps pour participer au conseil de guerre réuni par son père. Il y avait là les généraux Antipatros, Parménion et Cleitos le Noir, ainsi que les commandants des principales unités de la phalange et de la cavalerie.
Alexandre était pré sent en qualité de commandant de la Pointe.
Sur le mur du fond de la salle du conseil s'étalait une carte de la Grèce, que Philippe avait fait exécuter quelques années plus tôt par un géographe de Smyrne. Le souverain s'en servit
pour illustrer la façon dont il entendait procéder.
" Je ne veux pas attaquer immédiatement Amphissa, affirma-t-il. La Grèce centrale est un territoire dangereux o˘ il est facile de se laisser enfermer dans des vallées étroites, de se voir ôter brusquement toute liberté de manoeuvre et d'être écrasé par l'ennemi. Nous devrons donc nous emparer d'abord des clés de cette région, à savoir Chithinion et …latée.
Nous déciderons plus tard de la suite des événements.
" Nos troupes ont déjà entamé leur marche d'approche en Thessalie; Parménion et moi les rejoindrons rapidement puisque nous partirons demain.
Antipatros prendra la tête des subdivisions restant en Macédoine. "
Alexandre attendait avec impatience que le roi commu nique la t‚che qu'il lui avait réservée dans ces opérations, mais il fut déçu.
1 ~X ALEXANDRE LE GRAND | LE FILS DU SONGE 139
" Je laisserai à mon fils le sceau des Argéades afin qu'il me représente en mon absence. Chacun de ses actes aura valeur de décret royal. "
Le jeune homme feignit de se lever, mais son père le fou droya du regard.
C'est alors qu'entra Eumène, portant le sceau. Il le remit à Alexandre, qui le passa à son doigt à contre coeur en disant: " Je suis reconnaissant au roi de l'honneur qu'il me fait et j'essaierai d'être à la hauteur de cette t‚che. "
Philippe se tourna ensuite vers son secrétaire: " Lis aux commandants la lettre que j'ai fait envoyer au nouveau roi des Perses. Je veux qu'ils sachent qu'un de mes hommes pourrait gagner rapidement l'Asie afin de nous préparer la route. "
Eumène lut le texte d'une voix claire et solennelle
" Si la réponse est celle que j'imagine, reprit le roi, Parménion pourrait partir pour les Détroits et nous assurer la possession de la rive orientale en prévision de notre invasion de l'Asie, tandis que nous nous emploierons à montrer défini tivement aux Grecs qu'il ne peut y avoir qu'une seule ligue panhellénique: celle que je conduirai moi-même. C'est tout ce que j'avais à vous dire; vous pouvez donc retourner à vos occupations. "
Alexandre attendit que tout le monde f˚t sorti pour s'entre tenir en tête à tête avec son père.
" Pourquoi me laisses-tu à Pella ? Si je dois commander la Pointe, c'est sur le champ de bataille, et non à la parade. Antipatros est capable de régler les affaires du gouvernement en ton absence.~
--J'ai longuement réfléchi avant de prendre cette décision, et je n'ai pas l'intention de revenir sur mon choix. Le gouver nement du pays est une entreprise plus difficile et peut-être plus importante que la guerre. J'ai de nombreux ennemis Alexandre, non seulement à Athènes et à Thèbes, mais aussi à Pella et en Macédoine, sans parler de la Perse. Je veux pouvoir partir et me battre au loin en sachant que la situation est calme, qu'elle repose dans des mains fiables.
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