Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
péplum sur ses chevilles. Perdiccas soupira.
" Tu sais bien que je ne peux rien te refuser. Voilà ce que nous allons faire. Pour l'instant, installe-toi dans la charrette. quand nous nous serons un peu éloignés et que nous ne croiserons plus personne, tu pourras monter à cheval. Un de mes gardes prendra ta place. Il ne sera pas trop mal en compagnie de tes servantes.
--Magnifique ! ", exulta la jeune fille.
Ils se mirent en route alors que le soleil apparaissait der rière le mont Rhodope. Ils s'engagèrent sur la voie qui condui sait au nord, vers Europos: le temple d'Artémisia se dressait à mi-chemin, sur un isthme qui séparait deux lacs jumeaux. Un lieu d'une immense beauté.
Dès qu'ils furent hors de vue, Cléop‚tre ordonna à l'escorte de s'arrêter. Elle ôta son péplum sous les regards perplexes des soldats et s'empara du cheval d'un des gardes, qu'elle fit monter dans la voiture.
Puis tous se remirent en route accompagnés par les petits cris des servantes.
" Tu vois ? observa Cléop‚tre. De cette façon, c'est plus amu sant pour tout le monde. "
Perdiccas acquiesça en essayant de fixer son regard devant lui, mais ses yeux revenaient inexorablement se poser sur les jambes nues de la princesse et sur le mouvement ondoyant de ses hanches, qui lui procurait une sorte de vertige.
" Je regrette de t'avoir posé autant de problèmes, s'excusa la jeune fille.
-- Aucun problème, répliqua Perdiccas. Au contraire... C'est moi qui ai réclamé cette charge.
--Vraiment? ", demanda Cléop‚tre en le regardant à la dérobée.
Perdiccas confirma, de plus en plus gêné.
" Je t'en suis reconnaissante. Moi aussii, je suis heureuse que tu m'accompagnes. Je sais que tu es très courageux. "
Le coeur du jeune homme se mit à battre la chamade. Il essaya toutefois de se donner une contenance: il se savait observé par ses hommes.
quand le soleil eut atteint le zénith, la petite troupe s'arrêta pour déjeuner à l'ombre d'un arbre. Perdiccas pria Cléop‚tre de se changer et de réintégrer la charrette: le sanctuaire n'était plus loin.
" Tu as raison ", admit la jeune fille. Elle fit sortir le garde et enfila son péplum de cérémonie.
Ils atteignirent le temple dans l'après-midi. Cléop‚tre y entra, suivie par ses servantes portant la corbeille; elle s'avança vers la statue d'Artémisia, une belle et ancienne sculpture de bois peint, au pied de laquelle elle déposa ses jouets--poupées, amphores et coupes en miniature.
Puis elle l'invoqua: " Vierge divine, voilà, j'abandonne à tes pieds les souvenirs de mon enfance, et je te prie de m'excuser si je n'ai pas la force ou la volonté de garder, comme toi, ma virginité. Sois heureuse, je t'en supplie, de ces présents, et ne m'envie pas si je souhaite jouir des plaisirs de l'amour. " Elle remit
une généreuse offrande aux prêtres du sanctuaire et quitta celui-ci.
Ces lieux étaient d'une incroyable beauté: le petit temple, ~entouré de buissons de roses, se dressait sur un pré très vert et se réfléchissait dans l'eau de deux lacs jumeaux qui s'ouvraient, à droite et à gauche, comme deux yeux reflétant le ciel.
Perdiccas s'approcha. " Je t'ai fait préparer un logement -pour la nuit dans l'hôtellerie du sanctuaire.
-- Et toi ?
--Je veillerai sur ton sommeil, ma maîtresse. "
La jeune fille baissa la tête. " Toute la nuit ?
--Bien s˚r. Toute la nuit. Je suis responsable de... "
Cléop‚tre leva les yeux et sourit. " Je sais que tu es très 1~ ALEXANDRE LE GRAND | LE FILlS Du SONGE 133
robuste, Perdiccas, mais je regrette que tu restes éveillé toute la nuit.
Je pensais que...
-- que pensais-tu, ma maîtresse ? demanda le jeune homme avec une inquiétude croissante.
--que... si jamais tu t'ennuyais... tu pourrais monter chez moi pour bavarder un peu.
--Oh, ce serait un grand plaisir et un honneur...
--Alors, je laisserai la porte ouverte. "
Elle sourit encore en clignant de l'oeil et courut rejoindre ses servantes, qui jouaient à la balle sur la pelouse parrni les roses en fleur.
Peu après le retour d'Alexandre à Pella, le conseil du sanc tuaire de Delphes demanda à Philippe de défendre les droits du temple d'Apollon contre la ville d'Amphissa, dont les habitants cultivaient abusivement des terres appartenant au dieu. Alors que le souverain s'apprêtait à évaluer le véritable objectif de cette guerre sacrée, il reçut d'Asie des nouvelles importantes.
Un de ses espions, un Grec de Cilicie
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