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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Noir, les douze bataillons de la phalange, alignés sur cinq rangs, formaient un mur de lances démesurées, une forêt impénétrable de pointes ferrées, échelonnées sur une ligne oblique. A gauche, la cava
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    lerie des hétairoÔ, qui se terminait par la Pointe, l'escadron d'Alexandre.
    " J'attaquerai le premier, dit Philippe, ainsi j'occuperai les Athéniens.
    Puis je commencerai à reculer. S'ils me suivent, toi, Parménion, tu introduiras un bataillon de la phalange dans la brèche pour diviser en deux moitiés les forces ennemies, puis tu lanceras les six autres bataillons. Le Noir t'emboîtera le pas avec le reste de l'armée.
    " Ce sera alors à toi, Alexandre: tu enverras la cavalerie sur la droite thébaine et tu lanceras la Pointe contre le bataillon sacré. Tu sais ce qu'il te restera à faire, si tu parviens à passer ?
    --Je le sais fort bien, père: la phalange est l'enclume, et la cavalerie le marteau. "
    Philippe le serra contre sa poitrine et, un instant, se revit accomplir le même geste dans la chambre de la reine, plongée dans la pénombre, alors qu'Alexandre venait de naître. Il lui dit: " Fais attention, mon fils. Dans la bataille, les coups arrivent de tous côtés.
    --Je serai vigilant, papa ", répondit Alexandre.
    Il sauta sur Bucéphale et rejoignit son détachement en longeant les bataillons, prêts à combattre. Philippe le suivit longuement du regard, puis il se tourna vers son aide de camp et dit: " Mon bouclier.
    --Mais, sire. . .
    --Mon bouclier ! ", répéta-t-il sur un ton péremptoire.
    L'aide de camp l'aida à enfiler le long de son bras l'écu royal le seul à
    porter une étoile argéade d'or pur.
    C'est alors qu'un son de trompes s'échappa du sommet des collines.
    Aussitôt, le vent poussa dans la plaine une musique chorale de fl˚tes, rythmée par le roulement des tambours qui accompagnaient les guerriers en marche. Le mouvement du front, qui descendait, reflétait la lumière du soleil en mille éclats de feu, et le pas lourd des fantassins, couverts de fer, se répercutait dans la vallée en un écho sinistre.
    Dans la plaine, la phalange était immobile et silencieuse- à l'extrême droite, les chevaux soufflaient et agitaient la tête en faisant tinter leurs mors de bronze.
    La Pointe était déjà alignée en formation en coin, et Alexandre prit position devant tout le monde, en qualité de
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    premier cavalier, les yeux rivés sur l'aile droite des rangs enne mis, l'invincible bataillon sacré. Inquiet, Bucéphale raclait le sol, soufflait et se fouettait les flancs de sa queue.
    Un cavalier rejoignit Philippe, qui s'apprêtait à donner le signal d'attaque. " Sire, cria-t-il en sautant à terre. Démo sthène combat en première ligne avec l'infanterie lourde d'Athènes.
    " Je ne veux pas qu'il soit tué, ordonna le roi. Fais passer le mot dans les rangs. "
    Il se retourna pour contempler ses " écuyers ": il vit des visages ruisselants de sueur sous les visières des casques, des yeux braqués sur l'éclat des armes ennemies, des membres contractés dans l'attente nerveuse de l'attaque. Le moment o˘ chacun d'eux regardait la mort en face, le moment o˘ le désir de vivre l'emportait sur tout le reste, était arrivé. Il fallait maintenant qu'il les libère de l'étau de l'angoisse et qu'il les lance à l'assaut.
    Philippe brandit son épée, poussa le cri de guerre, et ses hommes le suivirent en hurlant comme une horde de bêtes sauvages, refoulant la peur à l'intérieur de leur poitrine, impa tients de se jeter dans la mêlée, dans la fureur du combat, et oublieux de tout, même d'eux-mêmes.
    Ils avancèrent en courant tandis que les offlciers leur criaient de ne pas se h‚ter, de ne pas désorganiser les rangs, de se présenter unis face à
    l'ennemi.
    Le choc allait bientôt se produire. Les Athéniens conti nuaient de descendre au pas, épaule contre épaule, bouclier contre bouclier, lances tendues vers l'avant, poussés par le son perçant et incessant des fl˚tes, par le roulement obsédant des tambours, criant à chaque pas: Alalalài !
    Alors le fracas de l'impact explosa comme un tonnerre de bronze dans toute la vallée, heurta le flanc des montagnes, transperça le ciel, accompagné par le cri de vingt mille guer riers entraînés par la fureur de la mêlée.
    Reconnaissable à son étoile d'or, Philippe se battait en pre mière ligne avec une fougue irrépressible, assenant des coups de

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