Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
pas, mais il était facile de comprendre que les paroles d'Alexandre s'étaient frayé un chemin dans son esprit.
" Il y a dehors un officier athénien qui demande à te parler, ajouta-t-il.
--Pas maintenant ! rugit Philippe.
--Il dit qu'il se laissera mourir si tu ne le reçois pas.
--Très bien ! Cela en fera un de moins.
--~ Comme tu veux. Alors c'est moi qui m'en occuperai. "
En sortant, il ordonna à deux " écuyers " de conduire l'homme sous sa tente et d'appeler un chirurgien. Les soldats s'exécutèrent et l'Athénien fut installé sur un lit de camp, déshabillé et lavé.
Peu après, l'un des hommes réapparut. " Alexandre, les chi rurgiens sont tous occupés à soigner nos soldats, ils essaient de sauver les blessés les plus graves. Mais si tu l'ordonnes, ils viendront.
--~Peu importe, répliqua le prince. Je m'en occupe moi même. Apportez-moi des instruments, une aiguille et du fil, faites filtrer de l'eau et procurez-moi des bandages propres. "
Les hommes, et surtout le patient, lui lancèrent un regard étonné.
" Il faudra que tu te contentes de moi, dit-il à l'officier blessé. Je ne peux pas troquer la mort d'un soldat macédonien contre le salut d'un ennemi. "
C'est alors que Callisthène pénétra sous la tente. Il vit Alexandre se ceindre d'un tablier et se laver les mains.
" qu'est-ce que...
--Cela aussi doit rester entre nous, ce qui ne t'empêche pas de m'aider.
Tu as suivi, comme moi, les leçons d'anatomie d'Aristote. Désinfecte la blessure avec du vin et du vinaigre, puis enfile l'aiguille pour moi: j'ai de la sueur dans les yeux. ~>
Callisthène se mit au travail avec une certaine habileté, et le rince put examiner la blessure. " Passe-moi les ciseaux, elle ~est tout abîmée.
--Les voici.
-- Comment t'appelles-tu ? demanda Alexandre au pri sonnier.
--Démade. "
Callisthène écarquilla les yeux. " C'est le célèbre orateur >x,
~murmura-t-il à l'oreille de son ami, qui ne parut guère ému . ~par cette révélation.
.~ Démade grimaça lorsque son chirurgien improvisé coupa dans la chair vive. Alexandre se fit ensuite donner une aiguille et du fil. Il passa l'aiguille sur la flamme de la lanterne et com
` ;mença à coudre, tandis que Callisthène maintenait serrées les ilèvres de la blessure.
" Parle-moi de Démosthène, interrogea le prince.
--C'est... un patriote, répondit Démade entre ses dents, mais nous avons des opinions différentes.
~; --C'est-à-dire ? Mets ton doigt ici ", ajouta-t-il à l'adresse ~de son assistant.
Callisthène posa le doigt sur le fil qu'il fallait nouer.
--C'est-à-dire que..., expliqua le blessé en retenant son souffle, c'est-
à-dire que j'étais opposé à son idée d'entrer en
. guerre aux côtés des Thébains, je l'ai dénoncée publique ment. "
Il libéra un profond soupir dès qu'Alexandre eut terminé.
" C'est vrai, murmura Callisthène. J'ai gardé certains de ses vieux discours.
--J'ai fini, dit le prince. Nous pouvons le panser. " Puis, à l'adresse de Callisthène: " Demain, montre-le à un médecin. Si la plaie enflait ou suppurait, il faudrait la drainer, et je pré fère qu'un véritable chirurgien s'en charge.
--Comment puisje te remercier? demanda Démade en se redressant sur le lit de camp.
; -- Remercie mon maître, Aristote, qui m'a également ~ ~appris cet art.
Mais il semble que vous autres Athéniens n'ayez
| pas fait grand-chose pour le retenir...
i --C'est un problème qui relève de l'Académie, la cité n'a
®~ rien à voir là-dedans.
--…coute, l'assemblée de l'armée peut-elle délibérer sur place et t'attribuer une charge politique ?
--En théorie, oui. Il y a probablement plus de citoyens en mesure de voter ici qu'à Athènes, en ce moment.
--Alors, va leur parler, et arrange-toi pour qu ils te chargent de négocier avec le roi les conditions de la paix.
--Tu es sérieux? questionna Démade d'un air stupéfait, tout en se rhabillant.
--Tu peux prendre un vêtement propre dans mon coffre. Pour le reste, je parlerai à mon père. Callisthène te trouvera un logement.
--Merci, je... ~>, eut-il tout juste le temps de balbutier.
Alexandre était déjà sorti.
quand il se glissa sous la tente de son père, Philippe était en train de dîner en compagnie de Parménion, du Noir et d'autres commandants de bataillons.
" Tu manges quelque chose avec nous ? lui demanda le sou verain. Nous avons des perdrix grises.
--Oui, il y en a des milliers, expliqua Parménion. Elles
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