Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
bouclier et d'épée. Il était flanqué de deux gigantesques Thraces, armés de haches à double tranchant. Leurs cheve lures rousses et hirsutes, leurs corps poilus, les tatouages qui couvraient leur visage, leurs bras et leur poitrine, leur don naient un aspect véritablement effrayant.
Le front athénien s'avança en plusieurs vagues sous la fureur de l'assaut, tandis qu'un son aussi aigu et pénétrant que le cri d'un faucon les encourageait à aller de l'avant. Plus forte que la musique désespérée des fl˚tes et des tambours, la voix de Démosthène criait: " Athéniens, courage ! Pour votre liberté, pour vos femmes et pour vos enfants !
Repoussez le tyran ! "
L'affrontement se fit de plus en plus violent; de nombreux soldats tombaient dans les deux camps, mais Philippe avait ordonné que personne ne s'arrête pour dépouiller les cadavres avant que la bataille ne soit gagnée.
De part et d'autre, les armées cherchaient la brèche qui leur permettrait de percer et de blesser d'éclaircir les rangs par le fer.
Des giciées de sang éclaboussaient à présent les boucliers des fantassins du premier rang et ruisselaient abondamment sur le sol déjà glissant et encombré de corps agonisants. Dès qu'un homme tombait, l'un de ses compagnons surgissait de la deuxième ligne pour le remplacer.
Soudain, sur un signe de Philippe, la trompe lança un appel et les deux bataillons d'" écuyers " commencèrent à se retirer, laissant sur le terrain leurs morts et leurs blessés. Ils cédaient lentement, dissimulés derrière leurs boucliers, répondant coup pour coup, de la lance et de l'épée.
Voyant que leurs ennemis reculaient, les Athéniens redou blèrent d'efforts, s'excitant les uns les autres par des cris, tandis que les fantassins de deuxième et troisième ligne pous saient leurs camarades à
l'aide de leurs écus.
Exécutant l'ordre que Philippe avait donné avant d'attaquer, les "
écuyers " reculèrent en direction d'un éperon rocheux qui se dressait à
cent pas sur leur gauche, puis ils se retournèrent et prirent la fuite.
Entraînés par la fureur du combat, ivres de cris, de sang et du fracas des armes, enthousiasmés par la victoire qu'ils croyaient déjà à leur portée, les Athéniens se précipitèrent à la
poursuite de leurs ennemis afin de les anéantir. Au lieu de les inciter à
ne pas quitter leurs rangs, leur commandant, Stratocle, leur criait de traquer leurs adversaires jusqu'en Macédoine.
D'autres trompes résonnèrent sur la gauche et un énorme tambour, suspendu entre deux chars, fit retentir un gronde ment de tonnerre dans la vaste plaine. Au signal de Par ménion, les douze bataillons de la phalange s'ébranlèrent d'un
~ pas cadencé, déployés sur une ligne oblique.
I Alors les Thébains se lancèrent eux aussi à l'attaque, en rangs compacts, brandissant leurs lourdes lances de frêne.
Mais bien vite, le premier bataillon macédonien fit une incursion entre le front athénien, à présent disloqué par la poursuite des " écuyers ", et le flanc gauche de la formation thébaine.
Philippe abandonna à son ordonnance son écu, bosselé et couvert de sang, bondit à cheval et rejoignit Parménion. Le général observait d'un air inquiet le bataillon sacré qui avan çai~t au pas, apparemment indifférent à
ce qui se passait, hérissé de pointes ferrées, inexorable.
Au centre, le premier bataillon macédonien, qui avait pris un peu d'altitude, abordait déjà la première dénivellation, quand un détachement d'infanterie thébaine se précipita pour combler la brèche; les pézétairoi abattirent leurs piques et les balayèrent dans le choc frontal sans même en venir au corps à corps. Puis ils continuèrent en suivant de leur pas le gron
dement assourdissant de l'immense tambour qui les guidait dans la plaine.
D'autres guerriers venaient derrière en ligne oblique. Les trois premiers rangs abaissaient leurs sarisses pendant que les fantassins de l'arrière-garde levaient les leurs en les faisant ondoyer au pas cadencé comme des épis dans le vent. Le tin tement menaçant des armes qui se heurtaient dans la lourde marche des guerriers sonnait comme un présage angoissant, comme un son de mort, aux oreilles de l'ennemi qui descen dait de l'autre côté.
a Maintenant ! ", ordonna le roi à son général. Et Parménion lança un signal à Alexandre de son écu brillant--trois éclairs --pour entraîner la charge de la cavalerie et ébranler la Pointe.
Le
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