Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
guerriers.
Finalement, on signa aussi la paix avec eux. Mais ils durent accepter la présence d'une garnison macédonienne sur l'acro pole et dissoudre la ligue béotienne pour pouvoir entrer dans l'alliance panhellénique de Philippe.
Alexandre fut accueilli à Athènes comme un invité de marque et traité
avec tous les honneurs. En signe de gratitude pour la mission charitable qu'il avait accomplie et pour la façon dont il s'était comporté envers les prisonniers, le conseil de la cité décréta qu'on érigerait sa statue sur la place. Le prince dut donc poser pour Protogène, bien qu'il e˚t jadis affirmé que seul Lysippe le représenterait.
LEILS DU SONGE 169
~ Démosthène, toujours très apprécié de ses concitoyens en d~it de la défaite, avait été envoyé à Calaurie, une petite île en face de la ville de Trézene, afin d'éviter des rencontres qui eussent été embarrassantes pour les deux parties en cause.
Le comprenant, Alexandre s'abstint sagement de s'enquérir de l orateur.
Dès qu'il eut mis un terme à ses engagements of fi ciels, il voulut visiter l'Acropole, dont Aristote lui avait narré les merveilles tout en lui montrant des reproductions de ses monuments.
Il y monta un matin, après une nuit orageuse, et fut ébloui par la splendeur des couleurs, par l'incroyable beauté des statues et des fresques. Le Parthénon trônait au milieu d'une vaste esplanade, couronné
par un immense tympan o˘ l'on pouvait admirer le groupe sculptural de Phidias qui représen tait la naissance d'Athéna, sortant du front de Zeus.
Les sta tues étaient colossales et leur attitude suivait la pente du toit: au centre se trouvaient les personnages principaux, en pied; puis, au fur et à mesure qu'on s'éloignait vers l'extérieur, les statues étaient représentées à genoux ou couchées.
Elles étaient toutes peintes de couleurs vives et décorées de pièces métalliques en bronze ou en or.
A côté du sanctuaire, à gauche de l'escalier d'entrée, se dres sait une statue en bronze de la déesse arrnée brandissant une lance à la pointe d'or, exécutée par Phidias: c'était la première chose que les marins athéniens voyaient scintiller lorsqu'ils revenaient au port après un voyage en mer.
Mais il lui tardait de découvrir la gigantesque statue du culte, à
l'intérieur du temple, elle aussi conçue par le génie de Phidias.
D'un pas léger et respectueux, Alexandre pénétra dans ce lieu sacré, demeure de la divinité, et vit le colosse d'or et d'ivoire qu'il avait tant entendu célébrer depuis son enfance.
L'atmosphère qui régnait dans la cella était imprégnée des parfums que les prêtres ne cessaient de br˚ler en l'honneur de la déesse; le lieu était plongé dans la pénombre, si bien que l'or et l'ivoire dont la statue était composée produisaient des reflets magiques au fond de la double rangée de colonnes qui soutenait le toit. ~
Les arrnes et le péplum qui tombait jusqu'aux pieds de la déesse, son casque, sa lance et son bouclier étaient d'or~pur; son visage, ses bras et ses pieds étaient, en revanche, en ivoire, matériau qui imitait la couleur de la peau. Des yeux de nàcre et de turquoise reproduisaient le regard vert de la divinité.
Le casque était doté de trois cimiers en crins de cheval teintés de rouge, celui du centre soutenu par un sphinx, les deux autres par deux pégases. La déesse tenait dans sa main droite une image de la victoire ailée de la taille d'un homme, lui expliqua-t-on, ce qui signifiait que la statue mesurait au moins trente-cinq pieds.
Alexandre contempla cette splendeur, fasciné; il restait son geur devant la gloire et la puissance de la cité qui l'avait créée, devant la grandeur des hommes qui avaient b‚ti des thé‚tres et des sanctuaires, fondu des bronzes et sculpté des marbres, peint des fresques d'une beauté ravissante.
Il songeait à l'au dace des marins qui avaient eu pendant de si longues années le contrôle incontesté de la mer, aux philosophes qui avaient clamé
leur vérité le long de ces splendides portiques, aux poètes qui avaient représenté leurs tragédies devant des mil liers de spectateurs émus.
Il se sentit envahir par l'admiration et l'émotion, rougissant de honte à
la pensée de la silhouette boiteuse de Philippe, dan sant de manière obscène sur les morts de Chéronée.
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Alexandre visita le thé‚tre de Dionysos sur les flancs de l'Acropole, ainsi que les b‚timents et monuments de
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