Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
quittent le lac CopaÔs et viennent picorer le long du fleuve pendant la journée. "
Alexandre s'empara d'un tabouret et s'assit.
Le roi s'était calmé, il paraissait de bonne humeur.
" Alors, comment t'a semblé mon garçon, Parménion ? dit il en posant sa main sur l'épaule de son fils.
--Magnifique, Philippe: il a mené la charge mieux qu'un vétéran des hétairoÔ.
--Ton fils Philotas a également combattu avec beaucoup de courage, généralr observa Alexandre.
--qu'as-tu fait du prisonnier athénien ? interrogea le sou verain.
--Tu sais de qui il s'agit ? De Démade. "
Philippe bondit sur ses pieds. " Tu en es s˚r ?
--Demande à Callisthène.
-- Par les dieux, envoie aussitôt un chirurgien auprès de lui ! Cet homme s'est toujours exprimé en faveur de notre politique.
--Je l'ai déjà recousu; sinon il serait mort d'hémorragie à l'heure qu'il est. Je lui ai accordé une certaine liberté de -mouvement dans le campement. Je crois qu'il t'exposera demain des propositions relatives au traité de paix. Si j'ai bien ~compris, tu ne veux pas d'une guerre contre Athènes.
! --Non. Et puis, pour vaincre une ville maritime, il faut être soi-même maître de la mer, et nous ne le sommes pas. J'en ai fait l'expérience à mes dépens à Périnthe et à Byzance. S'il a des propositions à me faire, je l'écouterai, et je lui communi querai les miennes. Mange cette viande, elle va refroidir. )>
A Athènes les survivants de Chéronée répandirent le déses .poir. quand ils relatèrent la défaite et rapportèrent le nombre de morts et de prisonniers qui avaient décimé leurs rangs, la -ville résonna de plaintes.
Certains cédèrent à l'angoisse, ne sachant si leurs êtres chers étaient morts ou vivants.
-, Par la suite, la terreur l'emporta. On rappela sous les drapeaux tous les hommes jusqu'à soixante-dix ans, et l'on promit la liberté aux esclaves qui se battraient dans les rangs de l'armée.
- Démosthène, encore faible et blessé, exhorta son peuple à .résister et proposa de mettre à l'abri des murailles la popula~ tion rurale de l'Attique, mais tout cela se révéla inutile.
quelques jours plus tard se présenta un courrier de Philippe, qui demanda l'autorisation d'exposer à l'assemblée, réunie en séance plénière, une proposition pour le traité de paix. Les représentants du peuple découvrirent avec étonne -ment que ce document avait déjà été ratifié par les citoyens en armes prisonniers à Cheronée, et qu'il portait la signature de
Démade.
Le courrier pénétra dans le grand hémicycle, o˘ les -Athéniens étaient assis en plein air à la lumière du soleil prin ,tanier. Ayant obtenu la permission de parler, il dit:
" Votre concitoyen Démade, qui est encore l'hôte de Philippe, a négocié
pour vous les clauses d'un traité, obtenant des conditions que vous trouverez sans doute avantageuses.
® " Le roi ne vous est pas hostile. Au contraire, il admire votre -ville et ses merveilles. C'est à contrecoeur qu'il a d˚ se mettre en guerre pour obéir à la requête du dieu de Delphes. "
L'assemblée ne réagit pas selon les prévisions de l'orateur: -elle demeura silencieuse, car tous ses membres étaient impa tients d'entendre les véritables conditions du traité. Il pour SUlVit donc:
" Philippe renonce à toute compensation; il vous reconnaît la possession de vos îles dans la mer …gée, et vous rend Oropos, Thespies et Platées, que vos chefs avaient cédées aux Thébains en trahissant une amitié séculaire. "
Assis aux premiers rangs auprès des représentants du gou vernement, Démosthène murmura à l'oreille-de son voisin: " Mais vous ne comprenez pas qu'il se réserve ainsi toutes nos villes sur les Détroits ? Elles n'ont pas été mentionnées.
-- Cela aurait pu être pire, répondirent les Athéniens. Laisse-nous écouter les autres propositions !
-- Le roi ne vous réclame ni dommages ni rançons, conti nua l'émissaire.
Il vous restitue vos prisonniers et les dépouilles de vos morts afin que vous puissiez les ensevelir dignement. Il a chargé son fils, Alexandre, de mener à bien cet acte d'humanité. "
L'émotion des assistants, face à cette nouvelle, montra à Démosthène qu'il avait perdu la partie. Philippe les avait tou chés dans leurs sentiments les plus profonds, il leur envoyait son propre fils pour accomplir cet acte de clémence religieuse. Il n'y avait rien de plus déchirant, pour des parents, que de savoir que leur enfant
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