Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
de la I prendre délicatement dans ses bras, puis de la déposer sur son lit et d'effleurer ses lèvres d'un baiser. Cette nuit-là, Campaspé l'attendit en vain.
Philippe revint quelques jours plus tard. Il convoqua aussi tôt son fils dans ses appartements et le serra avec fougue contre sa poitrine. " Par tous les dieux, tu as l'air radieux !
p Comment était-ce, à Athènes ? " Mais il perçut l'embarras
~; d'Alexandre.
" qu'y a-t-il, mon garçon? Les Athéniens t'auraient-ils ramolli ? Ou serais-tu amoureux ? Oh, par Héraclès, ne me dis pas que tu es amoureux !
Et voilà ! Je lui offre la "compagne" la plus experte qui soit, et il s'amourache de.. . de qui ? D'une belle Athénienne? Ne dis rien, je devine ! Le charme des Athéniennes est sans égal. Ah, elle est bien bonne, celle-là, il faut que je la raconte à Parménion !
--Je ne suis pas amoureux, père. En revanche, j'ai entendu dire que tu l'étais. "
Le sang de Philippe ne fit qu'un tour dans ses veines. Il se mit à
arpenter la pièce. " Ta mère. Ta mère ! s'exclama-t-il, Elle est pleine de rancune, dévorée par la jalousie et par la haine. Et elle veut te monter contre moi. C'est bien cela, n'est-ce pas ?
-- Tu as une autre femme, affirma Alexandre d'un air glacial.
--Et alors ? Ce n'est certes pas la première, et ce ne sera pas la dernière. Elle est splendide, aussi belle que le soleil, ou qu'Aphrodite.
Plus encore ! Elle s'est glissée dans mes bras,
~ nue, soyeuse, épilée, parfumée, les seins pareils à des poires 1~ m˚res, et elle m'a ouvert ses cuisses. que devaisje faire ? Ta mère me déteste, elle me cracherait dessus à chacune de nos rencontres ! Et cette fillette-là est aussi douce que le miel. "
E: Il se laissa tornber sur une chaise et, d'un geste rapide qui i traduisait sa fureur, releva son manteau sur ses genoux.
ALEXANDRE LE GRAND ~ LE FILS DU SONGE 177
" Tu n'as pas à me rendre compte de tes maîtresses, père. --Cesse de m'appeler "père": nous sommes seuls !
-- Ma mère se sent humiliée, repoussée, elle est inquiète.
--J'ai compris ! s'écria Philippe. J'ai compris ! Elle essaie de te dresser contre moi. Et sans la moindre raison. Viens viens avec moi ! Viens voir la surprise que je t'avais préparée avant que tu ne me g‚ches la journée avec ces stupidités. Viens ! "
Il l'entraîna dans l'escalier et, arrivé au bas des marches, s'engagea dans un couloir proche des ateliers. Il ouvrit une porte et le poussa violemment à l'intérieur.
" Regarde ! "
La pièce était éclairée par une grande fenêtre latérale. Posé sur une table, un médaillon d'argile représentait le prince de profil, les cheveux ceints d'une couronne de lauriers, comme le dieu Apollon.
" Cela te plaît ? demanda une voix qui s'échappait d'un coin sombre.
--Lysippe ! s'exclama Alexandre en se retournant, avant de se précipiter dans les bras du maître.
--Alors, cela te plaît ? répéta Philippe, derrière lui.
--Mais qu'est-ce que c'est ?
--C'est le modèle d'un statère d'or du royaume de Macé doine, qui sera frappé demain pour rappeler ta victoire à Chéronée et ta dignité d'héritier du trône. Il circulera dans le monde à diximille exemplaires ", répondit le souverain.
Alexandre baissa la tête, empli de-confusion.
27
Le geste de Philippe et la présence de Lysippe à la cour dis sipèrent un moment les nuages qui avaient obscurci les rap ports du père et de son fils. Mais bien vite, Alexandre mesura l'importance du lien qui unissait son père à la jeune Eurydice.
Toutefois, les devoirs pressants de la politique détournèrent aussi bien le roi que le prince des affaires privées.
La réponse d'Arsès, le roi des Perses, était arrivée, et elle était plus méprisante que la lettre de Philippe. Eumène la lui lut sans attendre.
Arsès, roi des Perses, Roi des Rois, lumière des Aryens et seigneur des quatre coins de la terre, à Philippe, le Macé donien.
Ce que fit mon père, Artaxerxès, troisième de ce nom, fut bien fait.
C'est plutôt toi qui devrais nous payer un tribut comme tes prédécesseurs, puisque tu es un de nos vassaux.
Le souverain convoqua aussitôt Alexandre, à qui il tendit la missive. "
Tout se déroule comme je l'avais prévu: mon plan prend forme dans les moindres détails. Le Perse refuse de payer pour les dommages que son père nous a causés, ce qui est plus que suffisant pour lui déclarer la guerre.
Enfin, mon rêve devient réalité ! J'unifierai tous les Grecs
Weitere Kostenlose Bücher