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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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ou trop naïf, mais que vaut la vie
sans une mystique qui l’élève ?

    Je ne t’oublierai pas Dany, mais je sais que tu
lutteras pour réaliser ce que j’avais rêvé. Pense un
peu à moi en sachant que mon amitié te demeure
acquise 3 .

    Kerjean, Loncle, Denviollet et les autres, auxquels
je transmets le jugement de nos camarades, ne
s’embarrassent pas de nuances : « Ne t’inquiète pas,
ils sont jaloux. » Je connais trop l’exigence morale
de Guéna pour savoir que ce n’est pas sa motivation.Il dit vrai, et je suis triste de l’avoir déçu. Néanmoins, je ne lui réponds pas.

    Nous commençons les cours par l’apprentissage des
armes individuelles : couteau, revolver, mitraillette.
Cela nous change des fusils-mitrailleurs, mitrailleuses, obusiers et armes à longue portée. Maintenant,
il s’agit de corps à corps.

    Dans la lutte clandestine, le couteau à cran d’arrêt
est l’arme de base : il a l’avantage du silence. Notre
cible privilégiée est constituée par les sentinelles
allemandes qui protègent les lieux de nos attaques :
kommandanturs, gares, ponts, aérodromes, etc.

    Nous nous entraînons aux arts martiaux afin de
neutraliser en silence les hommes que nous devons
égorger. Dans une guerre souterraine, tous les coups
sont permis. Nous nous en apercevons durant les
exercices de nuit, lorsque nous jouons tour à tour le
rôle d’une sentinelle ou d’un combattant : en dépit
de la fiction, ça fait mal.

    Nous apprenons également à manier un revolver
avec silencieux, que nous pouvons utiliser à l’intérieur, mais avec le risque de déclencher une alarme.

    Les mitraillettes, inconnues dans l’armée régulière, nous fascinent. Américaines d’origine, elles
ont le chargeur circulaire des armes utilisées par les
gangsters à l’époque de la prohibition, à Chicago.
Elles sont destinées aux opérations lourdes : parachutages de matériel, transports d’armes, évasions.
Dans ces opérations extrêmes, nous n’aurons parfois d’autre issue qu’une bataille rangée face à la
gendarmerie, la police ou la Gestapo.

    En comparaison, les écoutes téléphoniques sontun jeu d’enfant. Quand elles s’effectuent en rase
campagne, les risques sont limités. Il s’agit de grimper au sommet d’un poteau téléphonique, chaussés
des crampons spéciaux des électriciens, puis, attachés par une ceinture, de brancher des écouteurs
sur les lignes. Nous entendons alors la fulguration
crépitante des mots, émiettés dans le fil de fer. En
ville, en revanche, il est plus difficile de ne pas se
faire repérer et d’établir un branchement discret
dans les boîtes de dérivation.

    La traversée de rivières à la nage, nos vêtements
enveloppés dans une toile de tente poussée devant
nous, nous ramène aux manœuvres conventionnelles auxquelles nous sommes déjà entraînés.

    Il en va de même des exercices de nuit simulant
les parachutages ou les atterrissages d’avion. Dans
les deux cas, nous devons baliser les terrains à l’aide
de lampes de poche, tandis que nous en utilisons
d’autres pour effectuer, vers les avions, les signaux
en morse. Après le parachutage, nous nous exerçons
à retrouver les conteneurs éparpillés sur de vastes
étendues souvent boisées. Nous devons également
faire atterrir en plein champ un Lysander, petit
monoplan maniable effectuant les liaisons entre
l’Angleterre et la France clandestine, avec deux passagers, du courrier et du matériel de guerre.

    Toutes ces opérations sont déclenchées par la
BBC, qui passe un message convenu, répété à trois
reprises, matin, midi et soir. L’opération doit se
dérouler en quelques minutes : après avoir livré matériel et passagers sans arrêter le moteur, puis embarqué colis et passagers, l’avion s’envole aussitôt.

    Compte tenu du vrombissement des appareils, à
2 heures du matin, au ras des arbres dans la campagne, la rapidité dans l’exécution est notre seulesécurité. Lorsque nous sommes parachutés, nous
devons nous débrouiller seuls : enterrer notre parachute à l’aide d’une petite pelle et rallier, à pied, la
gare la plus proche.

    Tous ces exercices se déroulent en temps réel, la
nuit, en civil, à nos risques et périls, au cas où nous
serions repérés par la MP ( Military Police ) 4 . Selon
nos instructeurs, ces exercices doivent devenir de
purs réflexes.

    Mardi 21 octobre 1941

     

    Les risques du métier

    Après quelques semaines

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