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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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Les
Décombres . Dans la dernière partie du livre, de nombreux thèmes m’ont révolté  : admiration inconditionnelle des nazis, mépris des anglophiles, propagande
en faveur de la collaboration afin de créer une
Europe fasciste, etc. Je n’ai jamais lu un livre aussi
malsain, véritable négation de « ma » guerre. Je
repense à Hauck, qui m’a, le premier, démontré que
la liberté dont j’ai choisi d’être le soldat n’est compatible qu’avec la démocratie.

    Jeudi 6 août 1942

     

    Paul Schmidt, mon camarade

    Après une semaine de travail, je suis un peu désorienté par mes nouvelles fonctions. Je ne peux croire
que ma mission consiste à faire le facteur au sein
d’une organisation invisible et incompréhensible.
Schmidt, dont j’ai découvert le rôle majeur lors de
mon parachutage, est la seule personne qui puisse
m’éclairer.

    Afin d’organiser nos liaisons, comme l’a prescrit
*Rex, je l’invite à déjeuner par un billet : « 1 heure,
place Bellecour, sous la queue. » À l’heure dite, je le
vois arriver. Il semble heureux de me revoir et
m’entraîne dans un bistrot place Morand. Le patron
nous fait entrer dans une arrière-salle où nous sommes seuls. Décidément, les restaurateurs sont le
socle de la Résistance.

    Parmi mes camarades d’Angleterre, Schmidt est un
des plus glorieux  : il fait partie des « trente-sept » de
l’expédition de Norvège qui ont rallié la France libre.
Il a été mon premier chef de groupe, et je l’admire
parce qu’il a été décoré au combat. Légèrementplus âgé que nous, il se distingue par sa gentillesse,
sans rien céder de la discipline. Avant-guerre, il militait au PPF (Parti populaire français) de Jacques
Doriot. À l’Action française, nous avions suivi avec
le plus grand espoir la naissance de ce mouvement
issu d’une scission du parti communiste. Nous
espérions qu’elle marquerait le premier jalon de la
Révolution nationale grâce au « peuple » reconquis.

    Lors de mon parachutage, j’ai apprécié sa parfaite organisation et envié son autorité sur tous.
Quand il m’a présenté à *Rex, j’ai constaté sa proximité avec lui. Il incarne la guerre totale dont je
rêve. J’espère qu’il va pouvoir m’aider à bâtir le
secrétariat du patron. « Alors, comment trouves-tu
la Résistance ? me demande-t-il.

    — Je n’y comprends rien.

    — Si ce n’est que ça ! À part *Rex, personne n’y
comprend rien. »

    Schmidt éclate de rire. Comment un de nos grands
patrons peut-il rire d’une telle situation ? « Réfléchis :
si le BCRA nous envoie ici pour organiser la Résistance, c’est qu’elle n’existe pas. D’abord, la Résistance,
c’est très peu de monde : ça ressemble à la France
libre. En Angleterre, notre armée est squelettique
parce que les Français sont indifférents. Pétain leur
répète qu’ils sont battus, mais que l’honneur est sauf.
Pourquoi veux-tu qu’ils prennent des risques ? Leurs
seuls soucis sont de manger et de survivre. »

    Revenant à ma préoccupation première, je lui
fais part de mon inquiétude pour mon travail : je ne
connais personne à Lyon, à part deux contacts,
*Lebailly, de Combat, et*Brun 24 , de Libération :
« Heureusement, ils m’ont promis de m’aider.

    — J’espère que tu ne les crois pas. Ils ont trop de
difficultés à trouver pour eux-mêmes des locaux et
du personnel pour te fournir quoi que ce soit. Il faut
que tu comprennes leur situation : beaucoup sont
mariés, ont des enfants, un métier. Ils font de la
résistance en dehors des heures de bureau. Pour
certains, c’est du snobisme. La plupart d’entre eux
vivent d’ailleurs sous leur véritable identité.

    — Mais alors, comment fais-tu ?

    — J’essaie d’organiser ce foutoir en dehors d’eux,
car, en plus, ils sont dangereux ! Ce n’est pas facile.
Au lieu de penser à la guerre, les chefs et beaucoup de résistants s’occupent de politique. Ce qui
les intéresse, c’est d’imprimer des journaux, distribuer des tracts, préparer leur avenir politique. J’ai
beaucoup de mal à obtenir des contacts militaires.
Méfie-toi. Ce que veulent les chefs, c’est établir un
contact avec Londres pour nous court-circuiter et
obtenir directement les liaisons, les armes et l’argent.
En ce moment, ils cherchent à débaucher mon radio.

    — Incroyable !

    — Ce ne sont pas des soldats du Général, surtout
les chefs. Tu t’en apercevras

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