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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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rapidement. Ils veulent
demeurer les maîtres de leurs troupes.

    — Et pour les locaux, le personnel ?

    — Ils ne te fourniront rien. Un conseil : débrouille-toi tout seul.

    — Mais comment ?

    — En construisant tout à partir d’un seul contact.
Tu as les Moret, ils sont épatants. Essaye d’obtenir
d’eux ce dont tu as besoin. »

    Que peuvent faire les Moret, exilés à Lyon, pour
m’aider ? C’est déjà extraordinaire qu’ils acceptent
de m’héberger avec désintéressement et courage. * Rex
ne perd-il pas son temps à préparer le rétablissementde la République, quand les Allemands sont maîtres
de la France ?

    Vendredi 7 août 1942

     

    Un secrétaire à la dérive

    Bien que je n’aie recruté aucun courrier, je développe peu à peu mon travail à Lyon. Je rencontre
*Rex et Bidault tous les jours, mes camarades Fassin
et Schmidt ou leurs adjoints plusieurs fois par
semaine. Je relève et distribue les lettres dans les
boîtes des mouvements, des services et des radios.
La nuit, je code et décode télégrammes et rapports.

    Dès les premiers jours, *Rex m’a fait participer à
la plupart de sesrencontres 25 . Durant nos dîners, je
languis après mon travail en attente, que je suis
obligé de rattraper la nuit, sur mon sommeil. Il ne
m’a pas encore expliqué la raison de cettehabitude 26 .
À mesure que je prends mes fonctions, je découvre
que les mouvements et les services communs subissent une expansion accélérée, imposant un nombre
croissant de personnel et de tâches. Toutes exigent
des liaisons rapides et fréquentes, aussi vitales que
malaisées. Dans ce domaine, la Résistance vit au XVIII e  siècle, au temps de la correspondance par porteurs. Sans eux, elle seraitparalysée 27 .

    Aujourd’hui, je distribue pour la première fois
quelques sommes d’argent. *Rex m’a indiqué ce
matin les montants et les personnes à qui je dois les
remettre : *Lebailly pour Combat et Menthon pour
le CGE. Je suis heureux de constater la diminution
du tas de billets cachés derrière le Mirus de ma
chambre. En cas de coup dur, c’est toujours ça que
la police ne volera pas.

    Toujours amical, *Lebailly m’annonce, comme l’a
prédit Paul Schmidt, qu’il ne peut me procurer ni
locaux ni personnel, mais qu’il continuera d’en chercher. Ma déception se double d’une inquiétude : le
ramassage des boîtes aux lettres, les rendez-vous,
les codages, les journées en chemin de fer et les
repas avec *Rex dévorent mon temps. Bientôt les
heures de la journée et de la nuit n’y suffiront plus.
Je crains que le patron ne découvre mon incapacité
à m’organiser.

    Un soir, je confie ma perplexité à Mme Moret.Aurai-je plus de chance qu’avec Schmidt ? Celle-ci
réfléchit et me dit : « J’ai peut-être quelqu’un. C’est
une réfugiée alsacienne qui travaille au Secours
national, dans mon service. Je ne connais pas ses
opinions, mais je m’en doute un peu puisqu’elle a
fui son pays. En tout cas, elle est farouchement anti-allemande. Elle est rapide, intelligente et travaille à
la perfection. Si elle accepte de prendre ce risque,
elle sera parfaite. »

    *Rex m’a confié ce matin, avant son départ, un
rapport manuscrit à dactylographier. Je ne peux
évidemment confier à n’importe qui la frappe d’un
document aussi confidentiel.

    Samedi 8 août 1942

     

    Courrier n o  9

    Sans attendre la réponse de Mme Moret, je
m’attelle au codage du courrier n o  9. Pour être sûr
de l’achever à temps, je préfère ne pas déjeuner et
conserver la fin de l’après-midi pour flâner. Plus
encore que les conversations que j’entends autour
de *Rex, son rapport me permet d’avancer dans la
compréhension des mystères de la Résistance.

    L’essentiel est consacré à la nécessité d’informer
les mouvements de l’état du monde. *Rex réclame
pour lui-même l’envoi d’une documentation afin de
briser l’ignorance dans laquelle il vit — par prudence,
il ne possède pas de TSF. Il a établi à Londres un
modèle, composé d’extraits de la presse anglaise et
américaine et des bulletins d’information anglais et
français. Ce détail me frappe : contrairement à ceque j’ai cru, il a travaillé à Londres. C’est donc un
Français libre. Peut-être est-il un des commissaires
dont France mentionne régulièrement les noms :
Cassin, Dejean, Diethelm, etc. Une question demeure :
pourquoi ne connaît-il personne au BCRA ?

    Le

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