Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
Vom Netzwerk:
les deux
hommes ne concerne pas les parlementaires, que
*Rex reconnaît comme honorables, mais la survie des
anciens partis qu’ils représentent. Bastid s’explique
davantage sur ses intentions  : « Seul le parti communiste a eu l’habileté d’accomplir une volte-face enjuin 1941. Il n’empêche que, chez lui comme ailleurs,
on trouve des résistants, des attentistes et des collaborateurs.

    — Les socialistes résistants tentent de rassembler
les débris de la SFIO, mais je doute du résultat. Le
cas de Philip est exceptionnel. C’est un homme courageux. Comme vous, mon cher ministre, il n’a rien
cédé de son idéal et s’est battu dès le premier jour.
Il est juste qu’il représente la gauche, dans un sens
large, auprès du Général.

    — J’y suis comme vous favorable. La gauche autour
du Général n’est pas pour déplaire aux républicains.

    — Les partis ont trahi la République. Aucun n’a
participé à la création de la Résistance. Vous êtes
bien placé pour le savoir. Je souhaite que vous
meniez une enquête pour connaître la conception
des parlementaires sur les modalités du changement de régime à la Libération. Il ne faut à aucun
prix que les Alliés deviennent des occupants.

    — Ne vous inquiétez pas. La légitimité démocratique appartient à l’Assemblée nationale de 1940,
toujours légale. Dès le débarquement, de Gaulle
aura le devoir de la convoquer afin qu’elle vote la
confiance à son gouvernement. Mes collègues et
moi-même avons d’ailleurs envoyé, il y a quelque
temps, un projet dans ce sens au Général.

    — Il est impossible que l’Assemblée qui a trahi la
République soit celle qui cautionnera la légitimité
de l’homme qui l’a sauvée.

    — Il ne s’agit pas de réunir toute l’Assemblée de
juillet 1940 à Vichy, mais seulement les membres
absents lors du vote, associés aux parlementaires
qui ont voté contre Pétain, ainsi que ceux qui militent dans la Résistance. Éventuellement, on pourrait,
comme l’ont proposé les socialistes, réunir un“conseil des Anciens” composé de quelques personnalités au-dessus de toute compromission : Blum,
Reynaud, Mandel, peut-être Herriot et Jeanneney.

    — Je doute que le Général accepte cette formule.
Il récuse la tutelle d’hommes qu’il juge responsables, d’une manière ou d’une autre, du désastre, et
surtout de l’accession de Pétain au pouvoir.

    — Il est impossible de laisser un général, soit-il
victorieux, s’installer dans l’exercice solitaire du
pouvoir. »

    Je suis au comble de la surprise. Est-ce cela la
Résistance : des conversations de salon ? Tout me
semble si simple : puisque de Gaulle a sauvé l’honneur et la liberté et qu’il est le seul à maintenir la
France en guerre, il a l’autorité morale pour gouverner. Pourtant, la partie me semble soudain loin
d’être jouée. Aron, Hattu et Vourc’h avaient-ils raison de se méfier du Général ? Ils auraient été comblés d’entendre les propos de Bastid.

    Bien que cet entretien soit limité aux questions
de principe, il est clair que les deux hommes envisagent les choses différemment. Pour *Rex, la situation
est simple : après le Débarquement, la Résistance
devra neutraliser le Maréchal et son gouvernement
et contrôler l’Administration en changeant les têtes
(préfets, directeurs et secrétaires généraux des ministères et des grands services). Après le départ des
Allemands, pour prévenir un vide politique et éviter
l’anarchie ou les tentatives de prise de pouvoir, les
chefs de la Résistance devront constituer un exécutif provisoire. Les forces militaires de la Résistance
seront commandées directement par le Général. Ce
gouvernement provisoire siégera à Vichy.

    Pour Bastid, l’urgence est ailleurs. À la Libération,
l’Assemblée nationale devra être convoquée afin delégitimer de Gaulle par un vote de confiance. Il
s’oppose donc au projet de *Rex et le lui dit : « Les
mouvements de résistance sont un rassemblement
d’hommes courageux, mais qui n’ont aucune doctrine. En dépit de ce qu’ils croient, ils n’ont d’autre
légitimité que celle de la libération de la France,
pour laquelle ils se sont constitués. Le seul qui possède une vision cohérente de l’avenir est *Charvet.
Mais vous savez comme moi qu’il n’y a pas si longtemps il souhaitait imposer la Révolution nationale
sous l’égide du maréchal Pétain, dont il

Weitere Kostenlose Bücher