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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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changer de restaurant ! »

    J’indique à Bidault que je relève la boîte de
Mme Bedat-Gerbaut un quart d’heure avant ma rencontre du matin avec * Rex, ainsi qu’à midi. Si besoin
est, il peut me fixer rendez-vous au Café de la
République , à deux pas de là, pour que je le conduise
immédiatement à * Rex.

    Le retour place Raspail en compagnie de * Rex est
des plus mélancoliques : il reste muet. Après un
long moment, il murmure : « Heureusement, le pire
n’est pas toujours sûr. » Je le laisse à ses réflexions,
puis lui rappelle les difficultés de notre trafic radio
avec Londres, sans parler de la lenteur des liaisons
intérieures. Je lui demande son accord pour que
Cheveigné prenne des contacts blind , c’est-à-dire
uniquement en écoute.

    « Êtes-vous sûr qu’il ne risque rien ? » Je lui
explique que si la Home Station expédie les câbles
de cette manière, la gonio ne peut repérer l’opérateur radio qui les écoute. Je me garde toutefois de
lui avouer que, depuis la perquisition des Boches,
Cheveigné travaille chez Mme Bedat-Gerbaut.

    Comme je propose à * Rex d’épauler Cheveigné en
effectuant moi-même quelques émissions, il me considère durement : « Ce n’est pas le moment de prendre des risques. » Il se mure ensuite dans le silence.
Quand nous approchons du pont de la Guillotière,
il me serre la main sans un mot et s’éloigne rapidement. Il n’est pas loin de minuit. * Germain m’a-t-il
attendu ?

    Le restaurant où nous devions nous retrouver est
fermé. Je suis déjà sur le retour vers la rue Sala
lorsqu’il débouche d’une porte cochère voisine, efficace, ponctuel et toujours souriant. Je l’admire : il
risque sa liberté et sa vie sans états d’âme, transportant à longueur de journée lettres, argent, postes de
radio, armes, paquets, dont il ignore tout. Le moindre d’entre eux peut le conduire en prison, à la torture et à la mort. Cet inconnu inébranlable que j’ai
appris à respecter est un exemple. Ce soir plus que
jamais, il anéantit mes états d’âme.

    Lundi 9 novembre 1942

     

    Les paroles du Général

    J’ai hâte de rencontrer * Rex ce matin, tant je suis
excité par les informations apportées par * Germain : il
vient de recueillir dans ma boîte le texte du discours
prononcé la veille par de Gaulle, que Bidault y a
déposé tôt.

    Le Général a parlé à la BBC durant notre dîner :
« Le peuple rassemblé dans la Résistance n’attend
que l’occasion pour se lever tout en entier. » Comme
cette éloquence à la Danton est étrangère à la réalité française au milieu de laquelle je vis. Même le
mot d’ordre « Aidez les Alliés » me semble utopique.
Après l’avoir lu, * Rex n’a plus de doute : « Le Général
est sur la touche : il joue le jeu, mais la partie est
loin d’être gagnée. »

    Il parcourt les journaux  : « J’ai sous-estimé Herriot.
Son refus de me rencontrer, imitant celui de Giraud,
est provoqué sans doute par une promesse politique
de la part des Américains. Pour écarter le Général,
Roosevelt est capable de tout. À ses yeux, le président
Herriot est la meilleure caution républicaine pour
remplacer le Maréchal. Il ne négligera rien pour le
débaucher. Il est sans doute préférable à l’“Étatfrançais”, mais la République d’Herriot n’est pas
l’avenir de la France. »

    *Rex ajoute : « J’espère que les mouvements tiendront bon autour du Général et comprendront enfin
qu’il est le seul garant de la République. » Je n’en
crois pas mes oreilles : la Résistance pourrait donc
hésiter entre Pétain et de Gaulle ? Bien que réservé,
comme d’habitude, je ne peux m’empêcher de réagir : « Comment les mouvements pourraient-ils préférer Pétain, l’homme de la capitulation, à de Gaulle,
le solitaire de la Résistance, qui a sauvé l’honneur
de la France ?

    — Pour la majorité des Français, l’honneur de la
France n’est pas une politique. »

    Au déjeuner avec Bidault, ce dernier apporte des
informations. En Afrique du Nord, la bataille fait
rage. La radio annonce que l’amiral Darlan a conclu
une suspension d’armes à Alger, mais que les combats se poursuivent partout ailleurs. Quelle en sera
l’issue ? * Rex est serein : « Les Américains n’attaquent
que lorsqu’ils sont sûrs de gagner. L’armistice d’Alger
est le commencement de la fin. Mais que fait Darlan
avec les

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