Alias Caracalla
trafic de Bidault ; Cheveigné et moi au Comité
de coordination et à * Rex personnellement.
Un paragraphe, intitulé « Observations de détail »,
me concerne :
Nous regrettons que vous ayez distrait de suite
Bip.W au bénéfice de votre bureau. La Home
Station — et c’est justifié — demande de grandes
précautions dans l’instruction clandestine des
radios et tient à les tester d’une manière sérieuse.
Car souvent, même les radios instruits en
Angleterre font des fautes de sécurité. Or Bip.W
est considéré comme un excellent instructeu r.
Je suis flatté par ce jugement, tout en constatant
que le BCRA n’admet toujours pas le détournement
opéré par * Rex et qu’il m’a à l’œil. Grâce à la nouvelle organisation qu’il propose, je devrais réintégrer mes fonctions de radio et de saboteur.
Les transmissions radio, pour fondamentales
qu’elles soient, ne sont qu’un volet de la mission
de * Rex. Les chapitres importants sont consacrés à
l’action politique et militaire. Cela commence par
une mesure que le patron appréciera : la neutralisation de Morandat ( * Léo) :
Léo, qui vous a causé de nombreuses difficultés,
doit revenir ici d’urgence. Nous verrons s’il y a lieu
de le faire repartir sur de nouvelles bases 17 .
L’essentiel est ailleurs : comme les transmissions,
l’occupation de la zone sud exige une nouvelle organisation de la clandestinité, d’où une série de questions posées par Londres : Comment les institutions
créées en l’absence des chefs des mouvements, deseptembre à la mi-novembre, pourront-elles fonctionner avec l’occupation allemande, notamment le
Comité de coordination et l’Armée secrète ? Ce
comité présente-t-il des « risques excessifs » pour la
sécurité des chefs ? Faut-il procéder à une « décentralisation radicale de l’action » ?
Dans ce domaine, comme dans les autres, * Rex a
toute latitude pour apporter les solutions appropriées. Le BCRA ne lui fixe que « l’ordre d’urgence
des problèmes » : constitution de l’Armée secrète et
intensification de l’action politique et de la propagande. On lui prescrit de « hâter le plus possible »
la venue en Angleterre des personnalités politiques
et syndicales réclamées par le général de Gaulle.
Une autre prescription destinée au patron m’intrigue : « Votre action demeure limitée à l’ancienne
ZNO. » Est-ce la réponse à son courrier du mois
d’octobre détaillant ses activités en zone occupée ?
Que signifie cette mise en garde ? * Rex n’a-t-il pas
reçu un câble du BCRA il y a quelques jours lui
notifiant d’utiliser Ayral et son radio Briant pour établir la liaison avec ses groupes de zone occupée ?
Chacun des courriers de Londres m’apporte des
informations inédites. Ces nouvelles directives me
permettent de comprendre un peu mieux la place
que * Rex occupe dans le dispositif général de la
France libre : « Vous êtes et vous restez le représentant du Comité national français dans la ZNO. »
Les instructions précisent qu’il devient président
du Comité de coordination réunissant les trois
mouvements et qu’il a toute liberté pour maintenir
des contacts avec les hommes politiques désireux
de collaborer « à la libération du territoire et à l’établissement de nouvelles institutions libres dans notre
pays ».
Je ne me suis pas trompé : * Rex est l’homme le plus
important de la France libre après de Gaulle, et il a
tous pouvoirs pour préparer la libération politique.
L’ensemble de ces instructions est couronné par
trois pages, datées du 29 octobre, concernant l’action
militaire : elles sont signées « Général de Gaulle,
commandant en chef des Forces françaises combattantes ».
En les décodant, je découvre qu’elles concernent
notre objectif initial : la libération militaire du territoire. De Gaulle lie le déclenchement des opérations
clandestines au Débarquement des forces alliées en
France. Aucune action d’envergure de l’Armée secrète
(AS) ne peut être envisagée actuellement :
L’AS évitera d’engager dans des opérations de
caractère désespéré des effectifs et des cadres d’élite
qui risqueraient d’être anéantis prématurément.
Par contre, les cellules professionnelles et les groupes francs doivent être à même d’agir à tout
moment.
Ce n’est pas une révélation : les faibles effectifs des
mouvements
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