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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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exigent cette mesure conservatoire sous
peine de voir fondre l’AS dans des actions désordonnées. D’où le corollaire : « L’action de sabotage
déjà commencée sera poursuivie. » Les stations électriques doivent être attaquées en première urgence.

    De son côté, de Gaulle écrit :

La mission de l’Armée secrète est de paralyser
la marche allemande par une action généraledéclenchée au moment opportun après le Débarquement allié.

    À ce moment-là seulement, le plan A préparé par
le BCRA devra entrer en action. Il prévoit neuf
dispositifs simultanés : exécution des traîtres ; destruction des voies ferrées ; sabotage du matériel
automobile ; destruction des dépôts d’essence ; sabotage des stations électriques ; attaque des dépôts
d’armes et de munitions ; attaque des PC allemands ;
actions de guérilla ; saisie des aérodromes.

    L’ordre d’exécution sera transmis au commandant
en chef en France (le général Delestraint) et aux
commandants de région. En cas de défaillance des
transmissions, l’opération pourra être déclenchée à
l’initiative du commandement en France. Outre les
transmissions radio ordinaires, les exécutants seront
avertis et commandés par des phrases conventionnelles passées à la BBC.

    En dépit du pessimisme que m’inspire l’anarchie
de la Résistance, il me semble ce soir que mon activité tristement « bureaucratique » prépare des lendemains « guerriers ».

    Samedi 21 novembre 1942

     

    Inconscience de la paresse

    Dès mon réveil, je porte à * Rex ces longues instructions, dont il prend connaissance minutieusement. De temps à autre, il manifeste une réaction, par
exemple sur le rétablissement de la ligne de démarcation : « Ils n’ont pas conscience que, face à l’occupation totale du territoire, la Résistance doit être
nationale. »

    Je le conduis à la gare en fin d’après-midi, puis
file à un rendez-vous avec Raymond Fassin : il me
remet 10 millions de francs et 30 700 dollars en
billets, ainsi que la fin du courrier. Cela représente
une nuit entière de travail de décodage.

    Je souhaite dîner rapidement avec Cheveigné afin
de préparer avec lui l’expédition des derniers câbles
de * Rex, après quoi je porterai l’argent chez les
Moret et rentrerai chez moi. Comme il est tard et
que je crains que les restaurants ne soient fermés,
j’invite Cheveigné au Garet , le bistrot de * Rex. C’est
une faute contre la règle, mais il est trop tard pour
dîner chez la lointaine Colette .

    Je mets l’argent dans une des poches de la sacoche de ma bicyclette et mon imperméable dans
l’autre. Fort de l’expérience du vol de la précédente,
je la pose à côté de l’entrée du restaurant et l’attache
à la descente d’une gouttière avec une chaîne verrouillée par un cadenas.

    Avant d’entrer, j’hésite à prendre la sacoche avec
moi. Elle représente un gros risque : les contrôleurs
économiques, obsédés par le marché noir, vérifient
tous les paquets des clients dans les restaurants.
Comment justifier une telle somme en billets de
banque, dont une partie en monnaie étrangère ?

    Depuis que je dîne ici avec * Rex, il n’y a jamais eu
la moindre alerte au marché noir et le patron me
connaît. Je prends donc le paquet de billets avec
moi, tandis que j’abandonne la sacoche trop voyante
avec mon imperméable. « De toute manière, dit
Cheveigné en se moquant de mes hésitations, avec
ta chaîne et ton cadenas, les voleurs emporteront le
bistrot avec ton vieux clou. »

    Nous dînons rapidement. J’ai hâte de mettre le
magot en sûreté : plus d’un mois du budget de toute
la Résistance ! Quand nous ressortons une heure
plus tard, la gouttière est toujours là, mais le vélo a
disparu : quel choc ! Je regarde hébété la place vide,
comme si j’avais le pouvoir de le faire réapparaître.
Je l’ai pourtant accroché devant la porte du bistrot,
dans une rue passante, largement éclairée… Je
vacille à l’idée de la catastrophe évitée de justesse.

    Rentré rue Sala, je n’y pense plus, absorbé par le
fastidieux déchiffrage d’une nuit de travail, suivie
d’une journée entière le dimanche. Tout doit être
terminé avant le retour de * Rex.

    Dimanche 22 novembre 1942

     

    « Vous irez à pied »

    Ce soir, à 7 heures et demie, je l’attends comme
d’habitude à la sortie de la gare et le suis. Tandis qu’il
amorce la

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