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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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mon
grand-père.

    Ce n’était pas ma seule cause d’étonnement : il
était le seul responsable des mouvements à posséder une bicyclette, qu’il traînait toujours avec lui.
Sourcilleux sur la sécurité, il changeait le lieu de
nos rendez-vous à chacune de nos rencontres et
les fixait dans des endroits excentrés, en général sur
les quais du Rhône et de la Saône, en tout cas loindu quadrilatère familier des résistants « professionnels ».

    Aujourd’hui, il répète la réponse que j’entends
depuis notre première rencontre : « Je n’ai toujours
rien reçu de Paris. » Sans doute lit-il la déception
sur mon visage : « On voit que vous êtes jeune :
vous êtes impatient ! La guerre ne se gagnera pas
en un jour. » Je n’ose lui avouer que mon irritation
reflète celle de * Rex, qui, selon ses critères, doit être
aussi bien jeune…

    Après avoir rejoint * Rex, je lui communique la
nouvelle réponse négative de * Gaston. Sa réaction
est prévisible : « C’est toujours la même chose avec
les communistes lorsqu’il ne s’agit pas d’une de
leurs initiatives. Ce retard est un prétexte pour ne
pas prendre parti dans une affaire incertaine. Ils n’ont
jamais reconnu le Général et demeurent fidèles à la
politique hégémonique duparti 11 . Ils attendront de
connaître le vainqueur pour se rallier. »

    Après avoir réfléchi, il change de ton : « Je me
passerai d’eux : expédiez le texte après avoir supprimé leurnom 12 . » Je communique aussitôt le câble
à Cheveigné, qui l’expédie le soir même.

    C’est la deuxième fois depuis les grèves d’octobre
que j’observe la présence des communistes dans laRésistance. Dans les FFL, je n’en avais pas rencontré, même si le journal France évoquait souvent la
répression dont ils étaient victimes en métropole.

    À Lyon, bien qu’on ne les voie jamais, je sens
dans les conversations entre résistants qu’ils inquiètent. Il y a seulement seize mois qu’ils sont entrés
— par effraction — dans la Résistance. Le mois
dernier, leur appel à la grève, proclamé dans des
tracts, avait pris de vitesse les mouvements ; à la
suite de quoi, * Rex avait choisi de renforcer son
contrôle sur le mouvement ouvrier en créant le
CCRO (Comité central de la Résistance ouvrière).

    Aujourd’hui, après le double exil de De Gaulle,
quel poids les communistes ont-ils auprès des
Britanniques et des Américains pour que * Rex juge
bon de les utiliser ? Pour ma part, je n’en perçois
pas la nécessité. Au contraire, leur « homologation »
dans la Résistance n’hypothèque-t-elle pas inutilement l’avenir ?

    Ces questions me rappellent celles que nous nous
posions en Angleterre, en juin 1941, lors de l’intégration de l’URSS dans la coalition alliée.

    Jeudi 19 novembre 1942

     

    Le retour des chefs

    Après bien des aléas, Frenay et d’Astier sont rentrés en France dans la nuit du 17 novembre par un
Lysander qui enlevait le général d’Astier de La Vigerie
et le colonel de Linarès. L’opération a été préparée
par Raymond Fassin, que je rencontre ce matin pour
recevoir une partie du courrier de Londres.

    Il est très remonté contre le général d’Astier.
Inconscient du danger, celui-ci est arrivé en taxi
dans la zone où s’effectuait l’opération. Il est descendu sous son vrai nom dans le meilleur hôtel.
Lorsque Fassin l’a rappelé à la prudence, il l’a traité
avec une insolence toute hiérarchique, menaçant de
signaler sa conduite à Londres.

    Fassin me dit qu’il refusera dorénavant de monter des opérations permettant « à de tels guignols »
de s’évader de France.

    Vendredi 20 novembre 1942

     

    Instructions de Londres

    Au lendemain de leur atterrissage, * Rex a rencontré les deux chefs de mouvement, qui lui ont
remis les instructions du commissaire à l’Intérieur.
Ce sont les secondes qu’il reçoit depuis celles que je
lui ai apportées moi-même en juin, il y a cinq mois.

    *Rex m’a donné rendez-vous aujourd’hui à l’intérieur de l’église Saint-Nizier. Ce lieu sombre et
désert aux multiples recoins est idéal pour échanger
des papiers en toute sécurité. À l’heure convenue, il
arrive, tenant sous son bras un paquet enveloppé de
journaux : « Ce sont des lettres du Général : mettez-les en sécurité et attendez mes ordres. »

    En sortant de l’église, il entame un monologue :
« Il y a des

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