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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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descente du grand escalier dominant la
place Carnot, je le rejoins dans la demi-obscurité.

    Après les salutations d’usage, je lui annonce mezzo
voce le vol du vélo : « Vous me l’avez déjà dit !

    — Oui, mais là, c’est le nouveau. »

    Il s’arrête et me regarde : « Eh bien, vous irez à
pied ! » Puis il dégringole l’escalier sans un mot. Au
silence qui suit, je mesure l’ampleur qu’aurait prise
ma disgrâce si j’avais perdu le vélo… et l’argent.

    Mardi 24 novembre 1942

     

    Alerte aux radios

    Je suis occupé à vérifier avec Cheveigné que les
nouvelles mesures de sécurité de la radio sont adaptées aux dangers de l’occupation de la zone sud
lorsque je reçois quatre télégrammes du BCRA destinés aux radios.

    Ils nous informent que la ZNO (« zone non occupée », qui conserve donc son ancien nom) est divisée
par les Boches en quatre secteurs de contrôle radio-gonio. Le premier PC est installé au casino de
Charbonnières, près de Lyon  ; le deuxième dans les
environs de Marseille ; le troisième à Montpellier,
« dans un hôtel que les Allemands ont réquisitionné
en 1940 » ; le quatrième à Pau, « dans l’hôtel réquisitionné par les Allemands dans les faubourgs de la
ville ».

    Enfin, trente-quatre membres de la Gestapo,
accompagnés de trois techniciens radio, sont installés à l’hôtel Albert-I er , à Nice. Ils disposent de
douze voitures spéciales, équipées des instruments
les plus modernes. La première mesure de sécurité
préconisée par le BCRA est de les détruire dans les
garages.

    Nous devons faire étudier les dispositions intérieures des différents PC par les groupes francs en
vue d’effectuer simultanément les quatre opérations.
Étant donné les descriptions de Fassin et de Schmidt
sur l’état des groupes francs des mouvements, il y a
peu d’espoir de neutraliser les voitures gonio. Jusqu’à
présent, ils ont attaqué des objectifs spectaculaires,
mais faciles : kiosques à journaux, vitrines de magasins collabo, etc. Il en va tout autrement de cette
opération de survie, véritable acte de guerre.

    Comme souvent dans ses instructions, le BCRA
manifeste son ignorance de l’état réel des moyens
des mouvements. J’imagine que les propos emphatiques de Frenay et d’Astier durant leur séjour à
Londres l’ont persuadé de l’efficacité de leurs forces
militaires.

    En dépit de leurs prétentions imaginaires, les mouvements sont incapables d’effectuer la moindre
action de guérilla. Le résultat de cette impuissance
a été, parmi d’autres, l’intrusion de la Gestapo chez
Cheveigné et l’arrestation de Brault.

    Depuis lors, rien n’a été tenté.

    Vendredi 27 novembre 1942

     

    Rencontre * Rex-Manuel

    Cette journée marque une étape dans l’histoire de
la Résistance : la première réunion du Comité de
coordination. Elle doit se tenir cet après-midi dans
la propriété de Louis Martin-Chauffier, à la périphérie
de Lyon.

    Auparavant, * Rex a rendez-vous avec le commandant Manuel chez Mme Bedat-Gerbaut afin de recevoir les dernières instructions du Général. À la fin
de notre rendez-vous du matin, il me demande de
m’y rendre afin d’éviter tout cafouillage au moment
de l’arrivée de celui qu’il appelle « le commandant ».
Je n’ose lui avouer ma crainte que le BCRA n’ait pas
reçu mon télégramme avec l’adresse et le mot de
passe destiné à son « envoyé spécial ». Il a été rédigéaprès l’arrestation de Brault, durant la période d’arrêt
des transmissions, et le BCRA n’en a pas accusé
réception.

    Mme Bedat-Gerbaut, que j’ai prévenue de ce
rendez-vous important, me reçoit vêtue d’une robe
élégante que je ne lui connais pas. L’appartement a
un air de fête inhabituel. À peine ai-je pénétré dans
le salon, égayé d’un gros bouquet de fleurs, la sonnette retentit d’un coup bref. Ce ne peut être * Rex,
qui sonne toujours deux fois. J’ai peine à croire que ce
soit l’« envoyé spécial », puisqu’il n’est pas 9 heures. Je
me prépare au pire lorsque j’entends Mme Bedat-Gerbaut dire, le plus naturellement du monde, après
avoir ouvert la porte d’entrée : « Avez-vous fait bon
voyage ? »

    Une voix nuancée d’un accent « d’ailleurs » répond
avec courtoisie, tout en baissant le ton : « L’orage se
lève à l’horizon. » C’est le commandant Manuel !

    Avant que je prenne

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