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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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nouvelle ration de sucre. Il demande de mes
nouvelles et scrute mon visage. Je suis obsédé par
le trésor dilapidé : que va-t-il dire ? Je profite de sa
gentillesse attendrie pour tout avouer.

    À la fin, il me félicite de mon initiative. D’un coup,
ma convalescence s’achève : je me sens pratiquement guéri.

    Je lui communique le courrier que m’a apporté
*Germain. Il m’indique les réponses à faire aux uns
et aux autres puis m’annonce son désir de dicter à
*Mado un rapport exigeant une mise en page spéciale. Il s’agit de la présentation typographique de
son commentaire des documents recueillis chez
Linarès par Schmidt. Il souhaite la guider durant la
dictée.

    Je propose de lui communiquer l’adresse de * Mado
en banlieue, mais il refuse, préférant qu’elle vienne
travailler demain matin dans l’appartement des
Moret.

    Mardi 8 décembre 1942

     

    La vie reprend ses droits

    *Mado, prévenue par *Germain, arrive en avance.
Elle est légèrement fardée. Comme Mme Bedat-Gerbaut il y a quelques jours, cette coquetterie la rajeunit. Tandis qu’elle s’inquiète de mon état — « Vous
n’étiez déjà pas si gros » —, un coup de sonnette
l’interrompt : * Rex entre.

    C’est la première fois qu’il rencontre * Mado. Elle
a installé sa grosse Remington sur la table de la salle
à manger. Aussitôt, il commence à dicter ses commentaires. Au fur et à mesure, il lui indique l’ordre
de la présentation et les passages des documents du
colonel de Linarès à recopier en italique. Excellente
secrétaire, elle s’exécute sans la moindre hésitation.

    Après avoir achevé une page, * Rex la relit puis
félicite * Mado pour la qualité de son travail. Pendant
ce temps, je trie le courrier apporté par * Germain.
Quand * Rex a fini, il me demande de l’accompagner.

    C’est ma première sortie. Tandis que je m’emmitoufle dans un manteau prêté par M. Moret, * Mado
nous quitte. Nous la retrouvons sur les quais, à l’arrêt
du tramway. Lorsqu’il stoppe, nous montons tous les
trois dans la remorque vide. Je suis debout à l’arrière
avec * Rex, tandis que * Mado s’installe à l’avant.
Feignant de nous ignorer, elle contemple attentivement un paysage qu’elle connaît de longue date.

    *Rex me donne ses instructions pour la semaine. Il
veut d’abord revoir * Francis, dont il vient d’apprendre
l’évasion durant son transfert de la prison de
Montpellier au camp d’internement deSaint-Paul-d’Eyjeaux 21 . Il me demande ensuite de préparer
une réunion le 11 décembre avec les socialistes de
Marseille. Il espère les convaincre de surseoir à leur
initiative de comité politique, qu’il juge dangereuse
pour l’avenir de la Résistance.

    Tout en parlant, il regarde * Mado à la dérobée.
Menue sur ses hauts talons, coquette, bien maquillée,
son visage volontaire est au mieux de son éclat.
Quand le tram s’arrête à l’Opéra, il se penche vers
moi, tandis qu’elle s’apprête à descendre : « Si elle
est arrêtée, croyez-vous qu’elle tiendra le coup ?

    — J’en réponds comme de moi-même. »

    Je suis fier de chaque membre de ma petiteéquipe, dont j’observe tous les jours le dévouement
sans limites. C’est dire ma surprise offusquée que le
patron puisse douter de leur courage.

    Après avoir quitté * Rex place Bellecour, je dois
bien m’avouer que j’ignore la réponse à sa question,
qu’elle concerne * Mado, * Germain, Suzette ou moi-même. De plus, à l’inverse de * Germain, je connais
peu cette jeune femme discrète. Seule garantie : je
suis sûr de mon instinct. Mais est-ce bien sérieux
dans la Résistance ?

    Depuis qu’elle travaille avec moi, je la rencontre
de temps à autre pour lui apporter les papiers à
dactylographier ou certaines parties de rapports à
coder. Elle est rapide, disponible à toute heure et
tous les jours de la semaine. Mon équipe a tacitement
souscrit à cette règle : ni dimanche ni vacances,
tout pour le secrétariat.

    Jamais * Mado ne s’est plainte de ces tâches, dont
une partie s’effectue le dimanche et qui, en semaine,
l’obligent souvent à veiller le soir aussi tard que moi.
Il en va de même de Mmes Moret et Bedat-Gerbaut.
Toutes font preuve de dévouement et d’un patriotisme identique à celui de mes camarades de la
France libre.

    Néanmoins, en garantissant le courage de * Mado
sous la torture, je me suis engagé imprudemment.
Comme tous les résistants,

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