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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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troupes. Et le parti communiste ? Comment
l’intégrez-vous dans la Résistance que vous appelez
gaulliste ?

    — Le parti communiste n’est pas à l’ordre du jour.
En zone sud, il est de peu de poids, et le Front
national est inexistant.

    — Vous vous contredisez : vous demandez leur
caution à tous les partis pour légitimer de Gaulle ;
s’ils ne représentent rien, pourquoi les solliciter ? »

    Selon * Danvers, * Rex escamote un détail capital :
les mouvements ne se sont développés que grâce
aux sommes considérables qu’il leur distribue. Elles
leur offrent les moyens de publier des tracts, des
journaux, d’entretenir agents de liaison, secrétaires
et responsables et d’être présents dans tous les
départements. Les partis, eux, se sont reconstitués
grâce au dévouement de leurs cadres et de leurs
militants, sans aucun secours matériel de De Gaulle.
Il insiste sur ce fait. Après la Libération, comme l’a
bien analysé Léon Blum, les mouvements disparaîtront dès qu’ils ne recevront plus de subsides. À
moins que * Rex n’ait le projet de les transformer en
parti unique…

    *Rex est attentif à cet argument, que j’ai déjà
entendu.

    *Danvers attire son attention sur l’absence de
doctrine des mouvements : leur programme n’est
constitué que des miettes mal assimilées de celui
des socialistes. Ils ont fabriqué un salmigondis de
propositions démagogiques, tandis que leurs dirigeants ne sont pas élus par des militants, mais
cooptés : la clandestinité s’oppose aux discussions
publiques, à la tenue de congrès. Enfin, les dirigeants
n’ont aucune expérience des mécanismes de la viedémocratique. Leur façon de discuter, ou plutôt de
commander, ressemble à celle des partis fascistes.

    Emporté par son éloquence, * Danvers transforme
son exposé en réquisitoire. Il entame un procès à
propos des campagnes de dénigrement de Frenay
contre les partis politiques, qui, selon lui, « inquiètent tous les démocrates ». L’Armée secrète, qu’il a
créée et commandée, représente un véritable danger fasciste : « N’oubliez pas que c’est contre ces
pratiques et ces doctrines que la Résistance s’est
dressée. »

    *Danvers a à peine prononcé ces mots que *Rex
monte à l’assaut : « Je ne vous laisserai pas porter
un jugement outrageant sur l’un de nos camarades
de la Résistance les plus courageux. Ce sont avec de
telles calomnies que l’on a détruit la vie démocratique française. Je me battrai contre le retour de tels
procédés. » * Rex ajoute : « Soyons clairs, * Charvet
est un des pionniers de la Résistance ; il a créé et
dirigé un des mouvements les plus efficaces de toute
la Résistance ; il mérite à ce titre notre estime. Qu’il
ait pris des positions parfois aventureuses politiquement, que son caractère autoritaire agace ses
camarades, qu’il soit souvent incommode, c’est possible. Mais dans les moments difficiles qu’a traversés la France combattante, il a été sans tache. Que
ce soit vis-à-vis du général de La Laurencie, du général Giraud ou de Darlan aujourd’hui, il a toujours
fait preuve de loyauté sans faille à l’égard de De
Gaulle. Je vous rappelle que lorsqu’il a reconnu s’être
trompé sur le Maréchal, sa condamnation publique
de Vichy a été sans appel. Ce n’est pas sans mérite
de sa part, puisqu’il est militaire, qu’il admirait
Pétain et qu’il fut partisan de son régime. »

    Quant à l’Armée secrète, bien que Frenay en soitle créateur, * Rex précise qu’elle résulte de la fusion
des trois mouvements. Le général Delestraint en
est le chef indépendant, nommé par de Gaulle : elle
n’appartient pas à Frenay et ne pourra jamais se
transformer en parti politique.

    « Je n’accepte pas que vous accusiez * Charvet
[Frenay] d’être un fasciste, conclut-il. C’est à la fois
faux et nuisible à la cohésion de la Résistance. Pour
la qualité de nos relations, je préfère oublier ce que
j’ai entendu. »

    Je suis étonné de l’âpreté du patron à défendre
Frenay. J’ai encore à l’oreille les critiques acerbes
qu’il a maintes fois formulées devant moi en des
termes d’une violence identique à celle de * Danvers.
Pourquoi le défend-il aujourd’hui avec tant de
vigueur ? Lorsque Bidault formule des remarques
bien plus acides, * Rex sourit.

    D’autant que les attaques de * Danvers ne sont pas
vraiment calomnieuses : à l’exception

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