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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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Résistance soient préférables ? Ce
sont eux qui ont l’argent, les liaisons et les armes. »

    Manuel manifeste une autre crainte : « Ce ne sera
pas facile de convaincre de Gaulle de réhabiliter les
partis.

    — Le Général est réaliste, coupe * Rex. Le pouvoir
exige des concessions : il faut parfois reculer pour
vaincre. C’est un stratège, il comprendra. »

    Bidault, résigné, lance de son côté : « Préparez-vousà une grosse colère de * Charvet ! » * Rex s’en amuse :
« J’aurai droit à une nouvelle encyclique. Ce ne sera
ni la première, ni la dernière. » C’est le mot de la fin.

    Je raccompagne * Rex jusqu’à chez lui. « Venez
demain après-midi, je vous donnerai le rapport que
je vais rédiger. Vous devrez le coder dans la nuit
afin qu’il soit prêt lundi pour le début des opérations de la nouvelle lune. »

    Est-ce à cause de l’automne ? Le drame d’Alger a
ouvert une période de désarroi, aggravée ces derniers jours par la triste lâcheté de Gide et Valéry,
mes maîtres révérés. * Rex avait demandé à * Lorrain
de les contacter afin d’obtenir leur adhésion à de
Gaulle. L’initiative de * Rex agitait un grand espoir,
et je ne doutais pas que ces deux gloires deviendraient les recrues les plus spectaculaires de la
France libre.

    Quelle ne fut pas ma déconvenue lorsque je transmis leur refus à * Rex  : Gide, parce qu’il estimait avoir
atteint l’âge où les engagements sont clos ; Valéry,
parce que Pétain l’avait accueilli sous la Coupole et
qu’il jugeait inélégant d’apporter une caution à son
adversaire, même s’il se disait de tout cœur avec de
Gaulle.

    Ces défections m’ont scandalisé. Mes camarades
chasseurs, ceux de la Résistance offrent leur vie
pour la victoire. D’autres offrent leur « cœur »…
impuissant.

    Dimanche 13 décembre 1942

     

    Le bonheur avec Cheveigné

    Depuis le débarquement, mon travail et ma vie
subissent une mutation. * Rex multiplie rendez-vous,
rapports et réunions, et les difficultés des transmissions m’accaparent. Durant ma maladie, j’ai pris
conscience du développement accéléré des correspondants et des services. De nouvelles liaisons se
sont ajoutées avec les chefs syndicalistes et les
hommes politiques, quelquefois à longue distance,
comme pour les socialistes de Marseille.

    Du coup, le travail dévore mon existence, si tant
est qu’il ne le faisait pas auparavant. Je n’ai plus le
temps de déjeuner et me contente d’avaler des rondelles de tomate entre deux tranches de pain humide
et brun, auquel je ne m’habitue pas.

    Mes rendez-vous chez Colette avec Maurice de
Cheveigné se sont espacés depuis sa rencontre avec*Simon 29 , le chef du réseau d’évasions Brandy, que
*Rex finance par mon intermédiaire.

    En panne de transmissions radio, * Simon m’a
demandé de l’aide. Je lui ai envoyé Cheveigné, qui a
profité des relations de * Simon à la campagne pour
multiplier ses lieux d’émission. De plus, il lui a permis de quitter sa chambre en l’hébergeant, avec
quelques camarades de son réseau, dans la maison
qu’il loue près du parc de la Tête-d’Or. C’est un avantage pour la sécurité des transmissions, mais un
vide supplémentaire dans ma vie.

    De temps à autre, je prends encore mon petitdéjeuner avec Cheveigné et, le dimanche, partage
parfois un repas en sa compagnie. Durant ces instants, où nous revivons un bonheur nostalgique, j’ai
l’impression de partir en vacances. Grâce à notre
imagination et à nos souvenirs, nous changeons de
temps et de lieu. Au moment de nous séparer, nous
sommes surpris de nous retrouver à Lyon, que nous
n’avons quitté qu’en pensée.

    Ces rencontres m’apportent un autre dépaysement : je suis curieux de connaître son opinion sur
les projets politiques de la Résistance. Son insouciance, sa joie de vivre dynamitent le cadre rigoureux auquel je suis habitué. Même si je suis parfois
agacé par sa puérilité, je me garde bien de le manifester tant ces instants en apesanteur m’apportent
du réconfort.

    Ce dimanche, je lui demande à brûle-pourpoint :
« Que penses-tu des partis politiques de la III e  République ? » Il me regarde avec des yeux ronds : « Toi
qui admires Les Thibault , tu as la réponse : rien n’a
changé. Les partis bourgeois ont trahi la France, et
les partis ouvriers le peuple. Il n’y a pas besoin de
les anéantir : ils ont tous

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