Alias Caracalla
militaire de la France ; sur le plan politique,
le Comité national français présidé par le général
de Gaulle représente la France. Il faut tout faire
pour renforcer sa légitimité, c’est-à-dire fédérer les
résistances pour en faire un mouvement national.
C’est le sens de la création du Comité de coordination, destiné à diriger la zone sud.
*Rex rappelle que le rôle du CGE (l’ancien Comité
général des experts, rebaptisé « Comité général des
études ») est de préparer l’épuration administrative,
la nomination du nouveau personnel et les mesures
d’urgence à prendre au moment de la Libération,
ainsi que l’étude d’institutions nouvelles.
Il confirme que le Général a demandé à tous les
groupes de résistance indépendants des trois principaux mouvements de zone sud d’y verser leurs militants. C’est le cas du groupe * Froment. * Rex souhaite
qu’il accepte les instructions du Général et rejoigne
le mouvement de son choix.
*Rex parcourt l’assemblée du regard. Sans s’adresser à aucun participant en particulier, il formule
une question : « Je vous demande de m’éclairer sur
un point que j’ai quelque difficulté à comprendre :Quelle est la nature des relations entre le CAS et le
réseau * Froment ?
— Le CAS a une activité de propagande politique,
lance * Danvers. Le réseau * Froment, lui, possède un
réseau de renseignements, un groupe paramilitaire
et un journal, Le Populaire 28 . Il est né en même temps
que les autres : Pourquoi n’est-il pas considéré
comme un mouvement ? »
*Tourne suit attentivement l’échange et demande
la parole. D’un ton agressif, il dénonce l’injustice
des directives de Londres : « Les trois grands mouvements sont constitués en majorité de militants
socialistes auxquels Léon Blum a prescrit de s’engager. Pourtant, les socialistes ne sont représentés, en
tant que tels, dans aucun organe de direction.
— Le ratio que vous indiquez est contesté par les
mouvements, réplique * Rex. Je vous exhorte à l’union,
gage de l’efficacité des luttes contre l’occupant. Dans
une armée, le chef commande, les troupes obéissent ! »
*Tourne se renfrogne. Il fait signe qu’il veut répondre. Les derniers mots de * Rex, prononcés avec
fermeté, ont modifié l’atmosphère. Je ressens physiquement qu’une volonté commune soude les
socialistes : * Rex est brusquement isolé. Sans doute
perçoit-il lui-même ce changement. Son visage se
ferme.
Dès qu’il a achevé une cigarette, il en allume une
autre et aspire longuement une bouffée. * Tournemartèle qu’il ne réclame le sacrifice de personne,
mais exige son dû pour le parti socialiste, traité en
paria : « Je suis scandalisé qu’il n’ait pas sa place
dans le nouveau Comité de coordination. Le Général
doit nous donner la place que nous méritons. »
*Danvers prend le relais, mais avec une flamme
plus sympathique. Avec * Brémond, il est le plus
convaincant des assistants : « Philip est un résistant
de la première heure. Il a voté contre Pétain en
juillet 1940. C’est lui qui apporte sa légitimité au
comité de Londres. La Résistance sera socialiste ou
ne sera pas ! Ce n’est pas autour des valeurs de la
droite nationaliste et cocardière que la France se
refera, mais à partir de celles du Front populaire.
— Il serait plus exact, coupe * Rex, de dire que la
Résistance sera républicaine ou ne sera pas. » Les
assistants s’agitent sur leurs chaises. Ils ne semblent
nullement convaincus. Dans ce milieu, le nom du
Général, même associé à la démocratie, n’est pas un
sésame politique.
*Danvers prend un air débonnaire : « Pourquoi
les trois chefs de la zone sud dirigent-ils seuls la
Résistance ? Il y a quelque malhonnêteté à nous
demander de légitimer de Gaulle et de nous refuser de
participer à l’orientation politique de la Résistance.
— Vous parlez de malhonnêteté, réplique * Rex. Je
veux croire qu’il ne s’agit que d’une incertitude de
vocabulaire. Vous oubliez les circonstances dramatiques qui conduisent à l’effacement de la France
combattante. Au moment où le régime de Vichy
retrouve une honorabilité en rejoignant le camp allié
en Afrique du Nord, la Résistance doit faire bloc.
— Ce n’est pas en rejetant les anciens partis que
la Résistance sera plus forte, répond * Danvers. Je
m’étonne que vous affirmiez que les partis soientsans
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