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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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Comité de coordination. Dans le cours de notre
conversation, * Rex en vient à évoquer la défaite, qu’il
explique par un ensemble de défaillances humaines,
politiques et militaires. Ayant lu en Angleterre des
ouvrages sur le sujet, j’ai la certitude d’en connaître
au moins une et m’enhardis à l’exposer.

    « Pierre Cot, dis-je d’un ton vigoureux, est un
des principaux responsables de la défaite. C’est un
misérable traître : il a livré nos avions aux républicains espagnols, nos secrets militaires aux Russes et
a saboté le réarmement en détruisant notre industrie. J’espère qu’il sera fusillé à la Libération. »

    Tout en débitant mes imprécations, je perçois
dans son regard une colère contenue, qui vire soudain au mépris : « Pierre Cot est un patriote courageux. C’est un héros de la Grande Guerre. Engagé
à dix-sept ans, il a terminé lieutenant et a été
décoré de la Légion d’honneur sur le champ de
bataille. On lui rendra justice le moment venu. » Il
ajoute : « Quand on ignore tout d’une question, on
se tait. »

    Sa dernière phrase a le tranchant de la guillotine.
Heureusement, le tramway arrive. Nous montons en
silence. Debout dans un coin, je n’ose le regarder.
Durant le parcours, lui-même ne dit mot. Décontenancé par la violence de sa réaction, je m’interroge :
Pourquoi cet homme, qui, dès notre première rencontre, a écouté avec bienveillance mes opinions
« extrêmes » et qui m’a fait confiance en dépit de
leur aveu, se formalise-t-il face à la vérité ? Une vérité
que je partage avec mes camarades d’Angleterre ; en
dépit de nuances, tous les volontaires sont d’accord
sur ce point, confirmé d’ailleurs par les ouvrages que
j’ai lus sur la défaite : durant la bataille de France,
il n’y eut aucun avion dans le ciel. C’est un fait.

    L’homme responsable de cette carence n’est-il
pas un traître ? Avoir été un héros de la Grande
Guerre ne l’excuse en rien : Pétain n’en est-il pas
un, lui aussi ? Nous savons tous que de Gaulle a
refusé l’engagement de Pierre Cot dans la France
libre, à la suite de quoi il s’est « planqué » aux États-Unis. Enfin, nous avons appris par les journaux
qu’il n’a même pas eu le courage de se constituer
prisonnier en France afin de s’expliquer devant les
juges de Riom.

    Seul contre tous, * Rex défend pourtant Pierre Cot.Pourquoi 1  ?

    À notre arrivée devant la propriété, je lui remets
les documents. Je retourne ensuite dans le centre
afin de préparer un rendez-vous entre le colonel
*Veni et le général Delestraint, qui souhaite évaluer
les possibilités militaires des socialistes. Je dois rencontrer également * Villiers, qui désire un rendez-vous
avec * Rex pour motiver la création d’un Comité exécutif, dont il est l’ardent propagateur.

    Durant mon retour en ville, je réfléchis à l’accrochage avec * Rex. Je ne comprends toujours pas la
cause de sa colère. Ayant rejoint Delestraint, je ne
m’attarde pas à chercher la réponse.

    Mercredi 16 décembre 1942

     

    Le problème des institutions

    Le débarquement en Afrique du Nord a posé à
*Rex de nouveaux problèmes, qu’il doit s’efforcer de
résoudre. Parmi ceux-ci, les institutions à mettre en
place à mesure de la libération du territoire le préoccupent. Il en discute lors de dîners avec Georges
Bidault.

    Ce soir, ils s’interrogent tous deux sur la méthode
à employer pour renforcer l’exécutif, qui a fait preuve
de tant de faiblesses avant l’armistice. Faut-il rétablir un régime parlementaire, style III e  République,
ou inventer un régime présidentiel proche du modèle
américain ? Dans la première hypothèse, doit-on
renforcer les pouvoirs du président du Conseil, en
cantonnant le président de la République à un rôle
de symbole de l’unité nationale ? « Dans ce cas, dit
*Rex, il faudra choisir un intellectuel comme président. »

    Après un temps, il ajoute : « Son rôle politique
sera aussi effacé que celui de ses prédécesseurs, mais,
après ces années misérables, la France aura besoin
de retrouver son éclat culturel. Pourquoi pas Paul
Valéry ? Peut-on espérer mieux pour le rayonnement
de la France ? » Bidault ne répond pas. Cela me paraît
pourtant une solution pleinement justifiée, tant est
grande mon admiration pour l’écrivain, en dépit de
son refus de s’engager dans la Résistance parce qu’il
est le

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