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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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patron

    Lorsque * Rex arrive, tôt ce matin, à la gare de Lyon,
nous allons nous asseoir dans un café voisin, où il
me demande, une fois de plus : « Avez-vous déchiffré les textes des télégrammes que * Grammont vous
a expédiés ? »

    Je ne peux que lui répéter que, sans la nouvelle
clef, je ne peux rien décoder. « Le BCRA est vraiment nul ! Ça fait maintenant trois semaines que je
suis sans informations de Philip, alors même que la
situation est dramatique. »

    Il me demande de télégraphier immédiatement
pour réclamer, une fois de plus, la réexpédition des
câbles indéchiffrables dans son ancien code et l’envoi
de la nouvelle clef. Ce paquet de télégrammes muets
le tourmente d’autant plus que les difficultés qu’il
rencontre avec * Passy et * Brumaire lui font craindre
le pire : « Ils sont capables de tout ! »

    *Rex a réclamé à plusieurs reprises l’envoi de collaborateurs pour Delestraint et lui-même. Peut-être
les câbles contiennent-ils des informations précises
au sujet de la venue de ceux-ci : * Morinaud 19 , Pélabon,*Saint-Jacques 20 , Jacques Bingen et*Sauvier 21  ? 22

    Au fil des jours, grâce à la position que j’occupe,
j’ai pu rencontrer les états-majors de la Résistance.
En fait de troupes, je ne connais que la douzaine de
filles et de garçons que j’ai recrutés pour le secrétariat, mais je constate que les résistants, décimés par
les arrestations, sont très peu nombreux. Les listes
que j’expédie à Londres ont beau faire état de quatre-vingt mille hommes pour la zone sud et à peu près
autant pour la zone nord, j’ai l’impression qu’ils sont
beaucoup moins. J’espère qu’il en restera encore au
jour de la bataille et que quelques-uns d’entre eux
pourront se battre.

    De plus, les troupes rassemblées manquent de
cadres. Et quant à leur mobilité, il va de soi que les
Allemands interdiront toute circulation le jour J et
qu’il leur sera facile d’arrêter les trains, comme on
me l’a appris en Angleterre. Je suis convaincu que
cette armée servira surtout à occuper les services
publics, les mairies et les préfectures des grandes
villes, et surtout de Paris et Lyon. Finalement, les
troupes que nous essayons de rassembler pour combattre les Boches serviront surtout, après le départ
de ceux-ci, à liquider les cadres de Vichy.

    Moi qui voulais me battre, j’aurais mieux fait de
partir en Afrique, où mes camarades font une vraie
guerre, avec canons, mitrailleuses et fusils.

    Dimanche 11 avril 1943

     

    Delestraint à Paris

    Après avoir épluché le courrier que je lui apporte,
*Rex me demande de prévoir un logement pour le
général Delestraint, qui arrive en fin d’après-midi à
Paris. Ayant déjà plusieurs rendez-vous pour distribuer des sommes importantes, je l’avertis qu’il est
trop tard pour les décommander : « Je ferai le nécessaire pour le loger, mais je ne pourrai le conduire
moi-même à son appartement. Après l’avoir accueilli
gare de Lyon, je le confierai à * Germain.

    — L’important est qu’il soit logé. »

    Dans mon petit domaine, il n’intervient jamais.
J’ai toute liberté pour l’exécution : seul importe le
résultat. Je me garde toutefois de lui avouer que
j’ignore comment dénicher une chambre dans un si
bref délai.

    Au cours de mon rendez-vous quotidien avec
*Violaine, responsable des logements du service
d’Ayral, je lui transmets ma demande. Elle me rassure : elle a une amie à Neuilly, propriétaire d’un
hôtel particulier, qui a accepté d’héberger des résistants. Tout sera prêt à l’heure dite.

    En fin d’après-midi, je me rends gare de Lyon, à
l’arrivée du train, en compagnie de * Germain. Je
repère vite le général parmi les voyageurs. Son élégance désuète, la grosse Légion d’honneur dont il
orne sa boutonnière, sa silhouette cambrée lui donnent une allure, hélas, trop remarquable parmi la
médiocrité vestimentaire des voyageurs.

    Craignant qu’il ne s’abandonne à quelque formule
de politesse intempestive, je reste sur mes gardes.Afin de l’obliger à se cantonner dans des banalités
de bon aloi, je lui pose aussitôt quelques questions
oiseuses sur son voyage : fatigue du trajet, beauté
des paysages, menu du wagon-restaurant, etc.

    L’entraînant à l’écart, je le confie à * Germain et le
prie de me pardonner de ne pouvoir l’accompagner : * Germain le conduira en métro, puis l’abandonnera non

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