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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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la gare au retour. Nous étions seuls pour des raisons de sécurité.

 
    V

     

    CALUIRE

XVII

     

    *REX SEUL CONTRE TOUS

     

    1 er -23 juin 1943

    Mardi 1 er juin 1943

     

    Au Catalan avec Pierre Kaan

    Avec Kaan, Le Catalan est devenu notre cantine.
J’ai pris goût à l’exotisme des clients : Dominguez,
le peintre dont on dit qu’il est l’amant de l’insatiable
« Marie-Laure » ; le surprenant « baron » Mollet,
ancien secrétaire d’Apollinaire, et puis Picasso, la
grande vedette.

    Bien que ne connaissant personne, je suis devenu
un familier de ce lieu unique. Kaan me désigne chacun par son identité : tics, œuvres, amis. Bien qu’ici
la Résistance semble étrangère, c’est pour régler sa
marche que nous nous rencontrons tous les deux.

    Comme il m’interroge sur le retour de * Rex — il
est parti avant-hier —, j’avoue mon ignorance.
« Demandez-lui la prochaine fois. Il doit passer plus
de temps ici, car c’est ici qu’a eu lieu la première
réunion du Conseil de la Résistance. Elle a installé
un privilège sur l’ensemble de la Résistance que personne ne veut abandonner.

    — Quel privilège ?

    — Vous ne croyez pas, j’espère, que les chefs desmouvements de zone sud viennent simplement visiter Paris. Ils entendent créer un Comité directeur des
mouvements opposé au Conseil de la Résistance. »

    Je suis conscient de ces manœuvres, mais j’ai
toujours cru que * Rex parviendrait à s’y opposer.
Comme j’explique mes pensées à Kaan, il se moque
de moi : « Vous imaginez-vous vraiment que huit
chefs de la Résistance se réunissent à Paris pour
discuter de leurs vacances ? * Rex doit déjà les
convaincre de réduire leur nombre à cinq pour
devenir le Comité directeur du Conseil. * Charvet
[Frenay] n’a qu’un but  : rejoindre Londres afin de
faire sauter * Rex avant la première réunion des
deux comités directeurs. »

    En l’écoutant, je comprends brusquement la
complexité de la situation que, naïvement, je croyais
dénouée par la première séance du Conseil de la
Résistance, le 27 mai. En réalité, celle-ci a permis
de masquer le but ultime de certains résistants :
liquider * Rex.

    La question en suspens est celle du poids réel du
patron à Londres. « Je ne connais * Rex que depuis
trois mois, dit Kaan, mais j’observe en zone nord
un fort courant contre lui mené par * Brumaire. Le
Général a eu besoin de * Rex pour créer le Conseil
de la Résistance. Cela s’est fait par un simple télégramme, le 8 mai. Mais il semble qu’aujourd’hui il
ne corresponde plus à ce que le Général attend. »

    Tout à coup, l’avenir paraît s’assombrir pour * Rex :
N’est-il pas « fini », pour de Gaulle ? Lorsque Frenay
arrivera à Londres, les trois fondateurs de la
Résistance de la zone sud seront présents. De quel
poids pèsera alors le patron ?

    Kaan interrompt mes réflexions : « Pour comprendre les conséquences de la situation de * Rex, vousdevez oublier les sentiments que vous lui portez.
Ils ne correspondent en rien à sa position dans la
France libre. Je devrais même dire avec de Gaulle,
puisqu’il n’existe que par lui. »

    J’en veux à Kaan d’ébranler mes certitudes, moi
qui crois depuis toujours que * Rex est invulnérable.
Mais aujourd’hui, l’est-il vraiment ?

    Mercredi 2 juin 1943

     

    À Lyon avec * Rex

    Avec le temps, mes voyages à Lyon sont devenus
une de mes tâches obligées. Pourtant, la réunion du
Conseil de la Résistance à Paris a modifié le rythme
de mon travail : toute la Résistance est à Paris, et tout
le monde veut rencontrer * Rex dès son retour. Or la
date de ce retour est la seule question à laquelle je
suis incapable de répondre.

    Trois jours après son départ, chaque résistant
parisien découvre qu’il a quelque chose de décisif à
lui confier. En outre, ses départs de Paris à Lyon
provoquent l’animosité de plusieurs chefs de zone
sud : « À quoi sert-il ? On ne peut jamais le voir ! »

    Il semble que Paris soit redevenue la capitale de
la France et que tous les problèmes doivent y être
traités. C’est ainsi, en tous les cas, que les représentants des syndicats, des anciens partis et des mouvements de résistance vivent la situation.

    Au secrétariat de * Grammont, je lis parmi les
papiers un télégramme de * Rex :

Mars [Delestraint] et moi avons formellement
demandé il y a trois mois personnel pour

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