Alias Caracalla
réclame d’envoyer la nouvelle feuille
semestrielle des cartes d’alimentation.
Dimanche 30 mai 1943
Les alibis de la Résistance
Comme à chacun de ses départs, j’accompagne * Rex
gare deLyon 33 . Sur le quai, il répète ses recommandations habituelles : « Gardez le contact avec moi
tous les jours. Descendez à Lyon deux fois par
semaine. En cas d’urgence, venez immédiatement. »
Il s’installe dans le compartiment. Autour de nous,
les voyageurs baissent les glaces des voitures dans
le brouhaha des adieux. Il se penche vers moi et
s’écrie : « N’attendez pas le départ. Tenez-moi au
courant des expositions que vous visiterez ! »
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1 . J’ai découvert en écrivant sa biographie que cette allégresse
avait aussi d’autres raisons. Il passa la semaine à courir les galeries parisiennes avec Colette Pons, la directrice de sa galerie
niçoise. J’ai retrouvé dans les archives de cette dernière une lettre
de Jean Moulin du 24 avril 1943 évoquant le plaisir que lui
avaient procuré ces visites. Je l’avais moi-même constaté un jour
où Moulin m’avait donné rendez-vous pour travailler dans un
appartement près du métro Villiers. Pierre Meunier ( * Morlaix) et
Robert Chambeiron ( * Champion) s’y trouvaient, ainsi que Colette
Pons, que je ne connaissais pas encore. Je revois la scène :
lorsqu’on me fit entrer au salon, Jean Moulin parlait entouré de
ses amis. Il avait rajeuni et riait comme un jeune homme.
2 . André Manuel m’a souvent raconté que, dans une lettre de
Pierre Brossolette ( * Brumaire) envoyée de France à André
Dewavrin ( * Passy) à l’automne de 1943, qu’il avait lue par hasard,
Brossolette évoquait sa descente des Champs-Élysées aux côtés
du Général.
3 . Cette commission fut effectivement constituée sous le nom
de « Bureau » en septembre 1943 et fut présidée par Georges
Bidault.
4 . Francis-Louis Closon.
5 . André Jarrot.
6 . Paul Rivière.
7 . Pseudo de Jacques Bingen que j’ignorais, car je ne le connaissais que par son nom véritable.
8 . En 1977, après l’émission de télévision « Les Dossiers de
l’écran », à laquelle je participais en compagnie d’Henri Frenay,
c’est le souvenir de cette réplique au mot près — qui m’avait
frappé par la précision qu’elle apportait sur les opinions de Jean
Moulin — qui avait déterminé ma volonté de répondre aux accusations de l’ancien chef de Combat, estimant que Moulin était un
« cryptocommuniste ». Cette phrase ainsi que la décision de
Moulin de ne pas verser leur mensualité aux FTP furent à l’origine de mon engagement dans la recherche de toute la vérité sur
la mission de Jean Moulin.
9 . Roger Coquoin.
10 . Jean Moulin rédigea un télégramme daté du lendemain qui
répondait à tous les télégrammes enfin décodés. On peut lire,
dans le rapport hebdomadaire rédigé le 3 mai par la section du
capitaine Lagier ( * Bienvenue) : « [L’organisation de l’Armée
secrète en zone nord] est en bonne voie mais par contre en zone
sud il n’en va pas de même par suite de l’affaire de Nef [Frenay]. »
Effectivement, Moulin écrit : « […] situation très grave en zone
sud. […] Nef a envoyé émissaire personnel en zone nord pour
amener mouvements à prendre même attitude indépendance à
l’égard général de Gaulle et ses services […]. » Moulin signale
l’envoi du général Davet en Suisse, « avec mission établir liaison
avec Américains et obtenir aide financière et technique. […] Nef
aurait gardé Américain passage avion direct Algérie pour liaison
Eisenhower et Giraud — Question confiance se pose. »
11 . J’ai retrouvé ce renseignement dont je n’avais aucun souvenir dans le livre de Francis-Louis Closon ( * Coulanges), Le Temps
des passions. De Jean Moulin à la Libération. 1943-1944 , Presses
de la cité, 1974. Je le situais dans un appartement que Paul Bastid
nous avait procuré au-dessus de chez lui.
12 . Il est vrai que Pierre Brossolette ( * Brumaire) n’était pas en
reste dans ses critiques à l’égard de Jean Moulin, comme me le
confièrent après son départ des responsables des mouvements
Libération, Ceux de la Résistance et Ceux de la Libération.
13 . Michel Pichard.
14 . Pierre Deshayes.
15 . J’ai retrouvé le procès-verbal de cette séance du 28 avril 1943,
dans lequel je lis, après
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