Alias Caracalla
délirantes de * Bernard [d’Astier] et * Charvet [Frenay]. Entre
*Sermois et moi, le Général choisira. »
Pour le reste, rapide comme toujours, * Rex répond
aux uns et aux autres, tandis que, durant le déjeuner,
il m’interroge sur l’attitude de ceux dont il sait qu’ils
sont ses adversaires.
Mercredi 9 juin 1943
Télégramme inquiétant
Dès mon retour à Paris, j’exécute le programme
dicté par * Rex. Puis, à 1 heure, je déjeune avec Paul
Schmidt.
Les mois que nous avons passés ensemble, en zone
libre puis en zone occupée, ont forgé entre nous une
réelle intimité. Des trois officiers de liaison de zonenord, c’est avec lui que mes relations sont les plus
« suivies ».
Schmidt représente mon lien permanent avec la
masse des résistants que je ne connais pas. Ce qu’il
me confie de ses accrochages avec les uns et les autres
me révèle une Résistance que j’ignore. L’inverse est
vrai aussi : les envoyés de Londres ne connaissent
pas les difficultés que rencontre * Rex pour exercer
son autorité sur les chefs des mouvements.
Aujourd’hui, j’interroge Schmidt sur un détail qui
m’intéresse : celui des différences entre les deux
zones telles qu’il les éprouve dans son travail.
Il me répond sans détour : « La zone nord est plus
ouverte parce que l’organisation des mouvements
est moins planifiée que dans la zone sud. Au nord,
ils commencent seulement à se regrouper et à organiser leurs troupes avec les éléments qu’ils ont rassemblés par hasard. Les difficultés financières qu’ils
connaissent depuis deux ans et leur développement
solitaire dans une zone étroitement contrôlée par
les Boches, les ont marqués différemment qu’en zone
sud. Par ailleurs, chaque mouvement défend une
originalité de recrutement. De ce fait, ils demeurent
séparés. La seule chose qui les intéresse, ce sont les
armes pour se battre. De ce fait, les relations sont
plus faciles parce qu’ils croient que Londres peut
transformer leur vie. »
Schmidt m’interroge ensuite sur mes propres difficultés. « C’est très grand, Paris ! Et puis, j’y suis
seul : * Rex est toujours parti. Ça m’inquiète parce
que les résistants veulent le rencontrer et qu’il ne
sait jamais quand il rentrera. »
Schmidt me rassure au moins sur un point : « Ici,
les mouvements sont heureux d’avoir des gens qui
travaillent pour eux et avec eux. Par rapport à lazone sud, l’accueil qu’ils nous réservent est incroyable ! Ils veulent vraiment lutter contre les Boches.
C’est la nuit et le jour avec la zone sud, où les mouvements veulent d’abord exister “contre” Londres.
Ça m’étonnerait que tu ne ressentes pas cette différence. »
Il est vrai que, depuis deux mois et demi que je suis
en zone nord, je sens que l’atmosphère a changé
pour nous, que les résistants sont plus « gentils », à
l’exception toutefois de ceux de l’OCM, qui manifestent dès le premier jour une hostilité « à la
Frenay ».
Jeudi 10 juin 1943
Le général Delestraint arrêté
Parmi les papiers consultés ce matin au secrétariat de Lyon, j’en relève un qui me scandalise : * Rex
propose à Londres de lui expédier Joseph Darnand,
dégoûté de Vichy et « disposé à rallier unité combattante FFC ». Pour moi, Darnand est un traître que
rien ne doit sauver.
Parmi les textes apportés à * Rex, je lui montre un
télégramme expédié par le BCRA en zone nord,
concernant son prochain budget :
Veuillez exposer votre budget pour juin […] en
indiquant grandes lignes — Dites si désirez bien
cinquante millions titre relève — Si connaissons
principaux postes votre budget pourrons convaincre plus facilement Treasury.
En lisant le câble, * Rex ne peut s’empêcher d’assassiner celui qu’il croit être à l’origine de cette
demande : « J’ignore où * Bernard est le moins nuisible. »
Parmi les autres documents que j’apporte, figure
une modification des directives au sujet du maquis
du Vercors, dont la situation est considérée comme
compromise :
Le commandant et le chef de l’État-Major des
groupes du Vercors ont dû disparaître. Il faut
laisser pendant un certain temps le Vercors en
sommeil, et pour cela cesser de verser des subsides aux éléments qui y sont stationnés.
Cette annonce, après seulement quatre mois d’existence du maquis, m’effraye. Je ne peux m’empêcher
de penser aux sommes
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