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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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Bretagne entouré de preux chevaliers…

16 L’affaire Thomas Becket
    Le 4 octobre 1160, Constance de Castille, seconde femme de Louis VII, meurt brutalement en donnant naissance à une petite Aélis. À quarante ans, le roi de France se retrouve veuf avec quatre filles. Lorsque la nouvelle de la mort de Constance parvient à Aliénor et Henri, ils peuvent penser que la couronne de France s’approche de leur fils, Henri le Jeune. Le destin semble s’acharner sur le Capétien et tout faire, décidément, pour faciliter les desseins des Plantagenêt. Mais la nouvelle du décès de la reine est à peine arrivée aux oreilles des souverains anglais qu’une autre nouvelle la suit, tout aussi surprenante : Louis VII, à l’encontre de toutes les traditions, annonce son intention d’épouser Adèle, la plus jeune sœur du comte Henri de Champagne et de Thibaud de Blois. Le mariage est célébré quelques semaines plus tard, le 13 novembre. La rapidité du remariage de Louis montre à quel point il est obsédé par la peur de ne pas transmettre le trône à un « héritier issu de sa semence » et tient à « pourvoir tant au salut de sa race qu’à la protection de la res publica  », comme le souligne un contemporain du roi. C’est la seule justification à ce remariage dont la promptitude n’est pas du meilleur goût. Mais il n’est pas là question de sentiment, seulement de politique. Sur ce plan précisément, les historiens ont souvent reproché à Louis d’être un peu plus « tombé sous la coupe » de ces puissants vassaux dont les terres enserrent une partie du domaine royal et qui jouissent de ce fait d’une grande influence à la cour de Paris. C’est faire une analyse trop sommaire. Yves Sassier {43} le remarque très justement, par ce mariage le Capétien réalise une opération qui lui est très profitable : « … face au Plantagenêt, il consolide d’un coup une alliance politique dont le moins que l’on puisse dire, au vu de la défection récente du comte Thibaud ou de la neutralité du palatin Henri pendant la guerre de Toulouse, est qu’elle manquait singulièrement d’efficacité. Louis VII ne se rapproche pas seulement des comtes bléso-champenois en épousant leur sœur : le duc de Bourgogne, les deux principaux seigneurs du Perche, Rotrou III et Guillaume Gouet, le comte de Bar-le-Duc en terre d’empire deviennent ses beaux-frères ; le comte Guillaume III de Nevers et l’évêque de Troyes ses oncles. Le profit politique que le roi est en droit d’attendre de son mariage précipité est donc immense. »
    Aliénor et Henri ne peuvent pas rester sans réagir. Ils ont très bien compris, eux, l’habileté de la manœuvre du Capétien. Mais ils vont savoir faire preuve d’une habileté encore plus grande. Pour cela ils vont utiliser la voie diplomatique et la situation provoquée par l’opposition entre Alexandre III et Frédéric Barberousse.
    Lors de leur rencontre à la Pentecôte 1160, Louis et Henri avaient longuement parlé du schisme, d’autant qu’à ce moment-là le pape Alexandre venait d’excommunier son concurrent, l’antipape Victor IV, et, pour faire bonne mesure, l’empereur d’Allemagne lui-même. Il était évident que le roi de France et le roi d’Angleterre penchaient tous les deux pour le parti d’Alexandre, mais ils ne voulaient pas précipiter les choses et préféraient laisser leurs clergés respectifs prendre position. Ils avaient également décidé de reconnaître, quoi qu’il arrive, le même pape. Les clergés s’étaient réunis à plusieurs reprises et le parti d’Alexandre semblait l’emporter assez largement malgré la présence systématique de représentants de l’empereur qui s’étaient montrés acharnés à défendre la cause de Victor.
    À l’annonce faite du futur remariage de Louis VII, les souverains anglais reçoivent très ostensiblement des envoyés de Barberousse, ce qui ne manque pas d’alarmer au plus haut point les deux légats d’Alexandre III présents à la cour. En réalité, les Plantagenêt n’ont pas décidé de rallier le clan de l’antipape – d’autant qu’ils sont tout à fait conscients que le clergé anglais penche massivement pour Alexandre et que s’ils prennent une décision contraire, ils auront probablement à faire face à une fronde des prélats – mais ils savent que le soutien des riches souverains anglais est plus vital pour le pape Alexandre que celui d’un roi

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