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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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clairement qu’Henri reçut une éducation très poussée ; l’éducation complète d’un enfant destiné à porter une couronne, ce qui souligne l’ambition et la détermination des Angevins, de Geoffroy le Bel et de Mathilde, sûrs que l’Angleterre serait un jour à eux.
    Enfant, Henri avait d’abord été confié à un maître de Saintes qui passait pour être le meilleur versificateur de son époque. Il avait ensuite poursuivi ses études en Angleterre auprès de son oncle, Robert de Gloucester, lui aussi fin lettré. Pendant quatre ans – jusqu’à l’âge de treize ans – son précepteur avait été un certain Maître Mathieu que des historiens identifient comme son futur chancelier et évêque d’Angers. Après son séjour anglais, Henri était retourné en Normandie où il avait poursuivi ses études avec Guillaume de Conches qui avait lui-même été élève de Bernard de Chartres, un grammairien très renommé. Jean de Salisbury, également élève de ce grammairien, faisait preuve d’une grande admiration pour cet homme qui avait eu cette phrase restée célèbre : « Nous ne sommes que des nains juchés sur les épaules de géants. » Voilà un aperçu des hommes qui avaient formé le jeune Henri.
    Sa culture était unanimement louée, avec quelquefois un peu d’exagération. Il est clair que lorsque Gautier Map dit de lui qu’il parle le latin, le français et comprend toutes les langues de l’Atlantique au Jourdain, c’est évidemment très exagéré. Mais nous en retenons que, comme sa femme, Henri parlait plusieurs langues. Sa vie durant, le roi s’entourera de clercs et fera preuve d’une grande curiosité d’esprit ; il consacrera tous ses loisirs à la lecture. « Avec le roi d’Angleterre, écrira Pierre de Blois, on est chaque jour à l’école, en train d’engager une conversation constante avec les meilleurs maîtres et une discussion de problèmes intellectuels », et Giraud de Barri complétera le portrait en précisant que le Plantagenêt se consacre « aussi bien aux affaires des armes que de la toge, aux guerres qu’aux lettres ».
    Martin Aurell, dans son ouvrage très détaillé sur L’Empire des Plantagenêt {11} précise que pour les auteurs de son temps, Henri « apparaît aussi instruit et sage qu’il est habile et courageux au combat. Il opère, en sa personne, la parfaite synthèse du clerc et du chevalier ». En cela, le jeune comte d’Anjou s’inscrit dans la lignée angevine qui s’est cherché des origines dans l’exploit militaire alors que les grandes familles féodales de l’époque cherchaient leur légitimité dans une filiation carolingienne. Du vivant même d’Henri, la « légende » des comtes d’Anjou commence à être codifiée. Le premier ancêtre connu serait un certain Tertulle « le Forestier », préposé aux bois du roi Charles le Chauve vers le milieu du IX e  siècle, originaire d’une famille bretonne sans noblesse. Remarqué pour ses prouesses militaires par un souverain qui préférait s’entourer d’hommes nouveaux lui devant leur fortune, Tertulle se serait frayé très rapidement un chemin vers la haute société. Le roi l’aurait récompensé en lui donnant pour femme une riche héritière. L’ascension sociale de la famille grâce aux vertus militaires aurait ensuite été confirmée par le fils de Tertulle, Ingelgerius, qui sera adoubé chevalier. Le premier à porter un titre comtal est Foulques le Roux vers 929. Le domaine de la famille s’étend alors autour d’Angers. Le fils de Foulques, Geoffroy Grisegonelle – son surnom lui venait de la couleur de son manteau –, donne la première impulsion d’extension en s’emparant du Loudunais. Cette impulsion sera ensuite amplifiée par son fils Foulques III qui le premier jette les bases de la dynastie Plantagenêt. Ce Foulques, surnommé « Nerra » à cause de son teint sombre, correspond au portrait caricatural du seigneur médiéval de nos vieux manuels d’histoire : sanguinaire, fourbe, violent, sans cesse en guerre avec ses voisins, brûlant les villages, massacrant les populations, violant, incendiant, pillant les monastères. Pour expier ses crimes, il se verra à trois reprises imposer le pèlerinage en Terre sainte. Homme d’excès aussi bien dans les horreurs commises que dans le repentir, on le verra lors de son dernier pèlerinage à Jérusalem avancer vers le Saint-Sépulcre torse nu, flagellé par deux serviteurs qui sur

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