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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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d’autorité et principalement quand il s’agit de la sienne ! Il y a eu également l’affaire du mariage de sa sœur Pétronille et ses conséquences tragiques.
    Hormis les classiques querelles entre belle-mère et belle-fille – Aliénor parviendra à ce que la mère de Louis VII, Adélaïde de Savoie, quitte la cour – et ses divergences avec le principal conseiller du roi, Suger, les années parisiennes d’Aliénor sont marquées par la transformation que la jeune femme imposa à la cour de France. On retrouve la fameuse opposition entre gens du Nord et du Sud ; plus qu’une opposition d’ailleurs, une fracture entre deux sensibilités différentes que le grand historien de l’amour courtois, Reto Bezzola, résumera ainsi : « … à la civilisation cléricale et érudite du Nord, bornée, en dehors du monde de l’Église, sans doute à des milieux très restreints, le Sud opposait une civilisation toute profane, dont la mollesse et les extravagances choquèrent toujours le Nord. » Incontestablement Aliénor est du sud de la Loire, de ces régions ensoleillées où est née la poésie des troubadours, elle aime le luxe, une certaine insouciance et aussi une certaine sensualité. Sous son impulsion, à Paris la mode change, les décolletés apparaissent, les corsages s’échancrent, dévoilant les épaules et la naissance des seins. Les étoffes dans lesquelles les vêtements sont taillés sont plus colorées, plus chatoyantes, plus précieuses. De leur côté, les hommes se rasent la barbe. Aliénor fait venir à la cour des poètes, ces troubadours dont les vers chantent les charmes de leur dame – et bien sûr le modèle en est la plupart du temps la reine elle-même. On « joue » aussi beaucoup à la cour depuis qu’Aliénor en est la maîtresse : des jeux de société comme le « Roi qui ne ment » ou le « Prêtre à confesse », où les indiscrétions sont de mise et maintiennent un certain climat d’érotisme. Tout cela nous montre une Aliénor féminine et cultivée – elle a été élevée ainsi, parlant au moins trois langues, la langue d’oc, la langue d’oïl et le latin –, soucieuse des arts, consciente de son pouvoir, aussi bien dans le domaine de la séduction que dans celui de la politique, et n’aimant pas le partager. Pour le moins, une forte personnalité !
    La famille d’Aliénor règne sur l’Aquitaine depuis la première moitié du Xe siècle. En 927, ce qui, à la suite de l’éclatement de l’empire carolingien, a été le seul « royaume romain d’Occident » passe dans l’escarcelle du comte de Poitou, Eble Manzer. Poitiers devient la capitale des deux fiefs réunis ; c’est là que les ducs d’Aquitaine seront désormais couronnés. En 1058, à la suite d’une crise de succession, la Gascogne rejoint les possessions des successeurs d’Eble. L’ensemble forme un territoire représentant un peu plus du quart de la France actuelle. C’est de cet immense domaine qu’Aliénor a hérité en 1137, à la mort de son père Guillaume X.
    Le personnage le plus emblématique, dont le sang coule dans les veines de la jeune femme, est son grand-père, Guillaume IX, le Troubadour. Cet homme hors du commun était doté d’une personnalité pour le moins contrastée. Cultivé, fin lettré, poète, c’était aussi un paillard invétéré. La première biographie du duc, écrite au XIIIe siècle, nous le décrit comme un « des plus grands tricheurs de dames et bon chevalier d’armes et généreux dans les affaires d’amour ». Profondément croyant, il eut pourtant toute sa vie des démêlés avec l’Église, la plupart du temps pour des affaires de femmes. En effet, le grand-père d’Aliénor était connu pour être un infatigable coureur de jupons. Un homme de tempérament, célèbre également pour son humour et ses reparties cinglantes. Il dépassait « en bouffonnerie les histrions les plus bouffons » et le chroniqueur Guillaume de Malmesbury précise qu’à toutes les idées « il savait donner un tour si agréable, une enveloppe si naïve, si amusante même qu’on ne pouvait l’entendre sans éclater de rire ». À l’évêque d’Angoulême, Girard, qui un jour l’exhortait à un peu plus de tempérance et de soumission, il avait répondu quelque chose comme : « Compte là-dessus et passe-toi le peigne ! » ; le prélat étant chauve comme un œuf, l’assistance avait beaucoup ri.
    Le comble de la tension dans les

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