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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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atteignant les marchés anglais et flamands. De La Rochelle sont exportés les vins blancs de Niort ou de Saint-Jean-D’angély et le sel recueilli sur les côtes de l’Atlantique au nord, dans la baie de Bourgneuf, et plus au sud, le sel de Brouage récolté dans les marais salants des îles de Ré et d’Oléron.
    La prospérité de l’Aquitaine fait l’admiration des chroniqueurs anglais de l’époque, comme Raoul de Diceto qui décrit une région débordante de « richesses de toutes sortes, surpassant à ce point les autres régions du monde occidental […]. Ses champs sont fertiles, ses vignobles de bon rapport, et ses forêts regorgent de gibier. Des Pyrénées jusqu’au nord, la campagne tout entière est irriguée par la Garonne et par d’autres rivières ».
    Le pouvoir des ducs d’Aquitaine tient autant de leur richesse propre que de l’autorité féodale qu’ils exercent sur une quantité de seigneurs dont certains sont eux-mêmes de puissants barons comme les Thouars, les Châtellerault, les Lusignan qui compteront dans leur lignée un roi de Jérusalem, ou encore les comtes Taillefer d’Angoulême dont les terres se situaient entre le Poitou et la Gascogne, ce qui leur donnait un contrôle sur une partie de la circulation à l’intérieur même du territoire d’Aliénor et par là un pouvoir de nuisance non négligeable. Tous ces vassaux, dont les fortunes et les domaines sont très divers, forment autour du duc d’Aquitaine une cour bigarrée au point que des ancêtres d’Aliénor ont pu se baptiser « ducs de toute la monarchie des Aquitains ». Aimery Picaud, contemporain d’Henri et d’Aliénor, a écrit un Guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle {12} dans lequel, entre autres précieux conseils et informations, il décrit les paysages et les habitants que l’on rencontre entre Tours et Bayonne en traversant le domaine d’Aliénor : « Après Tours, l’on trouve le pays poitevin, fertile, excellent et plein de toutes félicités. Les Poitevins sont des gens vigoureux et de bons guerriers, habiles au maniement des arcs, des flèches et des lances à la guerre, courageux sur le front de bataille, très rapides à la course, élégants dans leur façon de se vêtir, beaux visages, spirituels, très généreux, larges dans l’hospitalité. Puis on trouve le pays saintongeais ; de là […], on arrive dans le Bordelais où le vin est excellent, le poisson abondant, mais le langage rude. Puis pour traverser les Landes bordelaises, il faut trois jours de marche à des gens fatigués. C’est un pays désolé, où l’on manque de tout ; il n’y a ni pain, ni vin, ni viande, ni poisson, ni eau, ni sources ; les villages sont rares dans cette plaine sablonneuse qui abonde cependant en miel, millet, panic et en porcs. […] Après avoir traversé ce pays, on trouve la Gascogne, riche en pain blanc et en excellent vin rouge, elle est couverte de bois et de prés, de rivières et de sources pures. Les Gascons sont légers en paroles, bavards, moqueurs, débauchés, ivrognes, gourmands, mal vêtus de haillons et dépourvus d’argent ; pourtant ils sont entraînés aux combats et remarquables par leur hospitalité envers les pauvres. Assis autour du feu ils ont l’habitude de manger sans table et de boire tous au même gobelet. […] Le pays basque dont la grande ville, Bayonne, est située au bord de la mer vers le nord. Ce pays dont la langue est barbare, est boisé, montueux, pauvre en pain, vin et aliments de toutes sortes, mais on y trouve en compensation des pommes, du cidre et du lait. »
    Si, de son côté, Henri est également riche et puissant, ses richesses sont loin de valoir celles de sa femme. Comme pour Louis VII en son temps, ce mariage avec la duchesse d’Aquitaine est une bonne affaire. Loin de posséder la magnificence – j’allais écrire ancestrale ! – des Aquitains, les comtes d’Anjou ont acquis patiemment leur puissance en s’emparant progressivement de la Touraine au cours du XIe siècle au détriment des comtes de Blois. La possession de Tours fut une charnière dans l’accroissement de la puissance angevine. La cité de saint Martin est un grand centre commercial, une croisée de routes qui joue un rôle économique et stratégique important. La ville était aussi renommée pour sa métallurgie. Autre source de profit pour Henri, les vins d’Anjou et de Touraine, très réputés. La Rochelle occupe d’ailleurs une place importante

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