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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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tranquillité de son domaine, décide de passer la fin de l’année auprès d’Aliénor.
    *
    Nous avions laissé le jeune couple en pleine lune de miel en Aquitaine. La lune de miel en question n’a pas duré quatre semaines puisqu’on trouve trace de la présence d’Henri à Barfleur, nous l’avons vu, au moment des fêtes de la Saint-Jean. Aliénor de son côté avait regagné Poitiers, organisé sa cour et surtout repris en main le gouvernement de ses États.
    Le couple est à nouveau réuni vers octobre 1152. Le duc a sans doute rejoint sa femme à Poitiers et ils ont repris le tour des États de la duchesse.
    L’objectif premier du couple reste l’Angleterre. Henri ne s’attarde pas en Aquitaine. Dès le début de l’année suivante, il est à nouveau dans le Cotentin et s’apprête à embarquer son armée pour l’Angleterre. Le roi de France, ayant appris que le duc avait repris ses préparatifs d’invasion, annonce qu’il « rend les trêves », en d’autres termes qu’il rompt l’armistice. Henri comprend que la menace ne vise qu’à le pousser à rester sur le continent et retarder l’invasion. Mais le jeune duc est sûr de lui. Il ne tient pas compte du roi de France et, dans les premiers jours de janvier 1153, profitant d’une mer calme et d’une brise favorable, il traverse la Manche. Son destin est en marche.
    Henri pose le pied sur le sol anglais le 6 janvier 1153, jour de l’Épiphanie, et pour marquer l’événement il entre dans la première église qu’il croise. C’est l’heure de l’office. Au moment où il pénètre dans l’église, le prêtre prononce l’antienne du jour : « Voici que vient le roi vainqueur. » Les témoins n’en doutent pas un seul instant : ce ne peut être qu’un présage très favorable.
    Avant même que le gros de son armée ait entièrement débarqué, Henri, à la tête d’une poignée d’hommes, s’empare de la ville de Malmesbury. Pendant ce temps le roi Étienne, informé de l’arrivée du jeune duc, réunit en hâte une armée de mercenaires flamands. Les deux hommes et leurs troupes se retrouvent face à face, chacun sur une rive de la Tamise. Ils vont s’observer pendant quelques jours sous une pluie battante et aucun des deux ne prendra la décision de franchir le fleuve en crue. On ne sait pas lequel a décidé le premier de faire machine arrière, probablement Étienne ; du moins c’est à lui qu’à l’époque on attribuera la responsabilité de la reculade. Il retourne piteusement à Londres tandis qu’Henri s’en va délivrer un de ses partisans assiégé dans le château de Wallingford par une troupe de mercenaires flamands en mal de bataille.
    Que s’est-il passé dans la tête du roi Étienne pendant ces quelques jours où les deux armées se sont observées, un fleuve déchaîné les séparant ? A-t-il été gagné par une sorte de lassitude, de fatigue d’avoir à toujours se battre pour conserver un pouvoir qu’il n’a jamais réussi à asseoir totalement ? A-t-il mesuré combien son rival était déterminé et que rien ne l’arrêterait dans son ambition de ceindre la couronne ? A-t-il pensé que l’avenir appartenait à ce jeune Henri ? Que lui n’était plus qu’un vieil homme malade dont les années étaient comptées, et qu’il n’avait pour lui succéder qu’un fils légitime, Eustache, incapable de gouverner, incapable de résister face au duc de Normandie et unanimement détesté par toute la population anglaise ?…
    Il n’y aura pas de bataille. Trente années de guerre entre les familles de Blois et d’Anjou viennent de se terminer sous la grisaille d’une pluie britannique. Étienne propose la paix à Henri. Deux hommes sont envoyés auprès du jeune homme pour négocier les clauses de cette paix : le propre frère du roi, Henri de Blois, cardinal de Winchester, et l’archevêque de Canterbury. Eustache, soupçonnant une manœuvre qui ne lui est pas favorable, réagit en s’en prenant aux terres de l’archevêque : il pille et brûle tout ce qui lui tombe sous la main, biens d’Église, fermes ou châteaux, semant la terreur dans la population. Heureusement, à Saint Edmunds, il tombe soudain malade et meurt en quelques jours, accompagné du plus grand soulagement de ses contemporains.
    La mort de son fils accable un peu plus encore le vieux roi Étienne. Il lui reste un autre fils, Guillaume, mais c’est un bâtard qui de plus n’a jamais manifesté un attrait

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