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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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assura que le vieux roi Henri avait relevé Étienne de son serment à Mathilde et dans la foulée il se porta garant du respect que son frère portait à l’Église.
    Le 22 décembre 1135 – vingt et un jours à peine après la mort d’Henri Beauclerc – Étienne de Blois était sacré roi d’Angleterre en l’abbaye de Westminster par Guillaume de Corbeil, archevêque de Canterbury. Seuls deux autres grands prélats étaient présents, les évêques de Winchester et de Salisbury, ce qui montrait assez le caractère litigieux de ce couronnement.
    Mathilde et Geoffroy d’Anjou n’avaient pas l’intention de se laisser faire. On imagine aisément dans quelle rage la nouvelle du couronnement d’Étienne a dû mettre l’Emperesse. Immédiatement les Angevins rameutèrent leurs partisans dans l’île et en Normandie, lesquels étaient nombreux ; tous n’avaient pas oublié les serments prêtés à l’instigation d’Henri  1er. Cette situation, avec d’un côté un pouvoir fragile, celui d’Étienne, et de l’autre la volonté farouche et obstinée de Mathilde à faire valoir ses droits, allait en quelques mois conduire le pays à une situation de guerre civile qui devait durer vingt ans. Il est intéressant de s’interroger sur le côté inéluctable de cette situation elle-même au regard des usages de l’époque, et sur sa part humaine, les erreurs, les maladresses… Incontestablement les droits de Mathilde sont réels, mais il est vrai aussi qu’elle est une femme et qu’on privilégie la succession directe par les hommes ; ne perdons pas de vue que si le vieux roi Henri a pris la précaution par deux fois de faire prêter serment à Mathilde et obligé Étienne à prononcer ce serment, c’est bien qu’il savait que la légitimité de la transmission de la couronne à sa fille – et par voie de conséquence « féodale » au mari de sa fille – n’était pas totalement incontestable. Les droits des femmes sont en quelque sorte des droits par défaut. Le cas de figure qui se présente à la mort d’Henri Beauclerc – deux héritiers potentiels : une fille en droite ligne et un neveu – est exactement le même que celui qui se présentera à la mort du dernier fils de Philippe le Bel qui ne laissait pas d’héritier. On se trouve alors face à deux héritiers possibles, une fille en droite ligne, Isabelle, reine d’Angleterre, et un neveu, Philippe de Valois. Les Français ressortiront alors une loi dite « salique » interdisant toute possibilité de succession par les femmes, et Philippe montera sur le trône de France. Le résultat en sera la guerre de Cent Ans.
    Il y a donc à cette guerre civile anglaise de la première moitié du XIIe siècle des causes historiques liées aux balbutiements mêmes de la loi féodale, mais aussi des motifs en étroite relation avec les personnalités qui s’affrontent. Mathilde et Étienne sont également intelligents et volontaires, et pourtant tous les deux, chacun à leur tour, vont commettre des erreurs et avoir des comportements qui les empêcheront de remporter totalement la partie. Ces maladresses auront pour conséquence de maintenir le pays dans un chaos dont seuls Henri et Aliénor sauront le sortir. Et avec le recul du temps on voit parfaitement l’engrenage s’installer et la mécanique d’évolution se mettre en marche de manière inéluctable.
    Il est utile de revenir sur cette période de guerre civile, car c’est elle qui conditionnera l’état dans lequel les nouveaux souverains anglais vont trouver le pays. C’est à cela qu’ils ont réfléchi pendant cette période normande d’attente, et nous verrons que la rapidité de leur action dès leur prise effective du pouvoir montre combien ils s’y sont préparés. Et quelques années plus tard, cette même situation créée par la guerre civile sera une des causes de l’opposition entre Henri II et Thomas Becket. Affrontement qui sera une des grandes affaires du règne du Plantagenêt.
    Tout commence avec les rapports qu’Étienne est obligé d’entretenir avec l’Église. Dès le début, son pouvoir est fragile. Mathilde et Geoffroy s’agitent. Le nouveau roi a besoin du soutien de l’Église, il va donc négocier avec elle et, c’est assez logique, elle va en profiter pour obtenir de grandes libertés. Au printemps 1136, Étienne accorde une charte dont les premières phrases sont édifiantes : « Je, Étienne, par la grâce de Dieu, par l’assentiment

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