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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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du clergé et du peuple, élu roi d’Angleterre, consacré par Guillaume, archevêque de Canterbury et légat de la Sainte Église romaine, et confirmé par Innocent, Pontife du Saint-Siège, concède par respect et amour de Dieu que la Sainte Église soit libre et je lui confirme la révérence qui lui est due. »Difficile d’être plus obséquieux ! Par l’accumulation des « cautions » citées, on mesure la fragilité du roi et le besoin impérieux qu’il a de cette garantie cléricale. Littéralement, l’Église et la papauté sont « complices » de ce qu’un grand nombre de barons de l’époque considèrent comme une usurpation. Pierre Aubé {18} y voit même un « aveu ». Étienne de Blois avait été obligé d’accorder des immunités, impensables pour ses prédécesseurs, comme d’admettre que les clercs ne relèvent plus que des seules juridictions ecclésiastiques, de renoncer à son droit de regard sur les élections épiscopales, de reconnaître tous les biens possédés par l’Eglise et de lui permettre de les accroître sans difficulté. Par cette charte, Étienne concède énormément de choses à l’Église d’Angleterre, revenant sur l’action de son prédécesseur qui était parvenu à contenir les velléités d’indépendance des barons et des prélats. Le pouvoir royal montrant sa faiblesse, une brèche s’ouvrit dans l’édifice d’Henri Beauclerc où l’Église s’engouffra, mais aussi quantité de petits potentats locaux. Les sheriffs royaux perdirent leurs pouvoirs et on vit des barons s’empresser de reprendre leur indépendance administrative, judiciaire et militaire ; certains allant même jusqu’à battre leur propre monnaie. Le pays n’avait plus qu’une apparence de domaine royal.
    Pour reprendre les choses en main, Étienne engagea une armée de mercenaires flamands dont la réputation de rançonneurs et de pillards n’était plus à faire. Le remède s’avéra presque pire que le mal. Partout les seigneurs se soulevaient.
    De son côté, Mathilde ne manquait pas de partisans qui s’agitaient, particulièrement en Normandie sur laquelle son mari, Geoffroy le Bel, avait de sérieuses visées. Elle avait deux alliés de poids. Le premier était son demi-frère, le comte Robert de Gloucester ; un fils naturel qu’Henri Beauclerc avait eu avec une aristocrate de l’Oxfordshire. Robert était très richement possessionné en Angleterre et jouissait de la réputation d’un homme cultivé – il fut le mécène de Geoffroy de Monmouth, le créateur de la geste arthurienne – et d’un politique avisé. L’autre soutien de poids était le roi d’Écosse, David 1er ; on se souvient que la mère de Mathilde était écossaise. Le 22 août 1138, les armées d’Étienne et de David s’affrontèrent à Standard, dans le Yorkshire : c’est le roi d’Angleterre qui l’emporta. Fort de ce succès il commit une grave faute en rompant le lien féodal par la confiscation des terres de Robert de Gloucester. Et pour faire bonne mesure, il s’attaqua à l’Église en faisant emprisonner les évêques de Lincoln et de Salisbury. L’Église étant son soutien le plus important, cela équivalait à scier la branche sur laquelle il était assis. La réaction de l’épiscopat anglais ne se fit pas attendre. Le 29 août 1139, Étienne de Blois était convoqué devant un concile réunit à Winchester par son frère Henri. Sentant le vent tourner, Mathilde débarqua dans l’île le 30 septembre de cette même année. Les deux camps s’affrontèrent pendant plus d’un an, période au cours de laquelle Mathilde reprit la main et s’entendit avec l’Église. Le 2 février 1141, Étienne de Blois était fait prisonnier à Lincoln et enfermé au château de Bristol. Un mois plus tard, le 3 mars, Mathilde et le cardinal de Winchester, Henri de Blois, se rencontraient. Le 7 avril, un concile reconnaissait la fille d’Henri 1er Beauclerc pour légitime héritière de la couronne anglaise : « La Divinité ayant été d’abord, comme il convient, appelée à l’aide, nous élisons Dame d’Angleterre et de Normandie la fille du roi pacifique, du roi glorieux, du roi riche, du roi bon et sans égal dans notre temps et nous lui promettons fidélité en maintenance. » Le message était clair. Plus que Mathilde elle-même, c’étaient les mânes d’Henri Beauclerc qu’on appelait à travers elle. La population n’en pouvait plus de ce chaos dans lequel le

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