Amours Celtes sexe et magie
pas de quel genre de pénitence il s’agit, mais on peut penser que le jeûne et l’abstinence en sont les principes. Par contre, si on détruit « l’embryon et la mère », le prix du rachat – et donc du pardon – est évalué à la valeur de douze femmes esclaves, ce qui était assez considérable pour l’époque. On peut d’ailleurs se demander ce que vient faire le problème de l’avortement dans une règle à l’usage des moines et des nonnes, alors que ceux-ci, normalement, devaient faire vœu de célibat et de chasteté. Les « voies du Seigneur » seraient-elles moins impénétrables qu’on ne le pense ?
Il est évident que, dans une société dite permissive, où la sexualité peut s’exprimer librement, les problèmes de l’avortement et de la contraception se posent avec une certaine gravité. La régulation des naissances a toujours existé sous différentes formes chez tous les peuples, en fonction d’ailleurs des circonstances économiques et de la situation démographique du groupe considéré.
Le pénitentiel de Cummean est encore plus détaillé en ce qui concerne les tourments de la chair : « Celui qui désire seulement commettre la fornication, mais en est empêché, fera pénitence une année. Celui qui est « pollué » à la suite d’un mot ou d’un regard, alors qu’il ne voulait pas commettre la fornication, fera pénitence vingt ou quarante jours selon la gravité de son cas. Mais celui qui est « pollué » à la suite d’un violent assaut de son imagination fera pénitence sept jours (9) ». On voit que les chrétiens irlandais n’avaient pas encore eu recours aux fameux « incubes » et « succubes » qui, aux XII e et XIII e siècles, seront bien pratiques pour expliquer et même excuser certaines choses, y compris – c’est le cas de Merlin – les naissances quelque peu encombrantes parce que non désirées.
En fait, dans les textes préchrétiens, il n’y a aucune référence à l’avortement, pas plus qu’à l’utilisation de certaines plantes favorisant la contraception. Par contre, on peut découvrir plusieurs allusions au refus de maternité . L’exemple le plus caractéristique se trouve dans la quatrième branche du Mabinogi gallois. On y apprend que le roi de Gwynedd, Math, fils de Mathonwy, grand maître de la magie, ne peut vivre en temps de paix que s’il place ses pieds dans le giron d’une jeune fille vierge. On ne peut que penser ici à ce que raconte la Bible au sujet du roi David vieillissant qui, lui aussi, devait avoir contact avec une vierge, la fameuse Sulamite. Or, l’un des neveux de Math, Gilvaethwy, fils de Dôn, la déesse mère (qui deviendra Girflet, fils de Do, dans les romans arthuriens), est tombé amoureux de la jeune fille qui occupe cette fonction auprès de Math. Le frère de Gilvaethwy, Gwyddion, expert en magie et héritier présomptif de Math, déclenche une guerre avec le Dyvet, ce qui permet à Gilvaethwy de satisfaire sans vergogne le désir qui le dévorait depuis tant de mois.
Mais, la guerre une fois terminée, Math réclame une autre vierge pour lui servir de « porte-pieds ». Gwyddion lui propose sa sœur Arianrod. Math veut vérifier que la virginité de celle-ci est intacte et il la fait passer par-dessus sa baguette magique (allusion quelque peu grivoise en vérité !). Or Arianrod donne naissance à deux enfants mâles, l’un qui se précipite dans la mer, l’autre que Gwyddion enveloppe de son manteau et qu’il fait élever par un couple de confiance. Cette aventure est en apparence d’une totale absurdité, mais il est probable que le texte ne se présente plus qu’en fragments à la suite de copies successives et malencontreuses, d’autant plus qu’on croit discerner qu’en réalité, Gwyddion a eu des relations incestueuses avec sa sœur. En tous cas, il s’occupe activement de l’enfant qu’il considère comme son propre fils.
Cependant l’enfant n’a pas de nom. Gwyddion se présente avec lui devant Arianrod en lui demandant de reconnaître son fils. Elle refuse absolument ce qu’elle considère comme une preuve de déshonneur, et elle va même beaucoup plus loin. Elle lance sur lui une triple malédiction : il n’aura pas de nom tant qu’elle ne lui en aura pas donné un elle-même, il ne portera pas d’armes sauf celles qu’elle lui remettra, et il n’aura aucune femme de la race des hommes. Bien sûr, par ruse et par magie, Gwyddion aura raison
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