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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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D’où ces contraintes qui envahissent le réseau social et qui, pour être efficaces, ont recours sinon à la religion, du moins à une morale contraignante, en tous cas restreignante . Si l’on fait trop l’amour, on gaspille son énergie, alors que celle-ci devrait être employée pour la collectivité et non pas pour l’individu.
    On en vient ainsi à imaginer que la femme n’est pas maîtresse d’elle-même et qu’elle agit sous l’influence d’une puissance invisible qu’on aura tôt fait de classer comme « démoniaque ». À partir du moment où la morale judéo-chrétienne a fait son apparition en Europe occidentale, y compris chez les peuples celtes, la femme a été soupçonnée d’être « manipulée » par l’ Ennemi , celui qu’on n’ose pas nommer mais dont on sent la présence constante dans le quotidien. Oui, l’ Ennemi règne sur les femmes   : c’est lui qui préside au sabbat des sorcières. Il a d’abord incité Ève à pécher et surtout à entraîner Adam dans son péché, ce qui est impardonnable. Et il continue à vouloir faire pécher l’homme en usant des artifices de la séduction, et bien entendu de la sexualité féminine. Celle-ci est d’autant plus dangereuse qu’elle s’adresse aussi bien à l’inconscient qu’aux pulsions naturelles de l’individu qu’elle provoque et libère.
    La femme est donc maudite, tout en étant enviée et désirée, et par voie de conséquence tous les rapports, de quelque nature que ce soit, qu’on entretient avec la femme sont suspects et le plus souvent encadrés par une morale , celle-ci étant d’autant plus sévère qu’elle s’appuie la plupart du temps sur des concepts religieux qui en font la pierre angulaire de tout l’édifice social. « L’iniquité de l’homme vient de la femme, et l’iniquité de la femme vient d’elle-même », dit l’Ecclésiaste. À partir de là, le christianisme n’a fait qu’accentuer une tendance qui va jusqu’au délire le plus pur, s’accrochant aux moindres détails physiologiques et les exploitant de manière à constituer des barrières infranchissables. À ce compte, les Pères de l’Église, saint Jérôme étant mis à part, sont incontestablement des « obsédés sexuels ». Tertullien, qui était pourtant marié, après avoir déclaré que la femme était « la porte du diable », la définit encore comme un « temple édifié au-dessus de l’égout », tandis que saint Augustin, dont l’adolescence avait été pourtant fort turbulente, déclare gravement que «  inter faeces et urinam nascimur  », autrement dit « nous naissons entre la merde et l’urine ».
    On n’en est pas là dans les sociétés celtiques, mais les influences venues de Rome vont bientôt les pénétrer lentement, sournoisement. Il suffit pour s’en convaincre de consulter les nombreux « pénitentiels » édictés dès le Haut Moyen Âge à l’usage des innombrables monastères qui s’étaient créés tant en Irlande et au pays de Galles qu’en Bretagne armoricaine. Ils nous en apprennent beaucoup sur la morale sexuelle des populations d’origine celtique. Il semble en effet que les moines irlandais et bretons aient conservé les grandes lignes du droit celtique païen en tentant de les intégrer dans la spiritualité chrétienne.
    Il n’y avait pas de péché au temps des druides, tout au plus des « erreurs » qui pouvaient toujours être corrigées, soit par des « amendes honorables » soit par des compensations financières. Or, dans ces pénitentiels, il apparaît clairement que la mentalité a à peine changé lors de la transition entre le druidisme et le christianisme. Le moins qu’on puisse dire à ce propos, c’est que ces pénitentiels contiennent d’étranges éléments dont l’orthodoxie est plus que discutable. À des emprunts logiques aux Églises d’Orient et à l’Église romaine, viennent s’ajouter d’évidents souvenirs de l’époque des druides. Et cela témoigne d’un fonds païen spécifique, de pratiques relevant davantage de la magie que de la spéculation d’ordre spirituel. Tout y est précis, tout y est prévu, y compris certaines « fautes » qu’on n’imaginerait même pas.
    Ainsi l’avortement, pratique dont on ne relève aucune trace dans les textes préchrétiens, est une faute sévèrement sanctionnée. Mais, d’après les Canones Hibernenses , il est rachetable par une pénitence de trois ans et demi. On ne précise

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