Amours Celtes sexe et magie
an : trois jours avec un saint mort, dans sa tombe, sans manger ni boire, ni dormir, mais avec un vêtement, après une confession des péchés et un vœu monastique, et en chantant des psaumes et des prières. Équivalence d’un an de jeûne : douze jours et nuits avec seulement douze biscuits représentant trois miches de pain. Ou encore, quarante jours au pain et à l’eau, et un jeûne spécial chaque semaine, quarante psaumes et soixante génuflexions. »
Cette « tarification » bien précise fait évidemment penser aux fameuses « indulgences » qui sont à l’origine de la Réforme du XVI e siècle. Ces « indulgences » sont en effet des « remises de peine » sous condition d’accomplir des actes de remplacement, prières, dons charitables et pèlerinages. Et cela ne va pas sans une subtile casuistique digne des jésuites, si bien dénoncée par Blaise Pascal, puisqu’on en arrivait à accomplir des actes de substitution méritant un certain temps d’indulgence avant même d’avoir commis la faute. C’était en quelque sorte un capital d’impunité garanti à l’avance, avec tous les abus que cela pouvait entraîner.
De plus, le système des équivalences permettait aussi de faire accomplir l’acte de substitution par d’autres personnes que le fautif. Jusqu’à une époque récente, en Bretagne armoricaine, il a existé des pèlerins de profession qui étaient payés pour accomplir des pèlerinages en lieu et place d’un pénitent malade ou empêché. C’est dire que le système prôné par les pénitentiels, en dépit de la rigueur apparente qui s’en dégage, ouvrait la porte à bien des arrangements, surtout dans les cas de transgressions d’interdits sexuels.
On peut cependant s’étonner que ces pénitentiels chrétiens fassent peu de cas de certains « tabous » qui sont pourtant très communs dans d’autres sociétés, en particulier chez les Méditerranéens. L’importance de la virginité n’y apparaît guère, sauf dans les monastères où les « vierges consacrées » sont en principe intouchables. Mais il s’agit là d’une virginité volontaire, librement consentie pour des motifs religieux.
En effet, si le fameux « prix de la virginité » est payé avant la nuit de noces par le nouvel époux, c’est qu’on attache peu d’importance à la virginité physique de la femme. Avant tout, une vierge, c’est une femme qui n’est pas sous la dépendance d’un homme. On retrouvera cette notion dans les récits arthuriens du Moyen Âge, où l’on voit quantité de « pucelles » sur le chemin suivies par les chevaliers errants qui sont à la poursuite des « méchants » ou qui se sont lancés à la recherche du saint Graal. Or, ces « pucelles » n’ont rien de vierges farouches, il faut bien le reconnaître, et elles sont au contraire fort accueillantes, pour ne pas dire provocantes. Elles apparaissent même comme indispensables, car ce sont elles qui accueillent les voyageurs égarés, les nourrissent, les abreuvent, bref leur fournissent bon gîte et le reste avant de les lancer vers de nouvelles aventures, qui sont autant d’épreuves initiatiques à surmonter.
Quant à la prostitution, ce « plus vieux métier du monde », elle est simplement ignorée des pénitentiels, ce qui prouve qu’elle était pour ainsi dire inexistante dans une société où les rapports sexuels étaient libres et exempts de toute culpabilité. Certes, on pourra toujours considérer la pratique du concubinage légal comme une sorte de prostitution qui ne dit pas son nom, mais cela n’a rien à voir avec les systèmes mis en place dans les sociétés répressives : les femmes esclaves ne sont pas des prostituées, elles sont avant tout des servantes et ont droit à la considération de tous les membres de la communauté, même si elles sont l’objet des assiduités masculines. Dans un tel type de société, il n’y a pas besoin d’exutoire à la sexualité, puisque celle-ci n’est ni bridée ni culpabilisée.
Il n’est pas question non plus de l’homosexualité, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’existait pas. Les Grecs, Aristote en tête, reprochaient aux Gaulois de se livrer à des pratiques « honteuses » entre hommes. Il est vrai, et l’on en a des exemples, que le compagnonnage guerrier prédisposait à ce genre de relations, mais celles-ci n’avaient rien de répréhensibles et, dans tous les cas, étaient bien différentes de ce
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