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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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du mariage bien entendu, des relations sexuelles au hasard d’une rencontre, sans se poser de problème religieux ou moraux, et encore moins de problèmes d’amour, celui-ci étant totalement exclus de ce genre de rapports. La romance sentimentale, qui est en fait une invention du romantisme, avec toutes ses composantes morbides, n’a aucune part dans ces ébats. Ce sont des unions sans lendemain, des « brèves rencontres », et elles sont considérées comme naturelles . C’est tout.
    Il est bien évident que ces « unions sans lendemain » n’ont pas pour but de perpétuer l’espèce, tout au moins la famille. Ce sont en quelque sorte des « actes gratuits » que n’aurait certainement pas reniés André Gide. Il s’agit tout simplement de pulsions physiologiques incontrôlables qui ne demandent qu’à être satisfaites, et qui le sont d’ailleurs immédiatement. Pourtant, il existe, dans la tradition celtique, plusieurs exemples remarquables d’une finalité clairement exprimée de cette « copulation » entre deux êtres de rencontre. Mais alors intervient ce qu’on pourrait appeler le « plan divin », cette volonté supérieure qui s’impose aux humains et qui les oblige à accomplir ce qui doit être accompli, mais qui reste toujours mystérieux et incompréhensible.
    L’un de ces exemples concerne la naissance du roi d’Ulster Conchobar ( Conor ), l’un des grands héros des épopées gaéliques, personnage à demi historique et à demi légendaire du début de l’ère chrétienne. Sa mère est une certaine Ness, que certains textes présentent comme reine d’Ulster, mais d’autres comme une « femme guerrière », c’est-à-dire une magicienne. Dans l’une des versions, probablement la plus ancienne, Ness se trouve sur son trône quand arrive le druide Cathbad ( Cavad ). Ness demande au druide à quoi est bon le moment présent, et il répond « à faire un roi avec une reine ». Alors Ness, sans plus de cérémonie, invite le druide à l’approcher, délicat euphémisme, il faut bien l’avouer. Et c’est ainsi que Ness donnera naissance, neuf mois plus tard à celui qui deviendra le célèbre roi Conchobar (5) .
    Cependant, les sociétés celtiques, de type exogamique, ont toujours dressé des barrages devant l’inceste. Dans la tuath , où l’on constate une certaine promiscuité, l’instinct incestueux peut facilement se développer, d’où une série d’interdits qui ne sont pas toujours respectés. Ainsi, la naissance du héros Cûchulainn est entourée d’une zone d’ombre assez épaisse   : les textes suggèrent en effet qu’elle est la conséquence d’une union incestueuse entre le roi Conchobar et sa sœur Dechtiré. De toute façon, si l’inceste est prohibé au bas de l’échelle sociale, il est souvent toléré dans les élites, car il concerne seulement des personnages hors du commun, capables de supporter les retombées magiques pouvant découler d’une transgression en quelque sorte sacrilège. Et les récits mythologiques de toutes les époques et de tous les peuples font état d’unions incestueuses chez les dieux ou les héros. La mythologie celtique ne fait pas exception.
    En dehors des rapports possibles entre Dechtiré et son frère Conchobar, on peut signaler que le successeur, d’ailleurs très discuté du roi, Cormac Conloinges, est clairement présenté comme le fils de Conchobar et de sa mère, Ness. On connaît la relation coupable du futur roi Arthur avec l’une de ses sœurs   : certes, sa responsabilité n’est pas totale car il ne savait pas que c’était sa sœur, mais dans un contexte moral plus récent, cette transgression est devenue catastrophique, car elle a provoqué la naissance de Mordret, le révolté, qui causera la destruction du royaume d’Arthur et la mort de celui-ci.
    Il y a bien d’autres ambiguïtés à propos de ces incestes à demi avoués, ou à demi suggérés. Ainsi, dans la quatrième branche du Mabinogi gallois, recueil de récits traditionnels remontant très loin dans le temps, on peut s’interroger sur l’histoire d’une certaine Arianrod, fille de Dôn, c’est-à-dire de l’équivalent de la Dana irlandaise, la « déesse-mère ». Le contexte démontre en effet qu’elle a eu des relations avec son frère Gwyddion, le magicien, et qu’il en est résulté la naissance de deux enfants jumeaux. Et si l’on étudie attentivement la légende de Merlin, telle qu’elle a été écrite

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