Amours Celtes sexe et magie
qui se passait dans la Grèce antique où la pédérastie, au sens propre du terme, était une institution reconnue d’utilité publique, puisqu’il s’agissait avant tout d’éduquer les jeunes gens à la vie adulte et d’en faire des citoyens et de futurs pères de famille.
D’ailleurs, les reproches des Grecs ne concernent que l’homosexualité masculine, et il semble bien, si l’on étudie attentivement les textes, que le lesbianisme était pratiqué au sein de certaines collectivités féminines, notamment chez les fameuses « femmes guerrières », qui étaient à la fois des sorcières et des initiatrices pour les jeunes gens qui venaient s’instruire auprès d’elles. Mais alors, dans le cas de cette étrange institution des femmes guerrières, ainsi que sur celle des soi-disant druidesses résidant dans des îles où elles se livraient à des rituels plus ou moins magiques, il serait plus juste de parler de bisexualité et non pas d’homosexualité. Et, d’après de nombreux récits épiques irlandais ou gallois, on peut affirmer que la bisexualité n’était nullement considérée comme une perversion, mais comme quelque chose de normal aussi bien pour les femmes que pour les hommes.
Les pénitentiels sont également muets sur ce qu’on appelle pudiquement la « bestialité ». Cette forme de perversion existe dans la plupart des sociétés pastorales où les gardiens de troupeaux, souvent isolés loin de toute communauté humaine, recourent parfois à ces pratiques que la morale réprouve et qui ne sont en fait que de simples exutoires à une sexualité exacerbée.
Il en est de même pour l’auto-érotisme, qui semble avoir été largement toléré. On sait que les pratiques solitaires ont été de tous temps plus ou moins maudites et réprouvées pour des raisons parfois médicales, le plus souvent en vertu d’idéologies morales et religieuses très strictes et contraignantes. Or, dans les sociétés répressives où le seul débouché pour la sexualité est le mariage – en vue de la procréation –, la masturbation, qu’on appelle d’ailleurs faussement « onanisme » par suite de l’incompréhension de l’épisode biblique d’Onan, est d’usage courant, puisqu’elle constitue le seul exutoire possible, et de plus discret pour ne pas dire secret. D’où son caractère honteux et la réprobation indignée qu’elle suscite quand elle apparaît au grand jour.
Il est inutile d’insister sur la répression qui s’est exercée à certaines époques, notamment au XIX e siècle dans les milieux médicaux, qui allaient jusqu’à préconiser la clitoridectomie pour les filles afin de leur éviter ces pratiques solitaires. Là, le ridicule le dispose à l’odieux. Il est également inutile d’insister sur la réaction de certains mouvements féministes du XX e siècle qui prônaient la masturbation pour libérer la femme de l’esclavage qu’elle subissait de la part des hommes. On y découvre des perles : « Plus de rapports avec les hommes, et si la tension sexuelle persiste, masturbez-vous (13) . » Ou encore : « Est-il une chose plus agréable que l’autocontact ? S’il existe en faveur de la masturbation des arguments si solides, tels que la compétence technique, la commodité, l’égocentrisme, pour quelle raison ferait-on intervenir un partenaire (14) ? » Par contre, un événement scandaleux qui s’est passé en Grande-Bretagne en 1971 témoigne de la persistance d’une mentalité de tolérance telle que les connaissaient les sociétés celtiques (15) .
En effet, un film éducatif avait été tourné sur la sexualité, patronné par les autorités universitaires et religieuses, qui osait aborder de face le problème de la masturbation. On y voyait une ravissante institutrice se livrer à ce genre d’exercice pendant qu’un commentateur affirmait : « Rien n’est honteux dans l’instinct sexuel et les plaisirs solitaires ne sont en rien répréhensibles. » Dans une autre séquence, on voyait deux enfants nus faire la même démonstration. Le scandale fut immense, mais finalement ce film emporta l’adhésion non seulement d’un large public, mais aussi de nombreuses personnalités civiles et religieuses. On comprend alors pourquoi les pénitentiels n’abordent pas cette question. Elle ne devait pas se poser dans la société celtique du temps.
II
LES MYTHES ET LA RÉALITÉ
Si le mariage est une chose, si la
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