Amours Celtes sexe et magie
sexualité en est une autre, il est aussi un élément primordial de la vie psychologique : l’aspect affectif de tout rapport sexuel. Il s’agit de l’amour, sentiment noble par excellence, irréductible à la raison et à toutes ses séquelles, lois, règlements et morale tant religieuse que laïque. Il est bon de soulever la question, car à force de parler de la sexualité, on oublie parfois de parler de l’amour, sauf dans une acception tout à fait impropre qui se manifeste dans la fameuse expression « faire l’amour ». Il serait pourtant aberrant de considérer que l’amour-sentiment puisse avoir une part dans les rapports tarifés de la prostitution, ou dans les mélanges intimes pratiqués par les « libre-échangistes ». Pourtant, dans notre vocabulaire courant, « faire l’amour » signifie ce que les savants biologistes appellent tout aussi curieusement, dans leur jargon « communiquer des informations génétiques ».
Or, de même qu’il est opportun de démystifier le mariage en tant que réalisation unique de l’amour partagé entre deux êtres, et de le remettre à sa juste place dans la société, de même qu’il est nécessaire de libérer la sexualité de toutes les contraintes auxquelles elle est soumise, il est encore plus indispensable de démystifier le pseudo amour et, à l’aide d’exemples issus de la tradition celtique, de redéfinir l’Amour dans sa plénitude absolue.
Mais ces exemples, où les prendre ? Avant la christianisation, les différents peuples celtes n’ont pas écrit, pour des raisons religieuses et intellectuelles, les druides interdisant l’usage de l’écriture pour mieux maintenir et développer la mémoire et pour que cette culture philosophique qui était la leur ne fût pas divulguée à n’importe qui. Il n’y a donc pas d’histoire celtique. Les seules informations dont on dispose, ce sont les témoignages des Grecs et des Latins, mais ces témoignages sont nécessairement fragmentaires et surtout imparfaits, car la mentalité celtique n’était guère comprise de leurs voisins.
De toute façon, cette mentalité si particulière était franchement anti-historique. Les Celtes ont passé leur temps à réinventer leur histoire, comme en témoigne la vaste épopée que constituent les romans arthuriens. Mais heureusement, il y a les mythes, et ceux-ci ont été conservés sous forme de récits légendaires par les moines irlandais et les bardes gallois du Haut Moyen Âge. Ces mythes sont révélateurs à des degrés divers : d’abord parce qu’ils transmettent d’une façon symbolique les réalités du passé ; ensuite parce que ces mythes transcendent la réalité et deviennent l’expression la plus pure et la plus préservée des spéculations d’un peuple. Donc, si les Celtes ont rêvé leur histoire, il faut s’attaquer aux mythes qui, eux, sont immuables. Il suffit de les décrypter au travers des légendes qui en sont l’expression. Il y a là une inépuisable source d’informations.
À la recherche de l’amour sublime
Quand un couple se forme, par mariage ou simple accord mutuel, les deux composantes de ce couple désirent ardemment satisfaire leur rêve : vivre en complète harmonie et le plus longtemps possible. Malheureusement, quel que soit le statut juridique de leur union, la société, sous prétexte d’ailleurs de la protéger, établit un cadre étroit qui risque d’être en contradiction avec les aspirations profondes des deux partenaires, car elle propose ainsi des limites à quelque chose qui est nécessairement illimité. « Partant des aspirations primordiales les plus puissantes de l’individu, écrit Benjamin Péret dans son texte peu connu mais tout à fait remarquable, Le Noyau de la comète (29) , l’amour sublime leur offre une voie de transmutation aboutissant à l’accord de la chair et de l’esprit, tendant à les fondre en une unité supérieure où l’une ne puisse être plus distinguée de l’autre. […] L’amour sublime représente donc d’abord une révolte de l’individu contre la religion et la société, l’une épaulant l’autre. »
Certes, en obligeant le couple à se soumettre à des règles, la société, quelle qu’elle soit, introduit donc des potentialités de transgression, ce qui peut déterminer bien des angoisses. En intégrant le couple dans la vie collective, pour éviter que se produise le retrait bien connu des « amoureux seuls au
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