Amours Celtes sexe et magie
monde », la société s’arrange pour lier les individus composant ce couple à des impératifs moraux ou matériels, créant ainsi, chez la femme surtout, des obligations : la femme aura donc tendance à limiter ses aspirations antérieures autrefois illimitées parce qu’il faut se rendre à l’évidence et avoir le sens des réalités , parce qu’il faut que la famille vive, parce qu’il faut que le foyer soit entretenu. Et de même que la société de consommation tient littéralement sous sa coupe tous les salariés d’une façon ou d’une autre, les deux individus qui composent le couple sont tenus en laisse et ne pourront jamais échapper à leur condition. C’est sur la famille, et par conséquent sur le couple régi et surveillé, que la société s’appuie, parce qu’elle veut être tranquille et que, pour ce faire, elle a tressé le filet qui l’enserre et placé des limites précises aux aspirations naturelles de l’amour.
Il apparaît bien que « si l’homme est un être social, c’est de toute évidence parce qu’il a le sentiment inné de son insuffisance individuelle dérivée de la condition humaine proprement dite. De là découle son angoisse. Il est ainsi porté, dès l’origine, à chercher hors de lui ce qui lui fait défaut puisque le besoin d’amour révèle en nous une dissociation » (Péret). On voit que tout cela est bien loin de la sexualité pure : il s’agit de tout autre chose, d’un dépassement de la fonction sexuelle. Bien sûr, l’amour est un sentiment né et bâti sur l’instinct sexuel, bien sûr l’amour se greffe sur une tendance vague de l’être, ce fameux « vague à l’âme » qui trouble les adolescents. Mais quand cette tendance rencontre l’objet qui semble lui répondre, alors la transformation s’opère, irrésistible, irréversible et comme incompréhensible aux deux sens du terme.
Il n’est même pas nécessaire de parler de sublimation. Il s’agit simplement d’une concrétisation, d’une réalisation de ce qui était auparavant une utopie. On commence alors à s’apercevoir de la force terrible que constitue l’amour, puisqu’en partant d’un instinct indifférencié, il parvient à cristalliser toutes les énergies de l’être en vue d’une action qui vise à la réalisation de la totalité de cet être, et de la totalité de l’autre, celui qui est en face et qui bientôt ne fera plus qu’un avec lui. « C’est à cette harmonie nouvelle qu’aspire l’Occident sans en avoir une claire conscience. De là vient que, dans notre monde, l’amour sublime reste asocial et parfois même anti-social, puisque ce monde, de nos jours, porte à son comble un dualisme dont il tire tout son pouvoir oppressif, perceptible jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne » (Péret).
Cet amour, qu’on l’appelle sublime , total ou libre , est le produit d’éléments très divers, dont la sexualité n’est pas le moins important. Il s’agit d’un sentiment, et le sentiment échappe naturellement à tout contrôle, à toute classification. La femme, notamment, grâce à son intuition sans doute plus développée que celle de l’homme, le comprend inconsciemment, de façon tout à fait naturelle.
Or dans un couple qui a des enfants ; la femme, lorsqu’elle est déçue dans ses aspirations, les reporte sur le ou les enfants. Elle prend alors conscience qu’elle est mère et elle ne pense plus qu’à son fils ou à sa fille qui, eux, du moins elle le souhaite, pourront réaliser ce qu’elle n’a fait qu’entrevoir. La tendresse de tous les parents envers leurs enfants et les espoirs qu’ils placent en eux ne sont en fait que le résultat de leurs propres frustrations. Et lorsque la femme, déçue par l’amour humain, éprouve le besoin de reporter cet amour sur quelque chose d’autre, quelque chose d’idéal et de parfait, elle devient mystique. Combien de prières de religieuses sont des hymnes d’amour, parfois d’une sensualité exacerbée, destinés à un dieu qui est Tout Amour, Toute Perfection, Toute Beauté.
Tout cela représente un déséquilibre, une insatisfaction, une déception. Il existe heureusement des légendes qui, d’une façon fantasmatique, comme le sont les rêves, parviennent à restituer, ne serait-ce que temporairement, la plénitude de l’amour. Ce sont en quelque sorte les « utopies » de l’amour, les espoirs d’une humanité qui cherche à concilier
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