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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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conscience du réel et qu’un amour fou l’embrasait pour elle. » En plus la femme féerique se met à chanter « un chant aux paroles incompréhensibles » et tous les témoins « sentirent en l’entendant leur cœur envahi d’un bonheur immense ». C’est ainsi qu’Oisin, fils de Finn mac Cool – qui pourtant avait aimé d’autres femmes –, saute sur le cheval blanc à la crinière ondoyante, prenant dans ses bras Niam aux Cheveux d’Or, et qu’il disparaît avec elle « à travers les arbres de la forêt. Et jamais plus, depuis ce jour, Finn ni les Fiana ne revirent Oisin. »
    On se trouve évidemment ici en plein délire féerique. Mais c’est encore bien pire dans un autre texte irlandais concernant le roi Conn aux Cent Batailles, souverain autant légendaire que mythique de l’Irlande païenne. Conn et son fils Condlé le Beau sont au milieu de leurs guerriers et de leurs serviteurs sur la colline d’Usnech, un des hauts lieux sacrés druidiques d’Irlande, dans le comté de Meath. Tout à coup, Condlé « aperçut une femme d’une grande beauté mais couverte d’étranges vêtements qui s’approchait d’eux. Parvenue devant lui, elle s’arrêta et le regarda fixement comme pour le dévorer des yeux. » Condlé lui demande qui elle est et d’où elle vient. Elle répond   : « De la Terre des Vivants, là où n’existent ni péché, ni faute, ni maladie, ni souffrance, ni mort. »
    Or le roi Conn ne voit pas la femme, mais entend ses paroles. Il demande à son fils qui lui parle, et c’est la voix qui lui répond   : « Il parle à une femme jeune, jolie, de noble race, que ne guettent ni la vieillesse ni la mort. Ô roi d’Irlande, sache que je suis éperdue d’amour pour Condlé le Beau, ton fils aîné. » Et la femme, s’adressant directement à Condlé, lui fait une déclaration d’amour d’une grande intensité poétique   : « Ô Condlé le Beau, toi qui as le col orné d’un torque d’or (36) , toi qui as les joues rouges comme la lumière d’un soleil couchant, toi dont la chevelure blonde comme les rayons du soleil au milieu de la journée encadre un visage de pourpre, ô toi, fleur étincelante de la beauté royale, sache que si tu y consens, ta beauté ne se flétrira jamais, sache que ta jeunesse et ta grâce resplendiront éternellement comme les fleurs de l’été dans une prairie sans défaut. »
    Il faut avouer que ce programme est bien tentant pour Condlé qui, dès l’apparition de la femme, a été saisi d’admiration, de désir et d’amour. Mais son père s’inquiète et fait appeler un druide pour lui demander de procéder à un véritable exorcisme. « Alors le druide chanta des incantations pour couvrir la voix et empêcher que plus personne ne l’entendit. À partir de ce moment, Condlé cessa même de voir la femme, mais en lui persistait l’image radieuse qu’elle lui avait présentée. Au surplus, avant de disparaître, elle lui avait jeté une pomme, et il s’en était saisi. Toute l’assistance put le constater, mais sans comprendre par quel miracle le fruit était apparu dans sa main. »
    Conn fait rentrer son fils dans la maison d’Usnech. Mais, pendant un mois, celui-ci « demeura sans boire ni manger. Il refusait toute autre nourriture et toute autre boisson que la pomme qui s’était retrouvée dans sa main. Et il avait beau la croquer chaque jour, loin de diminuer pour autant, elle demeurait intacte. Et cependant, plus il en mangeait, plus il sentait croître son désir pour la femme mystérieuse qu’il avait vue et entendue. Et il dépérissait à vue d’œil, ce qui n’allait pas sans chagriner et désespérer son père, le haut roi d’Irlande. » La pomme a évidemment une valeur symbolique, et elle rappelle bien sûr la « branche de pommier d’Émain » que Bran, fils de Fébal, reçoit dans sa main. En fait, Condlé, saisi d’un amour sublime pour la femme féerique, ne peut survivre que par elle.
    Mais cela ne peut pas durer ainsi. Un mois plus tard, Conn et Condlé sont au bord d’une rivière. Et tout à coup, « Condlé le Beau vit s’approcher, debout sur une barque en verre transparent qui glissait lentement sur les eaux, la femme aux étranges vêtements. Son visage resplendissait d’une telle lumière qu’il en fut ébloui. » La femme lui parle encore et l’invite à venir avec elle. Malgré les objurgations de son père et les incantations des druides, « Condlé s’élança et

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