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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Finalement, Cûchulainn, guéri de son étrange maladie, se décide à partir pour Mag Mell. Rencontrant la messagère aux vêtements verts qui lui souhaite la bienvenue, il manifeste envers elle une violente colère, l’accusant d’avoir jeté une malédiction sur lui. Elle tente de lui expliquer la situation   : « Souviens-toi du jour où tu dardas ton javelot contre les oiseaux blancs qui croisaient au-dessus de toi. Sais-tu qui ils étaient   ? Fand la belle et moi-même. Nous venions te prier de nous suivre en Terre de Promesse, afin d’aider le roi Labraid à la main agile sur son épée. En récompense, on t’aurait couvert d’or et d’argent, et tu aurais également obtenu Fand, l’épouse délaissée de Mananann. »
    Mais cela ne calme pas la colère du héros qui s’écrie   : « Qu’ai-je à faire d’elle   ? » Alors, la messagère lui dit   : « Elle a jeté son regard sur toi en raison des grandes prouesses que tu as accomplies. Au surplus, ton javelot l’a blessée à l’aile, c’est-à-dire au bras, et elle en porte encore la trace. Or cette plaie d’amour ne saurait se cicatriser que tu ne t’étendes aux côtés de ma sœur, sache-le.  » C’est donc en quelque sorte contraint et forcé que Cûchulainn va suivre la messagère. Dans la « Terre de Promesse », il accomplit de nombreux exploits, bien qu’il soit constamment contrecarré par la Morrigane, cette femme des Tuatha Dé Danann, sorte de déesse de l’amour et de la guerre qui, étant amoureuse du héros, est nécessairement jalouse de l’amour que lui porte Fand. Mais rien n’y fait   : « Cette nuit-là, Cûchulainn dormit avec Fand, fille d’Aed Abrat, et il demeura un mois auprès d’elle. »
    Il éprouve cependant le désir de retourner en Ulster. Fand lui donne congé à condition qu’ils puissent se rencontrer de nouveau aussi souvent qu’elle le désire. Or la Morrigane, toujours aussi jalouse, excite la jalousie d’Émer, la femme de Cûchulainn, et celle-ci, au courant d’un de leurs rendez-vous, s’y rend elle-même avec ses compagnes, dans l’intention de tuer sa rivale. Après des pleurs et de longs discours, Cûchulainn choisit de revenir vers Émer et abandonne Fand qui, toujours remplie de son fol amour, verse d’abondantes larmes en des chants qui sont d’une grande beauté et d’une intense mélancolie   :
     
    Pour moi, c’était une chose naturelle,
    même si l’intelligence d’une femme est faible,
    que d’aimer un homme que j’ai choisi
    parmi la multitude des héros.
    Adieu à toi, beau Chien (32) ,
    ce n’est pas par plaisir que je me sépare de toi,
    et si l’on n’obtient pas ce que l’on désire,
    il est toujours possible de s’enfuir…
     
    Pour terminer dignement – et moralement – cette histoire d’amour somme toute assez pathétique, Mananann agite son manteau magique entre les deux amants, ce qui fait qu’ils oublient tout ce qui s’est passé entre eux. Ce qu’on peut retirer de ce récit, c’est encore une fois le rôle de la femme, qui jette son dévolu sur un homme et qui est prête à tout pour parvenir à ses fins. Et il y a certes bien d’autres exemples de ces provocations féminines, qui réapparaissent sporadiquement dans certains contes populaires d’Europe occidentale, provocations qu’on pourrait juger indécentes, mais qui, par leur fréquence, prouvent qu’elles faisaient partie intégrante du comportement normal de la femme chez les anciens peuples celtes.
    Ces exemples viennent d’ailleurs d’en haut, car leurs protagonistes sont généralement des femmes féeriques, pour ne pas dire des divinités féminines dont l’image, quelque peu détériorée, s’est conservée dans la mémoire collective. Il en est ainsi dans l’un des plus anciens textes gaéliques d’Irlande, La Navigation de Bran, fils de Fébal , étrange récit qui, une fois christianisé, a donné naissance à l’extraordinaire Voyage de saint Brendan à la recherche du Paradis , œuvre bien connue et largement diffusée pendant tout le Moyen Âge dans la plupart des pays européens.
    Le héros de l’aventure est un petit roi de tribu irlandais, Bran, fils de Fébal, qui n’apparaît dans aucun autre récit épique. « Un beau jour du début de l’été, Bran se promenait seul sur la prairie qui s’étendait au bas de sa forteresse. Le soleil brillait, la brise soufflait, légère. Tout à coup, Bran entendit de la musique derrière lui. Il se

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